Canopy

C’est l’heure de pointe en ce matin de la mi-mai. Bruce Linton, le CEO de la plus grande entreprise productrice de marijuana légale du monde est assis au volant d’une Dodge Charger de location. Il fait route vers le sud, quittant les embouteillages de Toronto pour retrouver les vignobles de l’Ontario. Il maintient le compteur à 120 km/h, excepté quand des camions ou d’autres voitures se dressent sur sa route. L’entrepreneur de 49 ans presse alors l’accélérateur. 2016-dodge-charger-sxt-awdIl n’est pas encore 8 heures, mais Linton est déjà debout depuis quatre heures. Il a laissé sa femme dormir et a quitté en silence le quartier d’Ottawa où il vit, qui accueillait autrefois l’équipe de hockey des Sénateurs d’Ottawa et le reste des nouveaux riches de la ville. Il a commencé sa journée en faisant les cent pas dans sa maison plongée dans l’obscurité, faisant halte près de sa piscine pour envoyer une douzaine d’emails. Puis il s’est rendu à l’aéroport où il a pris l’avion pour Toronto. Je suis monté dans la voiture peu après sept heures et depuis, je le harcèle de questions. Les yeux de Linton font des allers-retours entre la route et le siège passager, sur lequel je prends note de ses paroles dans un carnet. Il attend que j’aie fini d’écrire pour reprendre. « Si vous voulez vraiment tout noter, ça va prendre un livre entier », dit-il. Il enchaîne en me racontant comment lui et une petite équipe de geeks de la tech et du droit ayant leurs entrées à Bay Street, le centre du quartier financier de Toronto, ont fait d’une usine abandonnée du chocolatier Hershey’s la plus grande plantation de cannabis de la planète.

À présent, ils signent des contrats avec des industriels allemands, des horticulteurs australiens, des fabricants de sex toys du Colorado et des stars californiennes. Tout cela fait partie d’un match serré qui, s’ils le remportent, placera Linton et ses associés à la tête d’une entreprise valant des milliards lorsque la marijuana sera légalisée au Canada. L’aiguille frôle les 130 km/h alors que Linton dresse le portrait d’un futur où le Canada supplantera Israël en tant que leader de la recherche cannabinoïde et les Pays-Bas en tant que patrie culturelle de l’exportation de marijuana. C’est un rêve ambitieux, pour sûr, mais il insiste sur le fait qu’il est en train de se réaliser. Son entreprise – Canopy Growth Corp. – dont le siège est situé à Smiths Falls, dans l’Ontario, a trois ans cette année et prend de plus en plus la forme d’un conglomérat national du cannabis. Au moment où nous parlons, Linton est en pleine négociation pour commercialiser les variétés à haute teneur en cannabidiol (CBD) qu’il cultive à Scarborough sous forme de pilules et d’huile dans les pharmacies du pays. Mais son projet le plus inspiré est celui qu’il développe autour du tétrahydrocannabinol (THC) extrait de l’herbe qu’il fait pousser dans sa serre de Niagara-on-the-Lake. C’est un plan en deux étapes. D’abord, il laissera aux consommateurs le temps de s’habituer à voir ses différentes variétés de marijuana en vente dans les boutiques où ils ont l’habitude d’acheter leur alcool. Puis il sortira une gamme de boissons au cannabis. Linton imagine un futur dans lequel le THC sera l’un des principaux ingrédients des boissons que les générations futures considéreront comme haut de gamme. Les boissons gazeuses au THC sont déjà disponibles illégalement, et les gens infusent leur alcool avec du cannabis à la maison depuis longtemps. Linton va apporter l’idée au grand public et défier l’establishment en produisant une des boissons d’un nouveau genre. La plupart des gens pensent encore que la weed doit être fumée, ou mélangée à la nourriture pour les plus aventureux. Linton veut démontrer qu’elle peut être bien plus que cela.

12654495_1105010386195926_1230206279926084245_n

Bruce Linton
Crédits : Tweed

Peu avant 9 heures, nous commençons à voir des panneaux indiquant la frontière des États-Unis. « On est en avance », dit Linton. « Allons prendre un petit-déjeuner. » Il quitte l’autoroute et fait un détour par le drive d’un restaurant McDonald’s. Il commande un grand café et deux burritos pour lui, une formule McMuffin et œuf pour moi. Nous nous posons sur le parking. Entre deux bouchées de burrito dégoulinant de sauce, Linton fait remarquer combien il est rare d’assister à la naissance d’une industrie, surtout lorsqu’elle est basée sur un produit déjà connu qui possède un marché pré-établi. Rien qu’au Canada, cette drogue est consommée par environ sept millions de personnes issues de plusieurs générations. Linton est déterminé à toucher le plus grand nombre de gens possible et à investir le marché international. « Il y a trois ans, je ne connaissais rien à la culture du cannabis », confesse-t-il. « Aujourd’hui, je suis le CEO de la plus grande plantation dont l’adresse est publique. »

Par moments, Linton sonne moins comme un réformiste des lois antidrogue que comme un monopoleur en devenir. On le critique parfois pour ça, mais il n’a pas l’air de s’en soucier. Le paysage culturel et politique qui entoure la marijuana change rapidement, et Linton plus qu’aucun autre semble prêt à en profiter. Le gouvernement Trudeau a promis de faire ce que seul l’Uruguay a osé faire jusqu’ici : lever l’interdiction de cultiver, de vendre et de consommer de la marijuana à des fins récréatives dans tout le Canada. L’entreprise de Linton – et son pays – s’apprête à devenir le fer de lance d’un mouvement global. « Le cannabis est en passe de devenir le grand disrupteur de notre époque », dit-il. « Quand les marchés récréatifs vont commencer à s’ouvrir, l’industrie va connaître un boom extraordinaire. Nous avons trois ou quatre ans d’avance sur le reste du monde, mais nous devons nous assurer de la conserver. » Il roule en boule l’emballage de ses burritos et le jette dans le sac à mes pieds, avant de détacher les autocollants « café gratuit » de nos deux gobelets et de les coller à l’arrière de son BlackBerry. « J’adore les entreprises qui ont des programmes de fidélité », dit-il. Il redémarre le Charger et me demande : « Tu es prêt à voir la Ferme ? »

~

Il est ironique que le Canada soit à deux pas de devenir un des pionniers de la légalisation du cannabis. Le pays fut l’un des premiers à criminaliser l’herbe, en la déclarant illégale 14 ans avant que les États-Unis ne promulguent le Marihuana Tax Act de 1937, pour en interdire l’usage. 35 % des Canadiens sont encore en faveur de la criminalisation de la marijuana.

ulyces-canopygrowth-01

Une salle de l’usine de Tweed
Crédits : Tweed

Les êtres humains consomment du cannabis depuis au moins 5 000 ans. La plante viendrait d’Asie centrale, où les Chinois l’utilisaient à des fins médicales. Elle apparaît dans les écrits d’Hérodote, qui décrivait les nomades eurasiens consumant la « graine de chanvre » dans leurs bains de vapeur pour se laisser envahir par la joie. Elle fut importée dans les Amériques par les Espagnols quelques temps avant la venue de Christophe Colomb. George Washington, Thomas Jefferson et John Adams en faisaient tous les trois fait pousser. Le Canada a élaboré sa première loi antidrogue en 1908. La première substance à avoir été prohibée était l’opium qui, à cette époque, était fumé dans des bouges sordides et disponible sous forme de pilules et de liquide dans toutes les pharmacies du pays. Les citoyens canadiens ont entendu parler d’une « nouvelle menace » pour la société – la « marahuana » – pour la première fois en 1920 grâce à Emily Murphy, suffragette célèbre et première femme magistrate du Canada. Ses tribunes publiées dans le magazine Maclean ont contribué à la psychose nationale envers la drogue, alimentée principalement par le racisme à l’encontre de la communauté asiatique de Colombie-Britannique.

Trois ans plus tard, la marijuana était ajoutée à la liste des drogues illégales du Canada. On n’a trouvé aucune preuve que quiconque fumait de la weed sur le sol canadien en ce temps-là. Ce n’est que neuf ans plus tard que la police a réalisé la toute première saisie de cigarettes de marijuana. À l’époque, l’interdiction de l’alcool au Canada avait été levée et les trafiquants de rhum qui avaient profité du commerce illégal de l’alcool comptaient parmi les plus riches entrepreneurs du pays. Ils avaient fait fortune en organisant la contrebande vers les États-Unis, où l’alcool est resté interdit jusqu’en 1933.

6a00d8341bfae553ef01bb08842840970d

Une affiche de la campagne du Parti libéral canadien

Linton et les autres espèrent voir l’histoire se répéter. C’est pendant ces années où l’alcool était légal au Canada mais illégal aux États-Unis que l’entreprise Seagram de Montréal est devenue la plus grande distillerie du monde. Et c’est justement l’envie de devenir le Seagram de la weed qui motive Linton. À son zénith, Seagram était un acteur majeur d’un large éventail d’industries allant de l’alcool au films, en passant par les parcs d’attractions et le pétrole brut. Linton est convaincu que sa société a le potentiel d’être tout cela et plus encore. Fondée au début de l’année 2013, Canopy (d’abord connue sous le nom de « MABH Ontario Inc. ») est l’idée de Linton et d’un homme du nom de Chuck Rifici, qui a longtemps été le CFO du Parti libéral canadien. Il n’est pas évident de savoir auquel des deux revient le plus de mérite, mais leur idée semble être née après qu’ils ont entendu parler d’une possible réforme de la législation du pays sur la marijuana médicale. À l’époque, en juin 2013, Santé Canada a annoncé dans une tentative de moderniser le système qu’il allait privatiser le marché. Le ministère offrait une poignée de licences aux Canadiens cherchant à démarrer leurs propres plantations.

En décembre 2013, MABH Ontario Inc. – rebaptisée Tweed Marijuana Inc. – employait cinq personnes et était au sommet de la pile des producteurs attendant leur licence pour commencer la vente. Un mois plus tard, ils ont reçu le feu vert. Trois mois après, Tweed est devenu le premier producteur de marijuana a être coté au TSX Venture Exchange. D’un jour à l’autre, sa valeur sur le marché a bondi jusqu’à 89 millions de dollars – ils n’avaient pas encore vendu un seul gramme. 17 mois plus tard, ils comptaient 6 000 clients, avaient avalé un de leurs plus sérieux concurrents – la société de marijuana médicale Bedrocan, qui opère dans l’usine de Scarborough – et adopté son nom actuel : Canopy Growth.

La Ferme

La Ferme, comme l’appelle Linton, est une serre de plus de 100 000 m² située à Niagara-on-the-Lake, à une dizaine de minutes de la frontière étasunienne. Quand Linton et son entreprise l’ont achetée en juin 2014, ce n’était qu’un bâtiment de verre désert dont le sol servait auparavant à la culture d’aubergines. À présent, il s’agit de la plus grande usine de marijuana du monde. Elle fonctionnait à 20 % de sa capacité en 2015, mais ils l’ont ensuite réagencée en prévision d’une récolte totale cet été. Linton a ordonné que la serre toute entière serve à la culture du cannabis pour s’assurer que la centaine d’employés travaillant à la Ferme étaient suffisamment nombreux pour gérer la production. Sa directive est tombée après une déclaration de la ministre de la Santé canadienne Jane Philpott le 20 avril dernier. Elle a pris la parole durant l’Assemblée générale des Nations Unies à New York et promis de légaliser la marijuana au Canada d’ici le printemps 2017. Maintenant que la légalisation du marché récréatif a une date butoir, Linton pense qu’il est crucial que Canopy Growth fonctionne au maximum de sa capacité actuelle et produise 15 500 kilos de têtes par an. Mais, s’ils veulent maintenir leurs 27 % de parts du marché médical canadien, actuellement évalué à 100 millions de dollars, l’entreprise devra acquérir plus d’espace pour ses cultures et s’approprier une part équivalente du marché récréationnel estimé pour le moment à 10 milliards de dollars.

ulyces-canopygrowth-02

Le siège de l’entreprise
Crédits : Tweed

Linton gare le Charger devant ce qui ressemble à une grange en acier – il s’agit en réalité d’un bureau en open space construit sur le côté de la serre. « Je vais vous faire la même visite que quand je reçois un investisseur », dit-il. Il enfile ensuite une blouse avant de me tendre deux charlottes – une pour mes cheveux, une pour ma barbe. Il presse son pouce contre un scanner biométrique et déverrouille la porte de la serre immense. « Si vous regardez attentivement d’un bout à l’autre », dit-il en plaisantant alors que j’observe les botanistes et les biotechniciens qui s’affairent au loin, « vous pouvez apercevoir la courbure de la Terre. » Proportionnellement à ses dimensions, la serre donne l’impression d’être vidée de ses plants. Linton ouvre grand les bras et déclare : « D’ici la Fête du Canada, cet endroit sera rempli d’herbe. » Puis il s’avance jusqu’à un drap de plastique blanc, tendu entre des tuyaux d’irrigation et une étendue de ventilateurs à haute puissance. « Si nous revenions ici dans quelques mois et que nous nous tenions exactement où nous sommes aujourd’hui, vous ne pourriez plus me voir. » Il me révèle alors un autre aspect de son plan : « Nous allons faire pousser des plants de marijuana expérimentaux », dit-il, expliquant que l’idée lui a été soufflée par un spécialiste de la propagation de culture tissulaire engagé par la compagnie. « Avec des troncs épais, dans des pots de 170 L. Ils vont ressembler à des chênes. Personne, à notre connaissance, n’a jamais essayé de voir jusqu’où il était possible de faire pousser ces choses. » Peu après 11 heures, Linton jette un œil à son BlackBerry. « Il faut qu’on se remette en route », dit-il. Il a rendez-vous avec une grande entreprise pharmaceutique de Toronto et ne veut pas être en retard.

~

Je retrouve Linton quelques jours plus tard sur la mezzanine de sa chocolaterie reconvertie à Smiths Falls, dans l’Ontario, une petite ville située à une heure de route d’Ottawa. Contrairement à la Ferme, où les plants de marijuana sont bercés par la lumière du soleil, ce qui pousse dans la seconde usine le fait sous lampes fluorescentes. L’usine sert de siège à l’entreprise depuis août 2013, quand Rifici et Linton ont écarté les toiles d’araignées des portes d’entrée, chassé les rats de la machinerie et sauvé le bâtiment de la démolition. Des reliques abandonnées de son précédent propriétaire, Hershey’s, sont fièrement exposées aux murs. Des publicités vintage pour d’antiques pastilles pour la toux et des galettes au beurre de cacahuètes décorent les étagères chargées de vaporisateurs haut de gamme et de bocaux de marijuana médicale vides.

2fvqhgj

Un des produits de Tweed
Crédits : Tweed

Il est un peu plus de midi et Linton est penché sur la liste de choses à faire qu’il a rédigée sur un Post-it. La première tâche était d’imprimer un devoir à la maison pour un de ses fils. Il se prépare à présent pour la tâche numéro quatre, « Audit de fraude avec Deloitte » et la cinquième, toute aussi intrigante, « Réunion avec les mecs du sexe du Colorado ». Linton m’invite à entrer dans son bureau, sur la porte duquel est affichée une plaque « Mr. Wonka ». Il boit une gorgée d’eau à la bouteille et commence à composer un numéro sur son téléphone. Il est en ligne avec les propriétaires d’une société de fabrication de sprays sexuels du Colorado, qui se présentent comme les experts de l’ « aphrodisiaque thérapeutique » au cannabis. Ils se construisent une niche en vendant « le premier lubrifiant personnel infusé à la marijuana, pour le plaisir de madame ». Une heure plus tard, Linton a fini de négocier les contours d’un accord de licence qui lui permettra de vendre la gamme de produits de l’entreprise du Colorado – qui inclut des suppositoires supposés apaiser les douleurs menstruelles et booster le plaisir sexuel. Ni lui, ni eux ne savent encore à combien estimer ce deal. Malgré tout, sexe et weed semble faire bon ménage – du moins dans l’esprit des Américains – et Linton veut sa part du gâteau au cas où ils auraient raison. Après avoir raccroché, il se lève de sa chaise dans un sursaut d’énergie nerveuse et lance : « C’est la partie la plus excitante de tout ça ! » « Le spray sexuel ? » « Les gens commencent à peine à s’apercevoir de tout ce qu’il est possible de faire avec ce produit. On ne se contente pas de faire pousser de l’herbe. On cultive des cannabinoïdes. »

Il y a 211 ans, les scientifiques ont extrait pour la première fois la morphine de l’opium et ont commencé à l’employer pour des usages médicaux – un tournant historique dont Linton est convaincu qu’il pourrait se répéter avec la marijuana. « Qui fume encore de l’opium aujourd’hui ? » demande-t-il. Linton est persuadé que ses plantations seront bientôt utilisées comme une sorte d’opioïde léger, une alternative moins addictive, moins dangereuse et en salvatrice aux 20 millions de prescriptions d’antidouleurs à base d’opioïdes émises au Canada chaque année.

La compréhension clinique du cannabis est encore limitée.

Il ouvre une autre bouteille d’eau et barre deux tâches de sa liste. Il est déjà en retard pour son prochain appel, avec des administrateurs de fonds de Bay Street. Il veut être partenaire d’une grande entreprise et d’universités canadiennes dans un laboratoire scientifique indépendant, pour récolter des données sur les effets de la marijuana. Ils enquêteront sur les bienfaits du cannabis sur les commotions, et il voit déjà le laboratoire produire des pilules cannabinoïdes pour aider les gens à dormir. « C’est la prochaine étape logique », dit-il. « Tout ce dont on a besoin, c’est de cinq millions de dollars pour commencer. » Linton prépare quelque chose, et tout le monde en est conscient durant le call. Tous les arguments en faveur des vertus médicales de la marijuana sont basés sur des cas anecdotiques. Malgré cela, les médecins la prescrivent déjà au Canada pour toutes sortes de choses, des douleurs chroniques à l’épilepsie chez les enfants. La compréhension clinique du cannabis est encore limitée, en grande partie parce que de nombreux pays considèrent encore qu’elle présente un fort risque d’abus et aucun usage médical reconnu. Même si un universitaire canadien faisait partie de l’équipe internationale qui a établi la cartographie génétique de la plante, la recherche la plus significative en la matière vient d’Israël.

En 1963, un chimiste organique du nom de Raphael Mechoulam a examiné cinq kilos de haschisch marocain saisi par la police. Il a inoculé chacun de ses composants chimiques à un groupe de singes agressifs. Lorsque les singes ont commencé à se calmer, il a su qu’il venait de trouver l’ingrédient psychoactif qu’il recherchait depuis longtemps. Un ingrédient appelé THC. https://www.youtube.com/watch?v=bOPOVj-Jwgg Mechoulam a isolé un autre cannabinoïde bien connu de son matériau d’étude : le cannabidiol (CBD), un ingrédient non-psychoactif qui semble avoir un plus grand potentiel pour soulager la douleur. Les études suivantes ont découvert plus de 70 cannabinoïdes différents dans l’herbe, dont chacun peut donner naissance à une variété unique dont l’apparence et l’odeur diffèrent beaucoup les unes des autres. Chaque variété contient un degré différent de ces cannabinoïdes et affectent les êtres humains de différentes façons. Les variétés concentrées en CBD – les plus communément produites à partir de la petite plante hirsute Cannabis indica – ont tendance à rendre le consommateur détendu et somnolent. Ces types de marijuana sont les plus couramment prescrits pour leur vertu médicinale. Mais ce sont les variétés concentrées en THC, qui viennent du Cannabis sativa, une plante bien plus grande, qui procurent les meilleurs trips – on se les procure généralement dans des rues mal fréquentées. Pour Linton, la difficulté réside dans le fait de vendre son produit à tous ceux qui veulent juste se relaxer avec du cannabis, sans compromettre la crédibilité médicale de l’entreprise. Pour y parvenir, il a décidé de séparer les deux activités. La partie médicale revient à la charge de Bedrocan, les producteurs de cannabis médicale. Il a laissé la partie récréative à un avocat de Cambridge qui connaît assez bien Snoop Dogg pour savoir qu’on ne l’appelle jamais par son nom de naissance.

LISEZ ICI LA SUITE DE L’HISTOIRE

COMMENT CANOPY GROWTH EST DEVENU LE PLUS GROS PRODUCTEUR DE WEED DU MONDE

ulyces-canopygrowth-couv01


Traduit de l’anglais par Nicolas Prouillac et Arthur Scheuer d’après l’article « The Big Smoke », paru dans The Walrus. Couverture : Dans le laboratoire de Tweed. (Tweed)