Au début des années 2000, plusieurs criminels ont cru ou prétendu avoir agi en étant persuadés de vivre dans la même réalité simulée que celle mise en scène dans le film Matrix, sorti en 1999. Devant les tribunaux, ils ont affirmé pour leur défense que leurs crimes n’avaient pas été commis dans le monde réel, comme l’avait alors rapporté CNN. Le cas de Tonda Lynn Ansley est parlant. En juillet 2002, cette Américaine de 37 ans, vivant dans l’Ohio, tire plusieurs balles dans la tête de Sherry Lee Corbett, professeure à l’université de Miami et propriétaire d’une maison que louait Ansley. Arrêtée immédiatement car ayant agi en pleine journée devant une foule de témoins, la femme est interrogée par la police. C’est alors qu’elle déclare avoir agi en état de légitime défense face à une propriétaire qui, dans sa réalité virtuelle, était impliquée dans une conspiration visant à la manipuler pour la maintenir sous contrôle de la simulation, allant jusqu’à « envahir ses rêves », et dont le but final était de la tuer… Ansley a été déclarée non-coupable pour cause de démence. En septembre de la même année à San Francisco, Vadim Mieseges a lui aussi assassiné sa propriétaire, d’un coup de hache cette fois. Il affirmait avoir été « aspiré dans la Matrice ». Puis en février 2003, Joshua Cooke, un fan de Matrix âgé de 19 ans, a tué ses deux parents et présenté la même défense. Et ce ne sont là que des exemples d’un phénomène plus vaste. Pour David Siegel, professeur à la New England School of Law, ce genre de défenses basées sur une soi-disant « réalité simulée » n’a pas débuté avec Matrix. Il expliquait à l’époque à CNN que dans Taxi Driver, sorti en 1981, le personnage joué par Harvey Keitel justifiait sa tentative d’assassinat de Ronald Reagan par sa volonté d’attirer l’attention du personnage joué par Jodie Foster. Il affirmait déjà que la frontière entre réalité et imaginaire avait été brouillée dans son esprit par sa fascination pour la jeune étudiante. Reste qu’il s’agissait là de la défense d’un personnage de fiction. Dans le cas d’hommes et de femmes bien réels, vraisemblablement dérangés, la simulation proposée par Matrix a fourni un mobile tout trouvé pour se laisser aller à commettre des crimes dans la réalité. Source : CNN