L’histoire du magicien américain Washington Irving Bishop est si ironiquement tragique qu’elle aurait pu être écrite par Woody Allen. Mentaliste de renom, Bishop fit le tour du monde pour présenter ses numéros époustouflants reposant sur ses prétendues capacités psychiques. Comme tout professionnel de la magie, Bishop n’avait bien entendu aucun pouvoir surnaturel, mais un talent inné pour analyser et comprendre le langage corporel. Né en 1855, il souffrait toutefois de crises de catalepsie qui le plongeaient parfois dans un état de parfaite immobilité et d’inconscience prolongée qui pouvait durer jusque 18 heures après les premières manifestations. Lorsqu’il voyageait, il transportait donc systématiquement sur lui une note expliquant sa pathologie pour que ses symptômes ne fussent pas confondus avec ceux d’un décès. Il semblerait que tout le monde n’eût pas pris le temps de la lire. Le 12 mai 1889, alors que Bishop réalisait un numéro sur la scène du club new-yorkais Lambs, il fit une énième crise devant les spectateurs. Il parvint à se reprendre rapidement et poursuivit tant bien que mal son spectacle, mais seulement pour souffrir d’une seconde attaque. Il fut déclaré mort et emmené à la morgue dans la foulée. Trois heures plus tard, deux médecins, les Dr Irwin et Dr Ferguson, se penchèrent sur le mystère de son décès, mais sans l’accord préalable de la police. Ils ouvrirent alors ce qu’ils pensaient être le cadavre de Bishop et retirèrent son cerveau de sa boîte crânienne pour l’examiner. Quand sa femme arriva sur les lieux, elle hurla : « Ils ont tué mon mari ! » Une seconde autopsie fut réalisée quelques jours plus tard, mais ne révéla aucune anomalie expliquant le décès de Bishop autre que la possibilité qu’il eut succombé à l’autopsie elle-même. Pourquoi diable les médecins ne lurent-ils pas la note avant de prononcer le décès du magicien ? Pourquoi son corps fut-il autopsié si rapidement et sans l’accord de la police ? Ces questions occupèrent les autorités et l’opinion publique des années après la tragédie. Et la mère de Bishop n’eut de cesse pendant trente ans de chercher des réponses et de demander des comptes aux médecins… sans grand résultat. Sur les documents officiels, la cause officielle du décès de Bishop demeure : « hystéro-catalepsie ». 
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