Cette story a été mise à jour le 14 novembre 2017.

« Un monde s’effondre devant nos yeux. » Sur Twitter, ce mercredi 9 novembre 2016, Gérard Araud ne cache pas sa stupeur. Maintenant que l’élection de Donald Trump est acquise, peu avant une heure du matin, l’ambassadeur français aux États-Unis est pris d’un « vertige ». Avec lui, des milliers d’internautes mettent 140 caractères sur leur malaise. Trois minute plus tard, un message au ton moins déçu est envoyé en privé via le réseau social. « Wow », reçoit le fils du nouveau président américain, Donald Trump Jr. Celui qui a tapé ces trois lettres sur son clavier n’est pas un soutien officiel des Républicains. Il gère au contraire le compte d’une organisation qui se veut indépendante : WikiLeaks. Un an plus tard, lundi 13 novembre 2017, le magazine américain The Atlantic lève le voile sur la correspondance entre le site de Julian Assange et l’équipe de campagne du milliardaire. Entretenue de septembre 2016 à juillet 2017, elle est dans les mains de la commission sénatoriale qui enquête sur une présumée « ingérence russe » au cours de l’élection présidentielle. WikiLeaks est suspecté par les parlementaires américains qui épousent les vues de la communauté du renseignement d’avoir aidé Moscou à perturber le scrutin.

Julian Assange derrière la fenêtre de l’ambassade
Crédits : Ben Stansall

Le temps où il révélait au public les sanglantes bavures de l’armée la plus puissante au monde pendant les guerres d’Afghanistan et d’Irak semble bien loin. À l’époque, en 2010 et 2011, Julian Assange, était un homme libre, sur le point de devenir une star internationale et d’incarner la liberté de la presse à travers le monde. De très nombreux dons financiers affluaient vers WikiLeaks, qui travaillait alors main dans la main avec des journaux prestigieux comme le New York Times et le Guardian. Aujourd’hui, ces mêmes publications l’accusent d’avoir fait campagne pour Donald Trump. Quant à Julian Assange, sous le coup d’un mandat d’arrêt européen suite à une affaire d’agression sexuelle en Suède, il vit confiné dans l’ambassade de l’Équateur à Londres depuis juin 2012 pour éviter une extradition. Beaucoup de ses amis lui ont tourné le dos et plusieurs témoignages lui prêtent d’importants problèmes de santé. « Passer cinq ans entre les murs de ce petit bâtiment est une forme de torture physique et mentale », confirme l’un de ses avocats, Per Erik Samuelson. Dans de telles conditions, WikiLeaks a-t-il encore les moyens de faire trembler le pays le plus puissant du monde ?

Les campagnes

À première vue, tout oppose l’Américain Donald Trump et l’Australien Julian Assange. Ce dernier a créé le site WikiLeaks pour, d’une part, promouvoir le droit à la vie privée des citoyens et, d’autre part, divulguer les secrets des pouvoirs publics. Il a vivement dénoncé l’existence de la prison de Guantánamo et pris la défense de toutes sortes de lanceurs d’alerte. De Daniel Ellsberg, qui a fourni des documents top secrets sur la guerre du Viêt Nam, à Edward Snowden, qui a révélé plusieurs programmes de surveillance de masse, en passant bien sûr par ses propres sources, comme Chelsea Manning. Aujourd’hui emprisonnée, cette ancienne analyste de l’armée américaine est notamment à l’origine de la fuite de la vidéo montrant un hélicoptère Apache abattre des civils et deux reporters de l’agence britannique Reuters à Bagdad, en 2007. Donald Trump, lui, a suggéré de « fermer » Internet et de faire de Guantánamo une institution à la fois permanente et élargie. Il a aussi qualifié Edward Snowden de « menace » et de « traître », semblant alors préconiser son exécution : « Vous savez ce que nous faisons des traîtres, n’est-ce pas ? »

Pourtant, Donald Trump « adore » WikiLeaks – il l’a clamé haut et fort lors d’un meeting en Pennsylvanie le 10 octobre 2016. Et pour cause : WikiLeaks a révélé des informations compromettantes sur son adversaire Hillary Clinton tout au long de la dernière campagne présidentielle américaine. Le 22 juillet 2016, le site a commencé à publier des emails du Comité national démocrate, prouvant que le parti l’avait favorisée au détriment de Bernie Sanders pendant la primaire. Puis, le 20 septembre, il a discrètement pris langue avec le fils aîné de Donald Trump. « Le comité d’action politique anti-Trump, putintrump.org, est sur le point d’être créé », confiait le compte Twitter de WikiLeaks à Donald Trump Jr. Surnommé PAC pour « political action comitee », ce type d’organisations américaines a pour but d’aider ou d’entraver des élus, voire des candidats. Le PAC en question avait été « recyclé à partir d’un PAC pro-guerre en Irak », poursuivait le message. « Nous en avons deviné le mot de passe. C’est « putintrump ». Jetez un œil à la section « À propos » pour savoir qui est derrière. Un commentaire ? » Une douzaine d’heures plus tard, le fils du milliardaire se montrait intéressé : « En off, je ne sais pas de qui il s’agit mais je vais demander autour de moi. Merci. »

À près d’un mois de l’élection présidentielle, le 3 octobre, WikiLeaks s’est à nouveau manifesté. « Ce serait super si vous pouviez commenter/faire remonter cette information », suggérait le compte Twitter en renvoyant vers une citation attribuée à Hillary Clinton. « Ne pouvons-nous pas juste envoyer un drone sur ce mec ? » aurait demandé la candidate démocrate en parlant de Julian Assange. L’article qui lui prête ces mots a été partagé, a répondu Donald Trump Jr. « Déjà fait, c’est incroyable ce qui peut lui être passé. » Le 7 octobre, WikiLeaks a commencé à publier des emails provenant de l’ordinateur de John Podesta, le responsable de la campagne d’Hillary Clinton. Par l’intermédiaire de son compte Twitter, le site venait d’inviter l’équipe de son adversaire à les propager.

Extrêmement embarrassés par leur contenu, les Démocrates ont répliqué en présentant Julian Assange comme un pantin de Vladimir Poutine, déterminé à faire élire Donald Trump. Une théorie niée par les principaux intéressés, mais étayée par différents rapports des services de renseignement américains, qui affirment que la Russie a piraté le parti démocrate et fourni les fameux emails à WikiLeaks pour influer sur le résultat de l’élection. « Les renseignements ont menti sur la présence d’armes de destruction massive en Irak et ils ont menti sur la torture des prisonniers », insiste John Kiriakou, ex-membre de la CIA qui a révélé des informations classifiées concernant l’usage du waterboarding par l’administration Bush pendant les guerres d’Irak et d’Afghanistan. « Pourquoi ne mentiraient-ils pas sur Julian Assange ? Ils ont toutes les raisons du monde de lui en vouloir. »

Glenn Greenwald
Crédits : The Intercept

Certains de ces rapports ont été rendus publics, d’autres non. Aucun ne donne de preuves que le gouvernement russe est bel et bien à l’origine des piratages et des fuites d’emails. Celui du 6 janvier 2017 se contente de rappeler que Julian Assange a collaboré avec la chaîne de télévision publique russe RT. « Si cela fait de lui un espion du Kremlin, alors beaucoup de journalistes américains représentent un danger pour le pays, moi le premier », s’amuse Glenn Greenwald, le journaliste qui a publié les révélations d’Edward Snowden. « Je ne serais vraiment pas surpris si le gouvernement russe espionnait les partis politiques américains pour peser sur le vote, c’est le genre de choses qu’il est capable de faire. Le gouvernement américain aussi d’ailleurs », m’a-t-il dit au téléphone. « Mais pour lancer de telles accusations, il faut des preuves. Et quand bien même la source de WikiLeaks serait vraiment le gouvernement russe, cela ne signifierait pas que WikiLeaks travaille pour lui. D’autres médias occidentaux reçoivent constamment des informations en provenance du gouvernement américain, et personne ne pense sérieusement qu’ils travaillent pour lui. » Sur The Intercept, le site d’information qu’il a lancé en 2014, Glenn Greenwald critique régulièrement la façon dont les médias reprennent en chœur les accusations du Parti démocrate et des services de renseignements, parfois sans même prendre la précaution de l’usage du conditionnel. Un journaliste du Guardian distordu une interview de Julian Assange réalisée par le quotidien italien La Repubblica, pour lui faire dire que la Russie était un pays plus libre que les États-Unis. Un autre, David Leigh, qui a publié un livre sur WikiLeaks en 2011, m’a écrit par email que le fondateur du site « ne semble pas se soucier du fait que son travail aide Trump et Poutine »

« Julian sait très bien ce qu’il fait », rétorque Glenn Greenwald, en notant que WikiLeaks insinue que la CIA est responsable des piratages qu’elle attribue à la Russie : « C’est bien tenté, mais Julian non plus n’a aucune preuve de ce qu’il avance pour l’instant. » Si Assange ne travaille pas pour Poutine, ni ne soutient la politique de Trump, pourquoi s’en est-il sciemment et exclusivement pris à la candidate démocrate ? « Il la déteste », admet John Kiriakou, tout en rappelant que tous les médias sont tributaires de leurs sources : « Si WikiLeaks ne disposait pas d’informations sur le candidat républicain, il ne pouvait pas en inventer. » 

Les tempêtes

La campagne présidentielle américaine de 2016 n’est pas la première tempête médiatique que le vaisseau WikiLeaks traverse. « Dès sa création en 2006, le site a été critiqué par les médias traditionnels », affirme Glenn Greenwald. « Ils avaient affaire à un concurrent d’un genre totalement inédit. » Selon lui, le New York Times et le Guardian n’ont mis leur « esprit de compétition » et leur « jalousie » de côté que le temps d’exploiter les ressources de WikiLeaks, lorsque Julian Assange est venu trouver leurs journalistes en 2010 avec les fameux documents sur les atrocités commises pendant les guerres d’Afghanistan et d’Irak. « Se sachant en position de force, Julian s’est montré particulièrement infect avec eux », poursuit Glenn Greenwald. « Alors dès qu’ils n’ont plus eu besoin de lui, les journalistes ont recommencé à lui taper dessus. La guerre était déclarée. Elle n’a jamais cessé depuis. »

WikiLeaks est un tel phénomène qu’il a même son cosplay
Crédits : DR

Glenn Greenwald s’est lui-même publiquement opposé à la manière dont WikiLeaks livre les documents fuités au public, sans censurer les informations pouvant nuire à la réputation, à la vie privée et même à l’intégrité physique des personnes mentionnées – noms, numéros de sécurité sociale, adresses, états de santé, etc. Une dispute à laquelle s’est notamment mêlé Edward Snowden sur Twitter, en juillet 2016 : « Démocratiser l’information n’a jamais été aussi vital, et WikiLeaks a aidé. Mais leur hostilité envers l’éditorialisation, même minime, est une erreur. » Réponse cinglante de WikiLeaks : « L’opportunisme ne te vaudra pas le pardon de Clinton et éditorialiser ne veut pas dire cacher les flux de trésorerie du parti au pouvoir. »

« J’en ai longtemps voulu aux gens qui tournaient le dos à WikiLeaks à cause de leurs querelles avec son fondateur », raconte Glenn Greenwald. « Je persiste à penser que la cause que ce site incarne est juste et bien plus importante. Mais depuis que j’ai eu mes propres querelles avec Julian, je comprends beaucoup mieux ces gens… » ajoute-t-il en riant. Je lui demande alors si sa personnalité est aussi difficile que la rumeur le prétend. « Oh mon Dieu, oui ! C’est vraiment très compliqué de discuter avec lui. Il a un ego surdimensionné, il est paranoïaque et très susceptible. Il se sent facilement trahi. Il est persuadé d’avoir raison contre le reste du monde et refuse tout compromis. » Ces traits de caractère auraient donné des armes aux détracteurs de WikiLeaks. Mais le destin du site est certainement davantage lié aux ennuis judiciaires de Julian Assange qu’à ses sautes d’humeur. Alors que seule la Suède a officiellement demandé son extradition au Royaume-Uni, c’est bel et bien une extradition vers les États-Unis qu’il redoute. Il a néanmoins fait savoir le 12 janvier 2017, sur le compte Twitter de Wikileaks, qu’il se rendrait aux États-Unis si Barack Obama accordait sa clémence à Chelsea Manning. Cinq jours plus tard, Obama commuait la peine de la lanceuse d’alerte, qui est sortie de prison le 17 mai. Mais Assange est resté à l’ambassade de l’Équateur à Londres.

Assange sur le balcon de l’ambassade de l’Équateur en 2012
Crédits

Au lieu de cela, il aurait pu œuvrer à l’ambassade d’Australie à Washington. C’est en tout cas ce que Donald Trump se devait de lui proposer selon WikiLeaks. Le site en a fait la requête au fils du milliardaire le 16 décembre 2016, par un message privé sur Twitter. « Obama/Clinton ont mis la pression sur la Suède, le Royaume-Uni et l’Australie (son pays d’origine) pour poursuivre M. Assange illégalement. Ce serait facile pour votre père, et d’une grande aide, de suggérer que l’Australie nomme Assange ambassadeur à Washington […] Ils ne le feront pas mais cela enverra le message à l’Australie, au Royaume-Uni et à la Suède de commencer à respecter la loi et d’arrêter de faire des courbettes aux Clinton. » La publication de messages de ce type met Julian Assange dans une position encore plus délicate qu’il ne l’était déjà. Car ils laissent penser que WikiLeaks, pour avoir conspiré avec le fils de Donald Trump contre Hillary Clinton, est partisan. Or le site tient à son image d’impartialité.

« Salut Don, nous avons une idée originale », écrivait son compte Twitter à Donald Trump Jr. le 21 octobre 2016. « Divulguez-nous une déclaration de revenu de votre père. » Trois raisons sont ensuite listées. Primo, le New York Times a déjà dévoilé une partie de ses documents fiscaux, en conséquence de quoi « le mal est fait ». Secundo, le reste pourrait à tout moment être rendu public par « les sources les plus biaisées, c’est-à-dire le New York Times ou MSNBC ». Enfin, « cela augmentera considérablement notre image d’impartialité. » L’avocat Per Erik Samuelson fait néanmoins preuve d’optimisme : « Je suis convaincu que l’impasse judiciaire dans laquelle nous nous trouvons va finir par se résoudre. C’est uniquement une question de temps avant que Julian Assange ne soit de nouveau un homme libre. Je pense que la Suède doit rapidement renoncer à sa demande d’extradition. Il sera ensuite beaucoup plus facile de négocier une solution. » Mais qu’adviendrait-il de WikiLeaks si les craintes de son fondateur devaient se confirmer et qu’il était extradé ? À en croire le journaliste du Guardian David Leigh, le site disparaîtrait : « Wikileaks est Assange et Assange est Wikileaks. Il n’y a pas de réelle organisation, seulement lui et quelques disciples. »

Les disciples

« Julian est le cœur et l’âme de WikiLeaks, mais il est exagéré de dire que le site se résume à lui », affirme Glenn Greenwald. De son côté, John Kiriakou remarque que le fondateur ne pourrait pas traiter seul « les tonnes » de documents qui parviennent à Wikileaks. Au début, c’était lui qui alimentait le site grâce à ses contacts personnels. Il a, par exemple, mis en péril la réélection de l’ex-président kényan Mwai Kibaki en 2007 en publiant un rapport sur la corruption fourni par une de ses relations. Mais l’envoi anonyme et chiffré par Internet est rapidement devenu la méthode de prédilection de WikiLeaks pour recueillir les données qu’il diffuse, et n’importe quel internaute peut envoyer des documents via une interface sécurisée. Il faut ensuite les trier par ordre de priorité et repérer les falsifications. Or WikiLeaks, qui a publié des millions de fichiers depuis sa création, n’aurait encore jamais été pris en faute, et ce malgré de nombreuses tentatives. L’analyste américain Malcom Nance a ainsi prétendu sur Twitter que certains des emails révélés par WikiLeaks en octobre 2016 étaient des faux, seulement quelques heures après leur diffusion, sans pour autant pouvoir argumenter ses dires. « Bien qu’aucune organisation ne puisse espérer avoir toujours un parcours parfait, celui de WikiLeaks l’est pour l’instant, en ce qui concerne l’authentification des documents et la résistance à toutes les tentatives de censure », assure le site. « Ils ont un sans-faute sur ce plan-là », confirmait Glenn Greenwald avant la publication de la correspondance de WikiLeaks avec Donald Trump Jr.

Une dizaine de personnes travailleraient encore avec Julian Assange, croit savoir le journaliste. Le site, lui, revendique une centaine d’employés à travers le monde. Sans pour autant donner de noms, hormis ceux des quatre porte-paroles de WikiLeaks. Outre Julian Assange, sont en effet cités les Britanniques Sarah Harrison et Joseph Farrel, ainsi que l’Islandais Kristinn Hrafnsson. Aucun d’entre eux n’a répondu à nos sollicitations. Le spécialiste de la cryptographie Jacob Appelbaum est également connu pour avoir fait partie de l’équipe, mais il semble avoir renoncé à la vie publique depuis qu’il a quitté l’organisation du réseau d’anonymisation Tor en mai 2016. Il était accusé de harcèlement et de viol par d’autres employés. « WikiLeaks est une organisation très opaque », reconnaît Glenn Greenwald. « On peut être tentés de penser que c’est une preuve d’hypocrisie de la part d’un site qui milite pour la transparence des gouvernements, mais il faut se souvenir de la situation dans laquelle il se trouve actuellement. C’est le chaos le plus total. Ce qui rend l’énorme impact de leur travail d’autant plus impressionnant. » L’organisation a par ailleurs souffert des retombées financières de la campagne menée par les États-Unis pour la museler. Alors que WikiLeaks avait recueilli des centaines de milliers de dollars de dons de la part d’internautes du monde entier à la suite des révélations de 2010, l’administration Obama a ordonné aux acteurs du paiement en ligne de bloquer ses comptes. Ceux-ci se sont empressés d’obéir. Le site a néanmoins réussi à surmonter la difficulté en recueillant de nouveaux dons via une ONG allemande très active dans le domaine des libertés numériques, la Wau Holland Foundation.

Crédits : WikiLeaks

L’organisation dispose également d’une boutique en ligne, qui propose des vêtements et des objets aussi divers que des sacs, des casquettes, des tasses et des coques pour smartphones. Certains affichent simplement le logo ou le slogan du site, « Nous ouvrons les gouvernements ». D’autres portent le nom de la dernière grande opération lancée par WikiLeaks, Vault 7, qui révéle les outils d’espionnage numérique et de piratage de la CIA. Au moment de son lancement, en mars 2017, la communauté du renseignement américain accusait ouvertement la Direction générale des renseignement russes (GRU) d’avoir utilisé Wikileaks pour diffuser des données obtenues par des opérations de hacking. Quatre mois plus tard, le 11 juillet 2017, le New York Times révélait l’existence d’une réunion entre Donald Trump Jr. et une avocate russe présentée comme proche du Kremlin, Natalia Veselnitskaya le 9 juin 2016. D’après le quotidien américain, cette dernière a alors proposé de céder des éléments compromettants sur Hillary Clinton. « Aucun détail n’a été fourni ou même offert », a rétorqué le fils du milliardaire. Quelques jours après cette révélation, WikiLeaks a repris contact avec Donald Trump Jr. sur Twitter. « Désolé d’entendre que vous avez des problèmes. Nous avons une idée qui pourrait aider un peu. Nous aimerions beaucoup publier une copie des emails cités par le New York Times. »

Ceux-ci montrent que le fils de Donald Trump a échangé avec Rob Goldstone, le publicitaire anglais qui a organisé le rendez-vous avec Natalia Veselnitskaya. « Nous pensons que c’est dans votre intérêt », continue le message Twitter. Finalement, Donald Trump Jr. a publié les emails lui-même. Et, le 13 novembre 2017, après la publication de l’article de The Atlantic, il a également rendu publique sa correspondance avec WikiLeaks. Cela suffira-t-il à mettre en doute l’impartialité du site au point de lui retirer tout crédit ? L’hypothétique arrestation de Julian Assange et de nouvelles sanctions financières le feraient-ils taire ? Dans le scénario d’une fermeture définitive de WikiLeaks, les plus déterminés à dévoiler les secrets des gouvernements trouveraient d’autres relais, comme Edward Snowden l’a prouvé en se tournant vers Glenn Greenwald. Ce dernier affirme que le site de Julian Assange a ouvert la voie et que le monde ne sera plus jamais le même, quelle que soit l’issue de cette aventure particulière.


Couverture : Julian Assange dans le viseur d’une caméra. (The Independent)