trump-mar-a-lago Crédits : John Moore Après sa victoire aux primaires le mardi 15 mars 2016, les reporters ont afflué dans les couloirs luxueux de Mar-a-Lago, la résidence personnelle de Donald Trump à Palm Beach, en Floride. Certains d’entre eux s’étaient habillés plus solennellement qu’à l’habitude, pour coller au décor. L’air doux et parfumé de l’endroit nous parvenait tandis que nous déambulions sur les pelouses et que nous passions le contrôle de sécurité des Services secrets, à l’entrée de la demeure. Une fois à l’intérieur, nous nous sommes attroupés sous les lustres chamarrés de l’énorme salle de bal de Donald J. Trump, à attendre que l’homme fasse son apparition. Alors que nous profitions de l’hospitalité de M. Trump, un reporter a été reconduit aux portes de Mar-a-Lago. Le rédacteur de Politico Ben Schrekinger s’était vu accorder une accréditation, mais elle a été annulée après qu’il a écrit un article négatif à propos de Lewandowski. On l’a sommé de quitter les lieux. Plus tard ce soir-là, Trump a parlé de Schreckinger en ces termes : « C’est un reporter malhonnête, de troisième catégorie, et son magazine en plein naufrage mettra bientôt la clé sous la porte, espérons-le. » Durant ses précédentes soirées de victoire à Mar-a-Lago, Trump avait répondu aux questions de la presse. La première fois, m’a raconté un journaliste, il avait fait asseoir ses riches amis ainsi que les membres du club de Mar-a-Lago aux deux premiers rangs, et mis la presse derrière eux. La fois suivante, les amis de Trump occupaient les sept premiers rangs, repoussant davantage la presse. Mais mardi 15 mars, tandis que Trump se gargarisait de sa victoire, il y avait 16 rangs occupés par ses amis – environ 500 dandys de Palm Beach élégamment habillés –, repoussant les journalistes dans le fond de la salle de bal, à près de 40 mètres du podium de Trump. J’ai demandé à mes collègues qui couvraient la campagne comment ils allaient pouvoir lui poser des questions d’aussi loin. Ils n’en avaient aucune idée. Ils imaginaient qu’on leur tendrait des micros. En effet, même si l’événement avait été présenté comme une « conférence de presse », et que des accréditations avaient été données sur cette base, Trump a prononcé un bref discours dans lequel il a dit des journalistes qu’ils étaient « écœurants ». Et puis il a quitté la pièce sans répondre à la moindre question. La reporter assise à mes côtés a fait tonner sa voix : « C’est supposé être une conférence de presse ! Allez-vous répondre à nos questions ?! » On l’a tous entendue clairement. Mais Trump s’est éclipsé sans lui prêter attention. Si vous voulez savoir à quoi ressemblera la présidence de Trump, imaginez des journalistes qui posent des questions dans le vide. Seth Stevenson Il les met dans un enclos. ↓ hqzhhh