Vue aérienne du site de Göbekli Tepe — Crédits : German Archaeological Institute (DAI)/Ulyces.co Le site de Göbekli Tepe, à dix kilomètres d’Urfa, une ancienne cité du sud-est de la Turquie, abrite les ruines du plus vieux temple connu de l’histoire de l’humanité. Un agencement méticuleux de pierres taillées colossales, vieilles de 11 000 ans, œuvre d’hommes préhistoriques qui n’avaient pas encore développé ni les outils en métal, ni la poterie. Mais en l’honneur de quoi ou de quelle(s) divinité(s) ces mégalithes de 6 000 ans plus vieux que ceux de Stonehenge ont-ils été érigés ? Des scientifiques de l’Institut d’archéologie allemand seraient tout près de résoudre cette énigme. Ils révèlent dans une étude parue le 28 juin dans Science Advances avoir découvert la preuve de l’existence d’un mystérieux culte du crâne datant du Néolithique. Ils ont en effet retrouvé trois crânes humains partiellement préservés présentant des modifications artificielles très étudiées. Les fragments de crânes comportant des gravures et des trous — Crédits : German Archaeological Institute (DAI) Les sept fragments de crânes retrouvés par les archéologues appartiendraient à trois individus âgés de 20 à 50 ans, dont l’un d’eux serait « plus féminin que masculin » d’après les observations préliminaires des scientifiques. Chacun de ces fragments comporte des gravures profondes, des teintures ocre et même un trou dans un des cas. « Ces incisions profondes sont exceptionnelles », a confié la chercheuse Julia Gresky à Motherboard. Elle espère faire d’autres découvertes aussi extraordinaires à l’avenir, mais pour l’heure ce sont les seuls restes humains découverts dans les ruines du temple de Göbekli Tepe. Une analyse des os au microscope a révélé que les modifications artificielles de leur structure ont été effectuées peu après la mort des propriétaires de ces crânes, au moyen d’outils en pierre. Les archéologues avancent plusieurs hypothèses pour expliquer ces agissements. Il pourrait s’agir d’un rituel de vénération des ancêtres, ou bien d’une mise en scène élaborée des crânes d’ennemis. Se pourrait-il enfin que les morts aient été sacrifiés sur l’autel d’une divinité disparue pour étancher sa soif de sang ? Nul ne le sait, mais il semblerait que ces anciens hommes étaient obsédés par les crânes. Le site contient en effet de nombreuses représentations (sculptures et reliefs) de têtes séparées de corps et d’individus sans tête. Göbekli Tepe demeure plein de mystères, mais cette découverte rend le plus vieux temple de l’humanité plus fascinant que jamais. Des sculptures et reliefs retrouvés sur le site — Crédits : German Archaeological Institute (DAI) Source : Motherboard