L’engouement autour de l’impression 3D est plus grand chaque jour. Parviendra-t-elle à sauver le monde ? Ou bien signera-t-elle l’avènement de l’apocalypse, lorsque des millions d’individus fabriqueront eux-mêmes leurs propres AK-47 ? Ou est-ce que tout cela n’est en fin de compte qu’un brouhaha absurde autour d’une machine qui ne fait que cracher de rutilants jouets en plastique ? J’ai décidé d’enquêter. Ma stratégie : m’immerger dans le monde de l’impression 3D, et vivre pendant une semaine en n’utilisant que des objets imprimés en 3D : brosse à dents, meubles, vélos, cachets de vitamines – dans le but d’évaluer le potentiel de cette technologie, mais aussi ses écueils.

Révolution en marche

Je suis entré en contact avec Hod Lipson, professeur d’ingénierie à l’université de Cornell et l’un des trois plus grands experts du pays en matière d’impression 3D, pour lui exposer mon idée. Il a trouvé le projet formidable, mais son coût avoisinerait les 50 000 dollars. À moins d’imprimer des œufs de Fabergé pour les vendre ensuite au marché noir, il me fallait un plan de secours. Et voici comment je me suis résolu à organiser un repas entièrement imprimé en 3D. Je fabriquerais des assiettes, des fourchettes, des sets de table, des ronds de serviettes, des bougies en 3D – sans oublier, bien sûr, des aliments imprimés en 3D. Car oui, il est effectivement possible d’imprimer des aliments en 3D. M. Lipson pense d’ailleurs que la nourriture pourrait être le fer de lance de cette technologie (nous y reviendrons). Je voulais offrir à ma femme la quintessence du dîner en amoureux dernier cri. Un ami a suggéré que, afin de clore la soirée avec panache, nous embauchions une entreprise située à Manhattan pour qu’elle crée des répliques en 3D de nos organes génitaux. C’est là que j’ai décidé de tracer la limite.

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Le Cube
Imprimante 3D domestique
Crédits : 3D Systems

Ce dîner a sans doute été le repas le plus laborieux de tous les temps. Mais il m’a donné un avant-goût du futur, aussi bien de son côté utopique que de ses aspects dystopiques. Pour décrire l’appareil simplement, une imprimante 3D ressemble à un pistolet à glu relié à un bras de robot. Mais en lieu et place de la glu, c’est du plastique qui sort du tube. On choisit la forme que l’on désire. En utilisant un logiciel adapté, il est possible de concevoir n’importe quel objet sur son ordinateur – par exemple, une tasse à café avec deux anses. Il suffit ensuite de télécharger le fichier sur son imprimante 3D. Il faut attendre une ou deux heures jusqu’à ce que le bec de l’imprimante ait terminé d’effectuer des allers-retours tout en crachant du plastique fondu, couche par couche, pour qu’en sorte enfin ladite « tasse ambidextre ». D’autres types d’imprimantes fonctionnent avec du métal, du tissu biologique, de la céramique ou même des aliments. Le bon côté de l’imprimante 3D, c’est qu’elle est une révolution en marche à elle toute seule. Elle va démocratiser l’industrie. Tout comme Internet nous a transformés en Gutenberg sur canapés, nous permettant de nous auto-publier et de nous trouver des millions de lecteurs en un clic, les imprimantes 3D nous transformeront en Henry Ford, Ralph Lauren et Daniel Boulud. À l’avenir, quand vous voudrez une nouvelle paire de bottes pour la fête de ce soir, vous n’aurez plus qu’à charger une cartouche de nylon, choisir un modèle, appuyer sur un bouton et finalement enfiler vos nouvelles chaussures. Bien sûr, la révolution n’est pas encore là, du moins pas pour les particuliers. D’après un spécialiste, Terry Wohlers de Wohlers Associates, seulement 68 000 imprimantes pour particuliers ont été vendues. L’impression 3D reste un hobby pour la plupart de ses utilisateurs, parmi lesquels on compte beaucoup de geeks. La majeure partie du marché de l’industrie 3D, dont la valeur croissante est estimée à 2,2 milliards de dollars aujourd’hui, est industrielle. L’impression d’aliments est pour l’instant un phénomène mineur, qui se limite aux foires scientifiques, aux universités et à une poignée d’amateurs de chocolat. Et, comme je l’espérais, à moi-même. Mais avant de devenir un chef cuisinier du futur, il fallait que je fabrique les assiettes et les ustensiles de cuisine.

Le plastique c’est fantastique

J’ai fait l’acquisition d’une imprimante 3D Cube, sans doute le gadget domestique le plus perfectionné qui soit. Cela ressemble à une machine à coudre qui se serait accouplée avec un MacBook. Et ce n’est pas donné : la 3D Cube coûte 1 299 dollars, plus 49 dollars pour chaque cartouche. J’ai téléchargé un logiciel de graphisme sur mon ordinateur portable et j’ai dessiné une fourchette. Il m’a ensuite suffi de presser une touche pour que, vingt minutes plus tard, ma fourchette émerge de mon imprimante. Elle ressemblait à une boucle de plastique vert néon avec quatre bouts pointus, et m’évoquait un outil qu’un chimpanzé aurait utilisé pour se débarrasser de termites.

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« L’impression 3D est étonnamment difficile »
A.J. Jacobs élabore un objet à imprimer
Crédits : PBS

Mes six tentatives suivantes n’ont pas eu beaucoup plus de succès. J’ai imprimé une tasse qui fuyait, un bac à glaçons qui refusait de relâcher ses glaçons, et une cuillère qui rappelait sans le vouloir une des montres fondues de Salvador Dalí. Ma femme, Julie, a baptisé mon nouveau tiroir à couverts « l’île des ustensiles attardés ». À ma décharge, l’impression 3D est étonnamment difficile – chose que ses partisans ne crient pas sur les toits. Il y a tant de choses qui peuvent mal se passer : le bec se bouche, la machine surchauffe, le support d’impression penche trop d’un côté… D’ailleurs, il existe des sites internet tels que le blog Epic 3D Printing Fail qui sont exclusivement dédiés aux photos de projets ayant mal tourné, souvent de façon très drôle. Je pense notamment à une boîte que j’assimilerais à un rejeton échappé du cerveau d’un Frank Gehry ivre mort. C’est aussi excessivement lent. Une tasse à thé prend environ quatre heures à être imprimée, tout ceci avec un bruit de martèlement incessant. Quand j’ai essayé de concevoir et d’imprimer des dés pour remplacer ceux du jeu de Monopoly de mon fils, je me suis lancé dans une mission d’une journée complète. Mon fils a apporté une contribution utile à mon labeur en soulignant le fait qu’on pouvait passer commande en un clic sur Amazon.

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« Une tasse à thé, quatre heures d’impression »
Impression 3D en cours
Crédits : PBS

Cela dit, j’ai fait des progrès en m’entraînant. Je suis particulièrement fier de mon verre à vin, avec son support en forme de cône. Je suis devenu obnubilé par le logiciel de graphisme, passant des heures à moduler des formes sphériques et à creuser des cylindres. J’ai téléchargé des centaines de formes gratuites (et ma femme a réussi à choper les boucles d’oreilles Tetris). Je riais comme un enfant après chaque impression fructueuse : Oui, c’est moi qui ai créé ce rond de serviette ! Je peux tout faire. Je suis Dieu et j’évolue dans un univers en plastique bleu vif ! Le pouvoir peut mener au narcissisme. Vous pensez que les gens qui vivent à l’époque de Facebook prennent trop de selfies ? Préparez-vous pour les statues. Une boutique d’imprimantes 3D située à NoHo (un quartier de Manhattan, ndt) gérée par Makerbot vous permet de scanner votre propre tête en 3D (quatre appareils prennent simultanément des photos de vous sous différents angles). J’ai tenté l’expérience en prenant mon fils de sept ans pour cobaye et j’ai fait imprimer un buste en plastique orange à son image, gros comme le poing. Une fois à la maison, nous avons converti sa tête en salière, en perçant un trou au sommet de son crâne en plastique et en y ajoutant des grains de sel.

Les futurs possibles

Si je voulais que ma table soit un tant soit peu respectable, il me fallait faire appel à des professionnels. J’ai demandé à M. Lipson si je pouvais l’embaucher lui et son équipe pour qu’ils m’aident.

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« Le coût de ma fameuse fourchette : 50 $ »
Fourchette imprimée en 3D
Crédits : PBS

Un doctorat peut bel et bien faire des miracles ! L’équipe m’a fait parvenir des patrons pour les couverts – une fourchette et une cuillère en acier tourbillonnant. J’avais dit aux ingénieurs que ma femme aimait l’Italie, ils ont donc envoyé des modèles d’inspiration italienne : un verre à vin conçu à partir d’une colonne romaine, avec des garnitures corinthiennes, ainsi qu’un bougeoir inspiré des rames de gondoles, à l’effigie de la fleur préférée de ma femme : la pivoine. J’ai montré les images à ma femme. Après un temps de réflexion, elle a déclaré : « Tu en as peut-être un peu trop fait avec le thème italien. Je pense que nous n’avons pas les mêmes choses en tête : tu veux des modèles personnalisés qui ne pourraient exister que grâce à l’impression 3D, et moi je veux des objets que nous pourrions réutiliser. » M. Lipson a fait imprimer la majeure partie de mon service de table chez Shapeways, une entreprise new-yorkaise à la pointe de la technologie qui possède d’élégantes imprimantes 3D, lesquelles fonctionnent avec du métal et de la céramique. Encore une fois, ce n’est pas donné. Le coût de ma fameuse fourchette, par exemple ? Cinquante dollars. Je n’avais pas les moyens de m’offrir un costume imprimé en 3D, mais M. Lipson a proposé de me dessiner une cravate. « Elle aura un peu l’air d’une cotte de maille, m’a-t-il dit. Je ne me moucherais pas dedans, à votre place. Mais elle fera l’affaire. » Quelques semaines plus tard, la cravate est arrivée : une longue pièce faite entièrement de boucles en nylon entremêlées. J’ai eu du mal à ajuster la cravate, je l’ai portée relâchée, comme un jeune banquier qui aurait bu trop de vodkas tonic.

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Le repas est enfin arrivé. La Cube ne pouvait imprimer que du plastique et non des aliments, il avait donc fallu que je fasse appel à mon équipe technique. À midi, Jeffrey I. Lipton, jeune doctorant de 25 ans en ingénierie à Cornell, est arrivé et a déchargé des boîtes de matériel. En sont sortis un compresseur d’air, des tubes en plastique et des bouteilles de xanthan, un épaississant alimentaire. La table de notre cuisine a été envahie par une énorme imprimante 3D qui avait été utilisée pour une quantité d’autres expériences – comme, par exemple, l’impression de derrières artificiels destinés à l’enseignement médical. « Ne vous inquiétez pas, m’a dit M. Lipton. Elle a été nettoyée. » M. Lipson pense que l’imprimante 3D pourrait être l’outil de cuisine le plus puissant jamais créé. Vous auriez un contrôle illimité sur la forme de votre repas, sa consistance, son odeur et sa couleur. Pensez simplement à ce que cela signifierait pour de jeunes parents : « Quel petit garçon ne voudrait pas manger une Lamborghini, même si elle est faite de brocolis ? » a argumenté Lipton. Les fanatiques les plus enthousiastes de la nourriture imprimée en 3D ont de grands projets en tête. La NASA a donné 125 000 dollars à une entreprise texane pour que cette dernière étudie la possibilité d’imprimer des repas 3D par des astronautes ; le principal avantage étant qu’ils pourraient concevoir une large variété de plats à partir d’ingrédients basiques.

Il a fallu des semaines pour concevoir le menu, en conciliant les goûts de ma femme et les contraintes scientifiques du laboratoire.

On parle aussi d’incorporer des médicaments dans certains repas. Dans son livre Fabricated, M. Lipson rêve de dîners numériques durant lesquels l’imprimante utiliserait les données du corps humain en temps réel pour créer les lasagnes les plus adaptées aux besoins nutritionnels du corps, avec, par exemple, plus de protéines ou de vitamine A, selon les cas. Les fabricants de junk food espèrent quant à eux que l’impression 3D leur permettra de mettre en pratique une nouvelle façon de combiner le sel, le sucre et la graisse. Les activistes pour les droits des animaux espèrent que les imprimantes produiront des côtelettes de porc directement depuis des cellules de cochon cultivées en laboratoire. Et enfin, les idéalistes croient que cette technologie pourra apporter une solution à la faim dans le monde. Comment ? En permettant de faire livrer plus efficacement de la nourriture en poudre aux pays en développement, où cette nourriture pourra être imprimée et transformée en une variété de plats. Un groupe de chercheurs hollandais travaille sur des bases alimentaires peu onéreuses, faites d’algues et de protéines d’insectes. Lorsque les ingénieurs de M. Lipson avaient fait des expériences sur l’impression d’aliments en 2009, ils avaient créé des en-cas à partir de gélatine et de parfums artificiels. Les cubes de nourriture qui en avaient résulté, infusés avec de la banane et de la vanille, avaient été goûtés par des volontaires de leur université. L’opération n’avait pas été probante. « Cette histoire a été universellement condamnée, déclare M. Lipton. Ça faisait très Soleil Vert. » À présent, le laboratoire écrase des aliments entiers et les transforme en une pâte pouvant être utilisée par l’imprimante en guise d’encre. Il a fallu des semaines pour concevoir le menu de mon dîner, en conciliant les goûts de ma femme et les contraintes scientifiques du laboratoire. « Il faut que ce soit quelque chose de cuisiné, a demandé Lipson. Comme une quiche ou un pain de viande. Cela ne peut pas être de la salade ou du steak. »

À table !

Notre choix final ? Une pizza, un plat cuisiné à l’aubergine, des pâtes au maïs et de la panna cotta. Notre pizza aurait la forme de l’Italie, une réplique topographiquement correcte du pays, complétée par la chaîne de montagnes des Alpes au milieu. M. Lipton a entré quelques codes dans son ordinateur portable (par exemple, 20 psi pour la pression de l’air), puis la pâte à pizza a commencé à sortir d’un long tube.

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« Elle avait le goût du XXIIe siècle »
Pizza imprimée en 3D
Crédits : PBS

La sauce tomate, qui avait été épaissie avec du xantham afin d’obtenir la bonne viscosité, a présenté plus de difficultés. « Ces brins d’origan me tuent », a soupiré M. Lipton, jouant avec les touches du compresseur d’air. Les brins bouchaient le bec du tube, aboutissant à ce qu’un témoin a appelé une « éruption de sauce rouge du Vésuve dans le nord de l’Italie ». Après l’extraction du fromage, la pizza était prête à être cuite. Les imprimantes 3D du futur utiliseront probablement des lasers pour chauffer la nourriture. M. Lipton, quant à lui, a opté pour une méthode plus traditionnelle : notre four. Vingt minutes plus tard, nous avions devant nous une pizza à l’image de l’Italie, ou du moins l’Italie et les eaux qui l’entourent (la pâte avait gonflé avec la chaleur et étendu les frontières). Ma femme et moi avons placé nos parts de pizza dans des assiettes imprimées en 3D, et découpé un bout de pizza avec nos fourchettes imprimées en 3D. Nous avons ensuite fait tinter nos verres de vin imprimés en 3D et écouté Frank Sinatra (un Sinatra très peu audible) sur une enceinte faite de plastique et de caoutchouc, imprimée en 3D elle aussi. Nous avons mordu dans la pizza et haussé les sourcils. Elle avait le goût du XXIIe siècle… Plus sérieusement, elle avait le goût d’une pizza normale, en un peu plus molle. Je n’ai pas été transporté par magie sur le pont de l’USS Enterprise, mais c’était plutôt bon. De l’avis de ma femme, c’était presque aussi bon qu’une pizza de chez Patsy’s, ce qui est un grand compliment. « Nous avons découvert que le fait de créer des goûts totalement différents fait paniquer les gens, m’a confié Mr. Lipson. Les êtres humains ont une vraie phobie par rapport à cela. Nous essayons donc de rester dans le périmètre des goûts avec lesquels les gens sont familiers. »

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« Elles avaient le goût des linguine, en plus délicat »
Nouilles imprimées en 3D
Crédits : PBS

Pour poursuivre sur notre thème riche en calories, nous avons ensuite imprimé les nouilles à base de maïs, qui formaient nos initiales. Elles ont émergé du bec imprimeur en petits vermicelles, ressemblant à une assiette de Slinkies beiges. Elles avaient le goût des linguine, en plus délicat. En guise d’accompagnement, nous avions opté pour un « aliment Frankenstein » en 3D : une pâte faite de courge et d’aubergine imprimée en forme d’engrenage (graphisme qui nous semblait opportun). L’idée était de montrer le potentiel de l’impression 3D à combiner n’importe quels légumes (ou viandes, ou fruits) en un seul aliment. Nous voulions créer un nouvel hybride : l’aubercourge, ou la courgine. Malheureusement, la texture de l’aubergine était trop semblable à du chewing-gum pour que nous n’en laissions pas, ma femme et moi, la moitié dans notre assiette. Notre dessert était une panna cotta. Notre idée était d’avoir un message secret imprimé et caché à l’intérieur. Si on le coupait en deux, le dessert était censé révéler les lettres NYC dessinées avec de la crème bleue. (Le labo avait fait quelque chose de similaire en dissimulant un « C » à l’intérieur d’un cookie.) M. Lipton a teint une partie de la panna cotta en bleu, mais elle n’a jamais pu sortir du tube. « Ça ne marchera pas », a-t-il déclaré après avoir fouillé dans son matériel. Pour incorporer les lettres secrètes, il nous fallait un deuxième jet compresseur, que M. Lipton avait laissé au labo de Cornell. À la place, nous avons choisi (une fois encore) de la nourriture à la forme de nos initiales. C’était crémeux et léger. À cause du cafouillis technique, le repas s’est terminé tard – ou du moins, tard pour un couple de jeunes parents. M. Lipton a remballé son matériel aux environs de 23 h.

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Après des semaines d’utilisation de l’imprimante 3D, je n’ai aucun doute sur le fait qu’elle peut changer les choses quasiment au-delà de notre imagination. La plus grande partie de ces changements aura lieu en coulisses et ne sera pas exposée aux consommateurs. Les ingénieurs prévoient de fabriquer un avion léger largement imprimé en 3D, ce qui réduirait les coûts d’essence de manière significative. Ces économies pourront (croisons les doigts) bénéficier aux voyageurs. Comme M. Lipton le dit, nos sommes à l’aube d’une « révolution silencieuse ». Mais y aura-t-il une révolution chez nous et dans nos cuisines ? Les imprimantes 3D transformeront-elles nos vies comme le PC et le Mac l’ont fait ? Cela reste à voir. Il y aura une bataille entre deux forces opposées : la première est notre amour égocentrique pour les choses que nous pouvons modeler d’après le moindre de nos caprices. La deuxième, c’est la paresse qui nous est naturelle. Ferons-nous l’effort d’imprimer un burger d’autruche hexagonal garni de morceaux de concombre (et devoir ensuite nettoyer l’imprimante), alors que nous pouvons tout aussi bien acheter un hamburger normal en rentrant du travail ? Je suis optimiste face à la technologie, j’espère donc que oui. En attendant, je repenserai à ce repas comme au plus étrange et au plus mémorable de toute ma vie, plus encore que la fois où j’ai mangé des intestins de vache végétalienne.


Texte traduit de l’anglais par Garance Meillon d’après l’article « Dinner is Printed », paru dans la Sunday Review du New York Times. Couverture : Imprimante 3D, par Creative Tools. Création graphique par Ulyces.