L’Agence du rap

Si vous ne détestez pas « Chan Chan » en arrivant à Cuba, ce sera très probablement le cas quand vous repartirez.

Entrez dans n’importe quel bâtiment qui a, qui a eu, ou qui pourrait avoir pour but potentiel d’attirer des touristes et je vous parie que vous entendrez une version de la chanson de Compay Segundo de 1987, devenue mondialement célèbre dix ans plus tard lorsqu’elle est apparue sur l’album éponyme du Buena Vista Social Club. Elle passe au bar de l’aéroport. Elle passe dans le salon de l’Hotel Nacional, la résidence décatie qui fut un temps la propriété du gangster Meyer Lansky. Elle passe au café de l’Institut cubain de l’art et de l’industrie cinématographique. Je l’ai même entendue jouer par l’orchestre d’un restaurant de paella dans la vieille Havane. Deux fois. Et ce n’était que mon premier jour ici.

Elle est loin d’être tendance, et elle est peu représentative de la production musicale de l’île dans sa globalité, mais elle est « révolutionnaire » selon la singulière interprétation cubaine : en vérité, elle ne l’est pas. Car aussi incroyablement créatifs que puissent l’être les Cubains, le système en place n’a aucun goût pour toute expression personnelle n’entrant pas dans les normes qu’il a dictées.

Ariel Hernandez lors de son émission Microfonazo à La Havane, en 2004Crédits : Ariel Fernandez-Diaz

Ariel Fernandez lors de son émission radio Microfonazo à La Havane, en 2004
Crédits : Ariel Fernandez-Diaz

Le mois dernier, deux rappeurs cubains se sont retrouvés du mauvais côté de la révolution après avoir donné un concert à Panama City pendant le Sommet des Amériques. Ce concert avait été parrainé par la Cuban Soul Foundation, une association de Miami, et l’association Pro Arte Libre, un groupe indépendant d’artistes, d’écrivains et de musiciens cubains dont les œuvres ont vocation à être des protestations pacifiques. Les deux associations concentrent ce que les Castro méprisent le plus : Miami et la critique.

Le 27 avril, peu après leur retour chez eux à La Havane, Soandry del Rio et Raudel Collazo, respectivement rappeurs au sein des groupes Hermanos de Causa et Escuadrón Patriota, ont été exclus de l’Agence cubaine du rap, l’entité gouvernementale qui supervise – autant dire qui contrôle – la production de hip-hop sur l’île. La raison invoquée pour leur renvoi était un « manquement à la déclaration de revenus à l’organisation », c’est-à-dire à l’Agence du rap.

L’Agence a été créée « pratiquement du jour au lendemain », explique Ariel Fernandez, qui présentait la toute première émission de radio hip-hop cubaine, dans le but de promouvoir la production locale pour une association culturelle baptisée Hermanos Saíz. Département d’un département d’un département du ministère de la Culture cubain, l’Agence du rap a ses locaux au sein d’un immeuble gouvernemental au coin de la rue F et de la rue 15 du quartier de La Havane Vedado. Imaginez un département au sein du ministère de l’Économie qui encadrerait l’industrie du rap français.

Soandry del Rio, un des deux rappeurs exclus de l'agence cubaine de RapCrédits : Jauretsi Saizarbitoria

Soandry del Rio
Un des deux rappeurs exclus de l’Agence cubaine du rap
Crédits : Jauretsi Saizarbitoria

« Lorsqu’ils m’ont dit “nous avons quelque chose à vous proposer”, je me suis vraiment inquiété », m’a confié Fernandez à New York, où il vit désormais. « L’espace d’un instant, ils avaient l’air de nous inclure dans un grand projet hip-hop, mais en réalité ils essayaient de nous infiltrer. Quand l’Agence cubaine du rap doit prendre une décision, quels intérêts cherche-t-elle à protéger ? Ceux du gouvernement ou ceux du hip-hop ? »

Le hip-hop a commencé à émerger à Cuba au début des années 1990, via des retransmissions des radios de Miami. Le gouvernement cubain était tout d’abord méfiant vis-à-vis du hip-hop, le jugeant « trop américanisant ». Les émissions de l’époque étaient analysées par les autorités, qui ont été complètement interloquées par ce qu’elles voyaient, rapporte Jauretsi Saizarbitoria, qui a filmé d’innombrables heures des débuts du hip-hop cubain pour son documentaire de 2006 : East of Havana.

« L’ambition du rap est de traiter des problèmes qu’on peut observer autour de nous, m’explique-t-elle. Chuck D considérait le rap comme “le CNN des noirs”. Mais tout ce que le gouvernement cubain y a vu, c’était une bande de mecs gesticulant sur scène en criant. Ils ne savaient pas à quoi cela correspondait. »

Bien que Fidel Castro ne serait sûrement pas d’accord avec ce constat, la société cubaine post-révolution était loin d’aller sans discriminations. Le gouvernement cubain, sur tous les plans, n’a jamais été particulièrement enclin à célébrer les diverses formes d’art noir – y compris donc la musique afro-cubaine. Quand le gouvernement s’est lancé dans une campagne au début des années 1990 pour « corriger les erreurs » de la révolution, il y a eu une tentative publique de montrer l’engagement du gouvernement en faveur de la culture noire. Lorsque Harry Belafonte a visité Cuba en 1999 lors du Havana Film Festival, il a rencontré des groupes de rap locaux qui disaient se sentir frustrés et n’avoir aucun écho.

« J’ignorais qu’il y avait des rappeurs à Cuba », a écrit Belafonte dans ses mémoires de 2011, intitulées My Song. « Après tout, le rap est ton visage, par définition. Comment pouvaient-ils être fidèles à l’esprit du rap dans le Cuba de Castro ? Ils ne pouvaient pas donner de concerts dans les clubs de La Havane, et ils ne le savaient que trop : pour l’élite du pays, ils n’existaient même pas. »

Les artistes cubains ont confié à Belafonte qu’ils étaient convaincus que leur musique était aussi légitime en tant qu’expression de la cubanité que les genres musicaux plus traditionnels comme la salsa ou le son, et une cellule de crise entre rappeurs et représentants officiels a rapidement été mise en place.

Une fille jouant du saxophone dans le quartier de la Habana Vieja à La HavaneCrédits : Bryan Ledgard

Une fille joue du saxophone dans une rue de la Habana Vieja
Crédits : Bryan Ledgard

La censura

« Parmi les personnes présentes, il y avait Fidel, et mon partenaire Yrak Saenz », me raconte Edgardo Gonzalez, membre du duo populaire de rap havanais Doble Filo et de l’Agence du rap. « Il a expliqué à Fidel que nous devions créer une empresa spécifique au rap. »

La structure institutionnelle d’une empresa – ces entreprises à but commercial dirigées par l’État qui forment le socle de l’économie cubaine – n’aurait pas pour seul but de donner aux artistes du rap l’accès aux salles de concerts de l’État, au matériel d’enregistrement et aux boutiques. Cela leur ouvrirait également un boulevard pour être légalement rétribués pour leur musique. Ce printemps-là, le ministre de la Culture Abel Prieto a proclamé le rap « authentique expression de la culture cubaine ». L’annonce a été « une sorte d’accréditation politique de la part du régime, comme pour dire : “Nous validons le hip-hop », analyse Pablo Herrera, un producteur cubain prolifique.

« S’il n’y a pas de déclaration qui vient d’en haut pour dire : “Nous devons gérer ces problèmes”, alors il n’y a pas besoin de s’en occuper. Voilà comment le gouvernement traite ces affaires » selon Herrera, qui a quitté Cuba pour l’Écosse en 2008. « Il n’y a aucun moyen pour que les hauts dirigeants puissent comprendre et cerner l’essence du hip-hop. »

« Ce n’était que des récits de vie, de ce qui se passe tous les jours à Cuba. »

— Ariel Hernandez

Authentique expression de la culture cubaine ou pas, des années se sont écoulées sans que l’empresa promise ne voie le jour. C’est alors qu’un rappeur de 18 ans du nom de Humberto Cabrera, alias Papa Humbertico, a forcé la main du gouvernement. Le 16 août 2002, Cabrera est monté sur scène devant plusieurs milliers de personnes lors du Havana Rap Festival qui a lieu tous les huit ans, ridiculisant les autorités devant la presse étrangère. Une gigantesque bannière portant les mots « Denuncia Social » (« Dénonciation Sociale ») a été déroulée, pendant qu’il criait : « Police, police, vous n’êtes pas mes amis/Pour les jeunes Cubains, vous êtes le pire cauchemar/C’est vous les vrais criminels. »

Le cri de Humbertico n’aurait pas trouvé un tel écho sans le public qui assistait au concert. La presse étrangère était présente en grand nombre au festival, et personne n’aurait voulu repartir sans scoop. Ainsi que le précise Ariel Fernandez, « les mots et l’intention originelle ont été pour ainsi dire sortis de leur contexte. Cela a été relayé partout dans les médias américains, de CNN à Associated Press. Le Miami Herald a titré “La jeunesse cubaine se soulève contre Castro” – cela a pris une grande ampleur. »

« Personne n’essayait de faire tomber le régime ; ce n’était que des récits de vie, de ce qui se passe tous les jours à Cuba », poursuit-il. « Nous sommes censés parler de ce qui ne va pas, des injustices. C’est ça le rap, il n’est pas censé être fait en concertation avec le gouvernement. »

« Cinq jours plus tard », poursuit Fernandez, « la création de l’Agence cubaine du rap était annoncée. »

Le producteur cubain Pablo Herrera est basé aujourd'hui à ScotlandCrédits : Pablo D. Herrera Veitia

Le producteur cubain Pablo Herrera vit aujourd’hui en Écosse
Crédits : Pablo D. Herrera Veitia

Bien que Soandry était un des membres de l’Agence présents depuis sa création, il s’est exprimé ouvertement sur ses inquiétudes quant à la marginalisation de ceux qui ne pourraient pas avoir la chance d’en faire partie. Il a également déclaré dans le Havana Times : « Nous sommes en train de créer une élite, mais je suis convaincu que le hip-hop cubain doit devenir la voix des Cubains ordinaires. »

En à peine un mois, l’Agence était en place et opérationnelle. Pour le meilleur ou pour le pire, les rappeurs avaient finalement leur empresa, avec à sa tête Susana García Amorós, une linguiste diplômée de philologie à l’université de La Havane et membre locale du régime, nommée en tant que directrice.

« Elle n’avait aucun lien avec le hip-hop et n’y comprenait rien, mais elle nous superviserait quand même », soupire Fernandez. « Elle était bibliothécaire. Mais avant tout, elle était membre du Parti Communiste. »

Selon Tanya Saunders, professeure à l’université d’Ohio qui a étudié en détail le hip-hop cubain, les Américains ont du mal à se faire à l’idée de l’art utilisé en tant que levier sur la politique publique, mais elle souligne qu’à Cuba, le ministère de la Culture a un droit de vote au Congrès. Elle m’explique que l’Agence cubaine du rap, en tant qu’institution créée par l’État, a précisément cette fonction. « À un niveau ou à un autre, cette agence agira selon les mêmes méthodes que l’État. »

Si vous êtes un artiste venant du centre de La Havane et que l’État n’aime pas la teneur de vos paroles, on vous décrochera peut-être une scène près de l’aéroport, où personne ne vient jamais, illustre Saunders. On aurait tort d’imaginer que le gouvernement emprisonne les gens comme cela se faisait dans les années 1970, ils font preuve de plus de finesse aujourd’hui.

Les façons de faire varient, mais tournent toutes autour d’un thème commun. Lorsque Grupo Uno, un collectif issu d’un centre culturel du quartier Est de La Havane, a créé un festival de hip-hop en 1995, ils ont dû batailler pour que l’événement ait lieu, avec un budget quasi-nul, du prêt d’équipement et l’aide de leurs amis. En 1999, les autorités cubaines se sont impliquées et ont fourni du matériel professionnel, ainsi que le transport pour desservir les scènes et la nourriture lors des répétitions. L’année suivante, les responsables assermentés par l’État ont évincé Grupo Uno et ont confié la responsabilité du festival à la Ligue de la Jeunesse Communiste.

ulyces-cuba-rap-couv2

Questlove, batteur du groupe The Roots, en concert à La Havane
Crédits : Edgar Productor n Jefe

L’État « a cherché à établir un périmètre de sécurité », a écrit Eugene Robinson, du Washington Post, quelques années plus tard. « Les concerts autorisés n’ont lieu qu’un jour ou deux par semaine, et ils commencent et se terminent tôt dans la soirée. Personne ne le dira ouvertement, mais il semblerait que le gouvernement ne veut pas que des groupes de rap s’expriment trop fort tard le soir. »

Juguler les idées des musiciens passe également par les maintient à l’écart de la télévision et de la radio, toutes deux entièrement sous contrôle gouvernemental. En 2002, quand des rappeurs cubains ont produit ce que la sociologue et écrivain Sujatha Fernandes a décrit comme « l’une des critiques sociales les plus acerbes depuis bien longtemps », l’État a empêché toute couverture du festival par la télévision ou la radio.

Les groupes membres de l’Agence ont protesté et, en deux ans, García a dû partir.

« Susana est un nuage au-dessus de la poésie urbaine cubaine », rappe le groupe Los Aldeanos, extérieur à l’Agence, dans son morceau « Mandanos a Parar ». Los Aldeanos était également la pierre angulaire d’une opération secrète de l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), qui visait à infiltrer la scène hip-hop cubaine pour y instiguer un sentiment anti-Castro. Deux producteurs de musique serbes ont été contactés par l’USAID pour travailler de concert avec des rappeurs – parmi lesquels Los Aldeanos – dans une tentative maladroite de « briser le blocus sur l’information », entre 2009 et 2010.

Edgaro Productor n Jefe et Questlove en concert à La HavaneCrédits : Edgaro Productor n Jefe

Edgaro Productor n Jefe et Questlove en concert à La Havane
Crédits : Edgaro Productor n Jefe

L’opération n’a pas particulièrement apaisé les craintes du régime vis-à-vis du rap. Ainsi que l’a expliqué le Guardian en décembre, « ce plan amateur totalement infructueux » a mené à des vagues d’arrestations et d’interrogatoires, y compris de personnes « dont on ne pensait pas qu’elles faisaient consciemment partie de l’opération d’infiltration ».

La directrice suivante de l’Agence, une rappeuse du nom de Magia López, a tout d’abord été chaleureusement accueillie à son poste par ses pairs. Mais à son tour, elle a été remerciée quelques années plus tard en raison de charges retenues à son encontre, allant du détournement de fonds à la corruption en passant par une variété de pratiques financières illégales.

À l’ère du reggaeton

À cette période, le reggaeton était à la mode, et selon Fernandez, l’Agence a commencé à modifier ses priorités. On commençait à ne plus trop prêter attention aux événements liés au hip-hop, tandis que de leur côté, les hauts fonctionnaires versaient de plus en plus d’argent et consacraient de plus en plus de ressources au reggaeton, qui remplissait des salles de concert sans véhiculer dans ses paroles aucun message politique explicite ou implicite. Le soutien logistique et financier octroyé au reggaeton a été une tentation trop grande pour nombre de rappeurs, qui voyaient décliner l’intérêt général pour leur musique.

« La musique à Cuba traverse une période de chute libre. »

— Franky Fazz

Le ministre de la Culture Abel Prieto a accusé le reggaeton d’ « avoir mis en péril l’âme de la nation », et Orlando Vistel, le président de l’Institut cubain de la musique, s’est élevé contre « le droit de copier et de diffuser du reggaeton chez soi, dans des restaurants ou des cafétérias privées, des bus ou des endroits publics en général ». Mais l’État a appris à apprécier les sonorités insouciantes et apolitiques du reggaeton, et avoir quelques groupes dans son giron a autorisé un certain degré de surveillance tout en générant des recettes confortables. Des groupes de rap comme Gente de Zona et Eddy-K ont commencé par intégrer des gestuelles reggaeton à leur style, dans le but de toucher une audience toujours plus large, et ils ont fini par devenir des groupes de reggaeton à part entière.

« C’était exactement ce que les bureaucrates voulaient », affirme le producteur indépendant Alexis Rodriguez, alias DJ El D’Boys, qui organisait le festival hip-hop Parque Almendares, non affilié à l’Agence du rap. « Que tout le monde au sein de l’Agence cubaine du rap se batte et devienne fou. »

Bien que les artistes cubains semblent s’irriter de devoir faire passer leurs pulsions créatives après la révolution, ils continuent à l’accepter à cause des réalités économiques d’un système défaillant, qui peine à subvenir aux besoins de tous.

Il est intéressant d’entendre ce genre de choses à Cuba, où la recherche de profit n’était pas censée intervenir dans ce type de décision. Partout, il est difficile de vivre de son art, mais selon le chanteur et producteur Franky Fazz, membre du groupe de free hop havanais Free Hole Negro qui a refusé l’autorité de l’Agence et vit maintenant à Madrid, le marché est bon pour l’art.

« La musique à Cuba traverse une période de chute libre, me confie-t-il. La société cubaine se replie sur elle-même et s’uniformise de jour en jour. Nous, les Cubains, avons toujours été considérés comme innovants, mais le manque d’organisation dans les institutions cubaines, la corruption, ainsi que beaucoup d’autres facteurs ont contribué de façon certaine au massacre de notre diversité musicale. Un talent sans support quel qu’il soit ne peut pas se révéler. »

Pablo Herrera, le producteur, est lui aussi sans concession dans sa description des effets que l’Agence a eus sur le hip-hop cubain.

ulyces-rapministry-01

Ariel Fernandez
Crédits : Noelle Theard

« Je l’avais dit à tout le monde : une fois que ce sera mis en place, cela ne pourra mener qu’à la fin de notre musique, dit-il. C’est toujours ce que fait le régime : il contrôle. Il ne peut gérer les choses qu’en exerçant un contrôle sur elles. »

Aujourd’hui, le reggaeton continue d’occuper une place disproportionnée dans les prérogatives de l’Agence cubaine du rap. Une nouvelle responsable, Xiomara Madrazo, est à sa tête depuis environ deux ans. Madrazo est une fonctionnaire du Parti Communiste, un parcours que les Cubains appellent cuadro cubano (le « cadre cubain »). Paradoxalement, Gonzalez, le rappeur du groupe Doble Filo, qui a récemment joué (et enregistré) avec Questlove lors du passage du batteur des Roots à La Havane, est satisfait de la manière dont elle gère les choses. D’après lui, elle consolide les finances de l’Agence, même si cela se traduit par la venue « des dix des plus grands groupes de reggaeton à Cuba ». Mais Gonzalez ajoute néanmoins qu’il est amer envers l’Agence ces dernières semaines pour des raisons personnelles, depuis que Soandry et Raudel – des rappeurs qu’il avait contribué à faire accepter par l’Agence – en ont été exclus.

« Xiomara est une professionnelle dans le gouvernement Cubain, et c’est exactement ce que nous voulions à l’Agence, assure-t-il. On n’imaginerait jamais que des rappeurs puissent en être réduits à une telle extrémité, mais la vie est complexe. Il y a la théorie d’un côté et les solutions pragmatiques de l’autre. On a besoin de quelque chose qui peut marcher dans la semaine, pas dans les trois ans à venir. »

Et si cela ne fonctionne pas, Gonzalez confesse qu’il ne pourra plus continuer. Il le formule ainsi lui-même : « Je fais partie de l’Agence car c’est l’unique moyen que j’ai d’obtenir quelque chose en retour pour ma musique. »


Traduit de l’anglais par Matthieu Volait d’après l’article « Ministry of Rap », paru dans Roads and Kingdoms.

Couverture : Edgaro Productor n Jefe et un gamin, Leandro Feal.