C’est fait. Dix-sept ans après avoir été fondée avec l’argent de la CIA, l’entreprise américaine Palantir Technologies a fait son entrée mercredi 30 octobre à Wall Street où elle vaut plus de 20 milliards de dollars. Comment une société au fonctionnement si opaque, qui ne gagne pas d’argent mais dont les produits de surveillance sulfureux équipent des agences de renseignement et des services de police du monde entier, a-t-elle pu se retrouver sur un marché public ?

Le globe

Depuis les hauteurs de la tour Newport, à Jersey City, Peter Cavicchia surplombe l’Hudson. Sur l’autre rive, Manhattan lui offre en miroir une forêt de colosses de verre et d’acier pareils à son perchoir. La vue est superbe. Mais il s’intéresse surtout à ce qui se passe huit étages plus bas, dans les bureaux de la banque J.P. Morgan Chase & Co.

À partir de 2009, cet ancien agent des services secret a surveillé ses employés à la demande de leur direction, récoltant e-mails, historique de navigation et conversations téléphoniques. Officiellement, l’objectif était d’empêcher les intrusions malveillantes. Mais l’algorithme qui combinait tous ces renseignements permettait par exemple de savoir si quelqu’un arrivait en retard : c’était un signe de dysfonctionnement parmi d’autres.

Peter Cavicchia faisait partie d’une équipe de 120 ingénieurs déployés par la firme d’analyse de données Palantir. Dans la tour Newport, l’information ne faisait cependant pas que monter. Très vite, les employés ont su qu’ils étaient épiés. Certains ont sciemment commencé à s’échanger des affabulations pour voir si Cavicchia allait en parler lors des réunions. Et bien il le faisait. Quand, en 2013, les responsables ont appris qu’ils étaient eux-mêmes dans les radars, le contrat a pris fin. Mais pas les activités de Palantir.

En mars 2018, un ancien ingénieur de Cambridge Analytica a affirmé devant le parlement britannique que la société avait aidé l’agence de conseil à mettre en ordre les données personnelles de 87 millions d’utilisateurs Facebook siphonnées. Cela aurait permis de dresser les profils psychologiques d’électeurs potentiels de Donald Trump. Palantir nie. Mais là n’est pas la seule affaire où son nom apparaît, loin s’en faut.

Au 25e étage de la Trump Tower, à New York, une grande table ovale en marbre fait luire les sourires forcés d’une douzaine de visages connus. Ce mercredi 14 décembre 2016, les principaux représentants de la Silicon Valley sont venus se présenter au nouveau président américain. « C’est un extraordinaire groupe de personnes », se félicite le milliardaire, élu un mois plus tôt. « Nous avons reçu des centaines d’appels pour venir à cette réunion. » Donald Trump n’est pas dupe. « Maintenant, tout le monde doit m’aimer au moins un petit peu », ajoute-t-il, conscient que certains auraient préféré se retrouver face à Hillary Clinton.

Suivie par une foule de journalistes, « la réunion rassemble Jeff Bezos d’Amazon, Elon Musk de Tesla, Timothy D. Cook d’Apple, Sheryl Sandberg de Facebook, Larry Page et Eric Schmidt d’Alphabet – la société mère de Google –, et Satya Nadella de Microsoft, entre autres », écrit le New York Times. Pour présenter ce cénacle, la chaîne ABC News incruste plus simplement les logos des différentes entreprises représentées sur une photo. Celui de PayPal apparaît au-dessus de l’homme en costume gris assis juste à côté de Donald Trump. Peter Thiel n’a pourtant plus de lien avec le site de paiement en ligne depuis qu’il a été vendu à eBay en 2002. Il ne compte même pas parmi ses principaux actionnaires.

Peter Thiel
Crédits : Fortune Live Media

Si cet homme de 50 ans occupe une place de choix, tout près du Président, c’est que, fait plutôt rare dans la Silicon Valley, il a apporté une aide de 1,25 million de dollars à la campagne du candidat Républicain. Lorsque l’information a été rendue publique, en octobre 2016, de nombreux opposants californiens au milliardaire ont menacé de boycotter PayPal, sans savoir que son cofondateur n’y avait plus d’intérêt. Il continue certes de peser dans le milieu de la tech, et d’y amasser de l’argent, mais pour une activité autrement plus obscure.

Avec un ami de Stanford, Alex Karp, l’entrepreneur américain né en Allemagne a cofondé Palantir Technologies en 2004. La société fascine : en plus de faire référence au dangereux orbe magique qui permet de voir tout et partout dans Le Seigneur des anneaux, son nom est associé à celui de la CIA. Par l’intermédiaire du fonds d’investissement In-Q-Tel, l’agence de renseignement a mis au pot. Elle recourt aujourd’hui aux services de Palantir pour analyser de grandes masses de données, tâche dont la société s’acquitte tant dans le domaine du contre-terrorisme (projet Gotham) que dans la finance (projet Metropolis). Mais de larges pans de son activité demeurent obscures.

L’entreprise passe au tamis de vastes bases de données et « excelle pour découvrir les connexions entre des incidents a priori sans relation et les personnes impliquées », explique l’informaticien américain Newton Lee, auteur du livre Counterterrorisme and Cybersecurity: Total Information Awareness. Elle présente ensuite les résultats sous forme de graphiques colorés en forme de toiles d’araignées qui sont faciles à interpréter.

Alexander Karp
Crédits : Dadoodad

Depuis Palo Alto, en Californie, Peter Thiel et Alex Karp ont développé un réseau tentaculaire de clients. La polices de Los Angeles fait appel à leurs technologies d’intelligence artificielle afin de mieux cerner les « menaces », voire d’anticiper les crimes ou les délits. Au moins 12 agences liées au gouvernement américain s’en servent aussi.

Fin 2016, on apprenait qu’en France, la Direction générale du renseignement intérieur (DGSI) était en affaire elle aussi avec le groupe. Récemment, alors que le coût élevé de ses produits et leurs abus ont commencé à être dénoncés, entraînant la fin de sa relation avec la police de la Nouvelle-Orléans, Palantir a signé un immense contrat avec l’armée américaine sur lequel il lorgnait depuis des années.

En partenariat avec l’industriel de la Défense Raytheon, le groupe de Peter Thiel a été chargé, a-t-on appris le 9 mars 2018, de remplacer un logiciel d’aide au combat baptisé Distributed Common Ground System (DCSG). 876 millions de dollars sont à la clé. Palantir construit par ailleurs une plateforme, Investigative Case Management, qui permet aux agents des douanes américaines d’avoir accès aux données collectées par les différentes agences de renseignement américaines, notamment pour traquer les migrants illégaux. À force de signer des contrats, Palantir a rassemblé une quantité orwellienne d’informations. Et le soutien de Peter Thiel à Donald Trump va semble-t-il accroître sa puissance.

Celui par qui le scandale arrive

René Girard a écrit dans les décombres. Ce 10 novembre 2001, un mois après les attentats du World Trade Center, le philosophe français publie trois essais sous un même titre, Celui par qui le scandale arrive. Et « celui par qui le scandale arrive » sera bientôt son ancien élève de Stanford, Peter Thiel. Mais pour l’heure, les deux hommes sont saisis d’effroi. « La violence semble aujourd’hui prise dans un processus d’escalade qui rappelle la propagation du feu, ou celle d’une épidémie », est-il écrit sur la quatrième de couverture du livre. De son côté, Peter Thiel se rend compte que « l’approche que PayPal a utilisée pour combattre la fraude pourrait être utilisée pour combattre le terrorisme ».

Arrivé aux États-Unis quand il était enfant, le natif de Francfort a grandi en dévorant des ouvrages de sciences-fiction et de fantasy, notamment ceux de J.R.R. Tolkien. Il devient vite obsédé par la saga du Seigneur des anneaux. Doué en maths, champion d’échecs, ce fils d’un ingénieur en chimie s’adonne à des lectures plus philosophiques lorsqu’il entre à Stanford. Il y trouve un mentor en la personne de René Girard, grand théoricien de la logique du bouc-émissaire. « La substance même des rapports humains, quels qu’ils soient, est faite de mimétisme », professe-t-il dans Celui par qui le scandale arrive. L’idée que les comportements sont avant-tout grégaires traverse son œuvre.

Thiel, d’ailleurs, imite ses associés en 2002 en acceptant de vendre ses parts de PayPal à eBay. Mais il a un plan. L’année suivante, Palantir est créé avec 10 millions de dollars. La nouvelle start-up transpose au domaine de la sécurité le système de traçage des communications qui a permis à PayPal de se prémunir contre les tentatives de fraudes. Son équipe cherche des suspects derrière des piles de données un peu comme, auparavant, elle analysait une transaction afin de savoir si une mauvaise adresse IP en était à l’origine. En spécialiste des investissements, le PDG diversifie son porte-feuille : il place 500 000 euros dans Facebook en 2004.

Autant lui et son associé, Alexander Karp, connaissent bien les rouages de la finance, autant ils passent pour de parfaits débutants dans le secteur de la sécurité. « Nous étions très naïfs, nous pensions juste que notre idée était cool », admet Karp. « J’ai sous-estimé combien ce serait difficile. » Après avoir reçu deux millions de dollars de la part d’In-Q-Tel et convaincu quelques anciens élus de faire du lobbying (les ex-sénateurs John Breaux et Trent Lott), il obtient un rendez-vous avec une agence américaine. « Bonjour, je suis Alex Karp », se présente-t-il en tendant la main, dans une salle sans fenêtre dont les portes s’ouvrent grâce à un code. « Je ne savais pas qu’il ne fallait pas donner son nom », se souvient-il en souriant.

L’interface du Projet Gotham
Crédits : Palantir Technologies

Le prototype conçu par Palantir peut suivre les activités et notamment les transferts d’argent effectués par des suspects de terrorisme. Il a aussi l’avantage d’agréger et de mettre en relation une grande quantité de données. Or, le traçage de ce genre de connexions est susceptible de sauver des vies : sur les 19 terroristes du 11 septembre 2001, cinq ont réservé leur billet d’avion avec le même numéro de téléphone que leur leader, Mohammed Atta, et cinq ont donné la même adresse. Vu l’inflation d’informations sur Internet, Palantir présente un intérêt évident pour les autorités. Les premiers contrats permettent à Thiel et Karp d’engager un expert en renseignement, David Worn. Il est affecté dans un nouveau bureau à Washington en 2007.

La quadrature du Pentagone

Une fois Worn à bord, la société a continué de grandir et, partant, d’embaucher. En 2008, un des candidats pense tout de suite à un ami en découvrant les postes proposés. « Mon Dieu », s’égosille-t-il au téléphone, « s’il y a une entreprise sur Terre qui voit un mathématicien chasseur de terroriste comme un bon combo, c’est celle-là. Tu dois te renseigner sur Palantir. » À l’autre bout du fil, Douglas Philippone est intéressé. De retour de missions en Irak et en Afghanistan, cet officier de l’armée est aussi titulaire d’un master de mathématiques.

Comme Thiel et Karp à leur débuts, Philippone est un peu trop convaincu que la qualité du service offert par Palantir suffira à décrocher des contrats. « Je pensais qu’il allait suffire de montrer ça à quelques généraux avec une expérience de terrain et qu’ils allaient avoir la même réaction que moi quand je l’ai vu la première fois. Ma mâchoire s’est décrochée et j’ai dit : “J’aurais tellement aimé avoir ça à Ramadi.” » Sauf que les troupes américains ont depuis 2001 un programme censé rassembler les informations collectées ça et là sur une plateforme unique : le Distributed Common Ground System (DCGS). Ce dernier s’attire néanmoins de nombreuses critiques.

Palantir aurait été impliqué dans la capture d’Oussama Ben Laden.

Mis en place par quatre grandes entreprises de la sécurité – Raytheon, Northrop Grumman, Lockheed Martin et General Dynamics –, le DCGS est accusé par un rapport du Congrès rendu en 2012 d’une « mauvaise fiabilité » et de faire l’objet de « plusieurs défaillances qui entraînent un redémarrage toutes les cinq heures ». En 2008, excédé par ses dysfonctionnements, un contractuel de l’armée chargé de récolter des données a créé son propre serveur afin de stocker de l’information. C’est ce qui a permis à Chelsea Manning de transmettre des documents classifiés à WikiLeaks.

En dépit de nombreux efforts et du recrutement de lobbyistes, Philippone ne parvient cependant pas à imposer le système Palantir. Subvertir la grosse machine du Pentagon et déloger les fournisseurs habituels ne sont pas choses aisées. Sur le conseil de quelques spécialistes, l’entreprise de Palo Alto envoie des hommes sur le terrain afin de glaner de menus contrats avec des unités pour qu’elle fassent la publicité de Palantir. Il faut instiller l’idée, pied à pied, que son fonctionnement est bien meilleur que celui du DCGS. Début 2010, une demi-douzaine d’unités le constatent en Irak et en Afghanistan, contournant les procédures d’appels d’offres du Pentagone.

Michael Flynn
Crédits : Defense.gov

Par chance, ils ne sont pas les seuls. Dans un article intitulé « Réparer le renseignement », le Center for a New American Security, un think tank basé à Washington, dénonce « l’incapacité de l’appareillage du renseignement à répondre aux questions fondamentales sur l’environnement où opèrent les forces américaines et leurs alliés ». Il manque, pointe le papier, « des centres capables d’absorber l’information avec la rigueur des historiens, de l’organiser avec les compétences de bibliothécaires et de la partager avec le zèle des journalistes. » L’un des auteurs est le responsable du renseignement en Afghanistan, le lieutenant Michael Flynn. « Je savais que nous devions présenter Palantir à cet homme », se souvient Philippone.

Dès le 2 juillet, celui-ci envoie un message au Pentagone réclamant l’achat des outils de Palantir. Le nombre de leurs adeptes ne cessent d’ailleurs de croître dans l’état-major. Responsable du commandement central, James Mattis se range à l’avis d’un de ses colonels, selon lequel « certains marines sont encore vivants grâce aux capacité du système [Palantir] ». En avril 2012, un rapport de l’Army Test and Evaluation Command (Atec) soulignant que « 96 % du personnel l’utilisant est satisfait » aurait même été enterré. Au contraire, en décembre 2014, le centre d’achat de l’armée constate qu’après 80 heures d’entraînement pour le maîtriser, le DCGS « n’est pas toujours opérationnel ».

La note

En 2009, le succès de Peter Thiel est encore contrarié. Le Pentagone lui résiste. Malgré tout, une vingtaine de personnes travaillent désormais dans les bureaux de Palantir sur la côte Est et les contrats tombent les uns après les autres. Dans un essai écrit cette année-là pour le Cato Institut, Thiel s’élève contre les impôts, le gouvernement, les femmes, les pauvres et même l’inexorabilité de la  mort. « Je ne pense pas que la liberté et la démocratie soit encore compatible », ajoute-t-il. Depuis les années 1920, « l’accroissement de nombre de bénéficiaires des aides sociales, et l’extension du droit de vote aux femmes ont transformé la notion de démocratie capitaliste en un oxymore. »

Tandis qu’il comptait huit programmes pilotes en 2007, le groupe travaille deux ans plus tard sur 50 projets. Il collabore avec le gouvernement australien et participe à différentes enquêtes internationales, comme celles sur les cyber-attaques en Géorgie, en 2008, et sur les opérations de cyber-espionnage contre le Dalaï-Lama. Il aide aussi un groupe d’investigation à résoudre le mystère qui plane autour du meurtre du journaliste du Wall Street Journal, Daniel Pearl, en 2002. Une rumeur insistante veut aussi que Palantir ait été impliqué dans la capture d’Oussama Ben Laden. Peu à peu, son activité s’étend du domaine militaire au policier.

Bientôt, le chef de la police de Los Angeles, Bill Bratton, compose le numéro de Peter Thiel. « Nous cherchions un outil pour avoir un meilleur panorama des appels radios qui entraient et sortaient », se souvient le capitaine Sean Malinowski. « Palantir a lancé une expérimentation avec nous pour construire cet outil. » Rapidement, c’est devenu une plateforme drainant les informations sur les interpellations et additionnant les plaques d’immatriculation. Il a même commencé à être envisagé comme une boule de cristal, à l’instar de celle du Seigneur des anneaux, dans laquelle on pourrait prévoir les crimes.

À partir d’ « interviews de terrain » réalisées par les policiers dans le quartier de Newton, au sud de Los Angeles, Palantir élabore un « bulletin de délinquants chroniques » identifiant de « potentiels » récidivistes. Cette compilation s’enrichit au rythme des contrats signés avec d’autres villes californiennes et elle est complétée par les bases de données des crimes régionaux. En 2011 y sont intégrés les éléments du California Law Enforcement Telecommunications System, qui référence notamment les condamnations des tribunaux. L’entreprise « se met au service de banques, d’hôpitaux, de cabinets d’avocats, de compagnies d’assurance et de groupes pharmaceutiques », liste pèle-mêle Newton Lee. En plus de tout cela, elle participe à une opération de déstabilisation de Wikileaks avant de battre sa coulpe.

Crédits : Palantir Technologies

En 2014, le système atteint un degré de précision tel que des recherches par noms, véhicules, mots-clés, lieux et même tatouages y sont possibles. On peut aussi y connaître les liens intimes entre suspects. En outre, la police de Los Angeles a envisagé d’y intégrer les informations des réseaux sociaux, des caméras de surveillance, des universités ou de pizzerias selon Sarah Brayne. Cette sociologue a passé deux ans et demi en immersions avec les agents de la Cités des anges. Elle sait que certaines individus pistés clament ne rien avoir à se reprocher. À Chicago, au moins deux personnes ont été considérés comme membres de gangs par erreur. « C’est typiquement le genre d’exemple qui montre comment les bases de données remplies d’informations non-vérifiées, voire souvent fausses, peuvent détruire la vie de gens » se lamente l’avocate de l’un d’eux, Vanessa del Valle.

En 2015, Palantir compte 29 applications, 5 550 utilisateurs dans 25 agences. Tout cela a un prix. Sur les 20 packs de Palantir achetés 122 000 euros chacun en 2011, la police de Los Angeles a dû payer de nouveaux frais à chaque mise à jour. Selon un rapport daté d’août 2015, « il est devenu nécessaire d’acheter des extensions et des serveurs pour maintenir les capacités de fonctionnement de l’analyse de données. » Seul Palantir peut réaliser la maintenance de ses produits. En 2016, la note totale s’élève à 20 millions de dollars. Palantir, de son côté, est valorisé à 20 milliards.

Après une collaboration de cinq ans, la police de New York décide en juin 2017 de se défaire de l’emprise qu’avait peu à peu acquis Palantir afin de construire son propre système. La Nouvelle-Orléans en fait de même en mars 2018, participant ainsi à un mouvement qui va à rebours de celui qui se dessine dans le monde du renseignement. Alors que les travers de son entreprise étaient montrés du doigt, Peter Thiel a pris part à une action en justice décisive. Il traine le Pentagone devant les tribunaux, arguant qu’il avait l’obligation de mettre en concurrence le DCGS avec l’offre de Palantir.

Le 31 octobre 2016, un tribunal fédéral a donné raison à Peter Thiel. Une loi de 1994 oblige les agences américaines à s’assurer que les appels d’offres sont définis de manière à ce que les acteurs privés aient l’opportunité d’y participer. Cela ne signifie pas pour autant que le Pentagone ait l’obligation de préférer Palantir au DCGS. Mais c’est ce qu’il a fini par faire, apprend-on en mars 2018. Il faut dire qu’entre-temps, Michel Flynn est devenu conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump jusqu’en février 2017 et James Mattis est toujours secrétaire d’État à la Défense. Palantir a beau être contesté, il a maintenant sa place au Pentagone. Ses employés sont prévenus : quelqu’un est les écoute peut-être comme Peter Cavicchia le faisait à J.P. Morgan Chase & Co.


Couverture : Surveillance de masse. (Matthew Henry/Unsplash/Ulyces)