Crédits : Matt Velazquez Malgré leur réputation de travailleuses acharnées s’agitant dans tous les sens, près de la moitié des fourmis ouvrières brasserait du vent à longueur de journée. Un article de recherche publié par trois chercheurs dans Plos One le 6 septembre sous le titre « Qui a besoin d’ouvriers paresseux ? » lève le voile sur l’oisiveté de 40 % des fourmis ouvrières, et y propose des explications. Qui ne s’est jamais extasié devant la quantité de travail abattue par ces insectes, transportant des morceaux de sucre trois fois plus gros que leurs minuscules corps, ou avançant masquées par un gros bout d’herbe ? Et pourtant : en 2015, deux biologistes de l’université d’Arizona, Charbonneau et sa tutrice doctorale Anna Dornhaus, publiaient des premiers résultats montrant qu’environ 40 % des fourmis ouvrières ne faisait rien de leurs journées – proportion susceptible de varier selon les espèces, les colonies et les saisons. En analysant des vidéos, les chercheurs avaient pu identifier quatre catégories au sein d’une colonie de fourmis ouvrières : les foreuses qui font tout le boulot, les nourrices qui couvent les œufs, les marcheuses qui errent à droite à gauche autour du nid, et surtout les paresseuses, totalement inactives. Réalisée sur l’espèce de fourmis Temnothorax rugulatus, l’étude ne pouvait néanmoins pas encore apporter d’explications empiriques à ce phénomène. Les deux chercheurs, accompagnés d’un troisième biologiste d’Oxford, viennent de publier un nouvel article qui éclaire les raisons de cette paresse. La nature étant plutôt bien faite, ces fourmis auraient tout de même une petite utilité, selon les expériences des chercheurs : d’une part, elles jouent un rôle de réserve de main d’œuvre, remplaçant les forces productives décédées. En retirant les 20 % de fourmis les plus actives, les biologistes ont en effet constaté qu’elles étaient rapidement remplacées par d’anciennes paresseuses. Autre hypothèse de Charbonneau, les fourmis paresseuses pourraient remplir une fonction de garde-manger : le biologiste a en effet observé que leur abdomen était particulièrement distendu. Reste néanmoins à déterminer si cette caractéristique morphologique est cause ou conséquence de leur inactivité. Par ailleurs, lorsqu’on retire les 20 % de fourmis les moins actives, aucun turn over ne se produit pour les remplacer. Les paresseuses semblent donc avant tout être un stock de force de travail, mais leur utilité demeure limitée et potentielle. Déjà pas prêteuse, la fourmi peut aussi être une grosse flemmarde ! Sources : Plos One et Phys.org