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Les loups

« On était les rois du monde et 50 nous détestait », raconte Irv Gotti. « Il nous entendait à la radio et ça le rendait dingue. Mais je n’ai jamais dit à personne de ne pas le signer. Seulement, quand les gens m’appelaient à ce sujet, je répondais : “Je n’aime pas ce type et je ne veux rien avoir à faire avec lui.” Si ça c’est de l’ostracisme, alors je suis coupable. » Murder Inc. voulait enterrer 50 Cent parce qu’il avait osé s’en prendre à eux.

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Supreme O.G.

« Irv Gotti n’était pas assez puissant pour arrêter la carrière de qui que ce soit », dit 50. « Mais il a tenté son coup quand même. » Murder Inc. était le label du moment, et ils avaient Supreme avec eux. Leur influence était considérable et ils pensaient logiquement pouvoir gâcher la vie de 50. Mais tandis qu’ils devenaient peu à peu d’authentiques gangsters, ils sont tombés sous la coupe de Preme. Preme était respecté dans la rue comme au siège de Murder Inc. Il était leur Don Corleone. « Je sais que sur le papier, c’était Irv le patron », dit Superhead. « Mais quand Preme débarquait et disait quelque chose, tout le monde l’écoutait. » Preme avait même les clés de l’immeuble d’Universal Music et il allait et venait comme bon lui semblait. Lui et ses partenaires de crime faisaient ce qu’ils voulaient dans les locaux de Murder Inc. Ce que Supreme trafiquait exactement là-bas, c’est la question que se posait beaucoup de flics qui l’avaient à l’œil.

Au cours de leur enquête sur la Supreme Team, ils l’ont un jour suivi jusqu’au siège d’Universal Music Group, au coin de la Huitième Avenue et de la 50e Rue. Il a passé le contrôle de sécurité sans encombres et a disparu dans l’ascenseur. Un agent de sécurité a dit aux agents qu’il s’agissait de « M. Supreme », et il a ajouté qu’il travaillait en haut, chez Murders Inc. Mais les agents n’ont pas cru une seconde que Preme était un cadre de Def Jam, le label propriétaire de Murder Inc. Ils soupçonnaient quelque chose de bien plus nuisible. Preme jouait le jeu, malgré tout. Il tenait son rôle de protecteur et avertissait tous les nouveaux venus : « Ne jouez jamais aux cons avec Murder Inc. » C’était grâce à eux qu’il croûtait, et il avait pour mission de protéger leurs intérêts. Preme était sur les deux fronts à l’époque, l’entertainment et la rue. Il menait une double vie. Pour lui, le beef avec 50 Cent était dérisoire, mais 50 ne voulait pas la fermer. « Il est coléreux et il dit toujours ce qu’il pense », dit Preme. Murder Inc. et Preme régnaient sur les quartiers aussi bien que sur l’industrie de la musique. « It’s Murdah », le slogan de Murder, Inc., était graffé sur les murs de South Jamaica pour que tout le monde sache bien qui dirigeait le quartier.

La vie avait fait un tour complet pour Preme : dans les années 1980, les murs étaient couverts de graffs « Supreme Team ». « Il y avait quelque chose de spécial entre Moi et Preme », dit 50. « On parlait pas mal ensemble à un moment. Mais on a trop de choses en commun pour bien s’entendre. Sa vision des choses, c’est qu’il doit pouvoir faire ce qu’il veut, et c’est aussi la mienne. » 50 savait que Murder Inc. voulait saboter sa carrière. « J’avais rendez-vous pour un contrat avec DJ Clue et Rich Skane, son manager », raconte 50. « Et le premier truc qu’il m’a dit, c’est : “OK, j’ai parlé avec les loups et ils m’ont dit qu’il n’y avait pas de souci pour faire affaires avec toi.” À l’origine, Preme pensait que j’avais essayé de le tuer, car quelqu’un lui avait tiré dessus à la station service. Mais Skane m’a dit : “J’ai parlé à Preme, et il m’a assuré qu’il n’y avait pas de problème. Il a eu la preuve que tu n’y étais pour rien.” » Depuis que Preme était de retour aux affaires, sa vie avait été menacée à deux reprises. « La nouvelle génération pensait que l’époque de Preme était révolue. Ils ne respectaient personne », dit Tuck. lls ont bien failli l’avoir à la station service. « Ils ont essayé de le coincer pour l’allumer », raconte le Southside Player – un autre membre de la Supreme Team. « Mais Preme était bon conducteur et il a réussi à s’enfuir. »

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La Supreme Team dans les années 1980

Même si Murder Inc. crevait d’envie de gâcher la carrière de 50, Preme a décidé une fois de plus de laisser une chance au gamin. Preme était un vrai gangster, ces trucs de rap n’avaient aucune valeur à ses yeux. « Je pense qu’il sent bien quand une situation peut dégénénérer, et vu qu’il connaissait les deux parties, je pense qu’il se sentait obligé de se mettre au milieu pour tenter de trouver une issue pacifique au problème », analyse T. « C’est quelqu’un de très diplomate qui pense que la violence est une option qui peut être évitée. Mais comme il était du côté de Murder Inc., il s’est mis à dos certains de leurs rivaux. » Dont 50 Cent. Et même un gangster qui tente de se ranger à son seuil de tolérance. « Après la réunion à laquelle 50 n’est pas venue, Preme a dit qu’il ne pouvait plus rien pour lui », raconte T. Supreme a cessé de se prononcer en faveur de la paix lorsqu’il a réalisé que 50 était un provocateur, une réputation qu’il s’était taillé avec le morceau « Ghetto Qur’an (Forgive Me Part 1) », sorti en 2000. Chaz avait averti 50 que le morceau déplairait à pas mal de criminels cités dans les lyrics, mais 50 ne voulait rien savoir. Le morceau se retrouverait sur son premier album chez Columbia, Power of the Dollar, que Jam Master Jay avait aidé à produire. Chaz a souhaité bonne chance à 50 après l’avoir aidé à décrocher le deal avec Columbia.

Pour son premier album, 50 avait besoin d’une controverse. Il a fait de son mieux. « Preme adore se faire voir », dit 50. « Il veut être une putain de star. C’est pour ça que la première fois qu’il a entendu l’album, il m’a dit qu’il l’avait aimé. Il avait aimé “Ghetto Qur’an”. » Le morceau est un véritable arbre généalogique des dealers du Queens, et les paroles rendent hommage aux personnages légendaires qui ont peuplé l’enfance de 50 – dont Preme et Prince. « Les vétérans du Vietnam ont eu leur mémorial et tout ce que les mecs du Queens ont eu, ceux qui étaient dans la partie à l’époque, c’est cette chanson », dit 50. Il voulait qu’elle soit un hommage aux gangsters qu’il admirait quand il était plus jeune. Il n’avait pas écrit le morceau pour les balancer, mais quelque part entre le studio et les rues du Queens, sa signification s’est perdue et il était devenue synonyme de manque de respect envers les gangsters du quartier. « C’était très factuel », dit Supreme en parlant du morceau. « Dedans, il dit : “Supreme était le businessman et Prince était le tueur.” »

Mais Preme pense malgré tout que 50 n’aurait jamais dû parler de ces affaires en public. « À mon époque, il y avait un code de conduite », dit Supreme. « On ne parlait pas des types tant qu’ils n’étaient pas derrière les barreaux. » https://www.youtube.com/watch?v=BBqLuWGf3ZE&nohtml5=False 50 avait voulu bien faire, mais tout le monde l’avait abandonné. Il voulait passer pour un gangster, mais les gangsters le considéraient comme une balance à cause de sa chanson. Il ne pouvait pas gagner… et pourtant, il y est arrivé. 50 a su transformer l’échec et la controverse en succès. On n’en avait pas fini avec lui. Chaque fois que Murder Inc. baissait la garde ou se détournait, 50 contre-attaquait en les faisant passer pour des lâches. C’est alors que Preme et Murder Inc. ont décidé de se débarrasser de 50. « 50 n’a jamais fait les 400 coups », dit T. « Tout ce que 50 a fait, c’est d’aller dans un boot camp – un truc que ne ferait jamais Supreme –, où des types te gueulent en plein visage de faire 100 pompes. » « Ce gamin n’a jamais rien vécu », dit Preme. « Moi, j’ai vécu parmi les loups. » Mais même les plans les mieux préparés peuvent mal tourner.

Lazarus

Le 24 mai 2000, 50 et un ami à lui étaient assis à l’arrière d’une voiture garée devant la maison de sa grand-mère, sur la 161e rue à South Jamaica. Une ombre s’est avancée vers le véhicule, du côté de 50, et lui a tiré neuf balles dans le corps, le touchant à la main, à la hanche, au mollet, dans la poitrine et au visage. Son assaillant pris la fuite, laissant 50 pour mort. Mais il a survécu. « Quand je me suis fait tirer dessus, il était midi, c’est dire à quel point je n’étais pas en sécurité », raconte 50. « Même en pleine journée j’étais en danger. Je serais allé au supermarché avec ma mère, ç’aurait été pareil. Je ne suis pas du genre à avoir peur, mais quand vous avez affaire à de vrais gangsters, vous êtes dans une impasse. Ça arrive tellement vite que vous ne pouvez même pas répliquer. J’ai eu peur tout le long. Je regardais dans le rétroviseur en me disant : “Putain de merde, quelqu’un m’a tiré dans le visage. Ça brûle, ça brûle, ça brûle.” »

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50 Cent à l’hôpital dans son film
Crédits : Paramount Pictures

Le lieutenant Richard Bellucci, de la brigade des homicides du Queens, était chargé d’écrire le rapport. D’après Bellucci, 50 était dans une voiture quand deux autres véhicules lui ont barré la route. Un homme est sorti d’un des véhicules et lui a tiré dessus de nombreuses fois avant de prendre la fuite. 50 n’a pas voulu coopérer avec la police, et il maudissait la Terre entière sur le chemin de l’hôpital. Le lieutenant Bellucci n’a pas insisté davantage pour pousser 50 à parler. Résultat, personne n’a jamais su qui lui avait tiré dessus. Mais dans une interview sur la station de radio Hot 97, 50 a identifié Darryl “Hommo” Baum comme étant le tireur. Et dans l’un de ses morceaux, il rappe : « Hommo m’a tiré dessus/Trois mois après il s’est fait descendre », sous-entendant qu’il était potentiellement impliqué dans l’affaire. Mais le journaliste Ethan Brown remet les pendules à l’heure : « Ce qui est arrivé au type qui a tiré sur 50 a moins à voir avec le hip-hop et 50 que ce qu’il veut que les gens croient. »

Love, un autre membre de la Supreme Team, raconte de son côté que Supreme, Chauncey « God B » Milliner et Robert « Son » Lyons – le garde du corps de Ja Rule et tireur présumé – se sont retrouvés dans un garage de Brooklyn immédiatement après l’attaque de mai 2000. Love raconte que Preme et les deux autres ont tendu une embuscade à 50 devant la maison de sa grand-mère, et qu’il s’est fait tirer dessus pour avoir cité le nom de Preme dans le morceau « Ghetto Qur’an ». Croyant que 50 y était resté, le trio a retrouvé Love. Ils se sont lavés les mains à l’alcool isopropylique et ont convenu d’un alibi : ils étaient allés faire du shopping dans le centre de Brooklyn. « Supreme a dit : “Je l’ai eu” », raconte Love. « Je ne savais pas de qui il parlait, alors Supreme m’a dit clairement qu’il avait eu 50 Cent. Il pensait qu’il était mort. Il s’était fait tirer dessus beaucoup de fois et il y avait beaucoup de sang. Il m’a expliqué qu’ils avaient attendu qu’il sorte de chez sa grand-mère et qu’il monte dans une voiture. C’est là qu’ils lui ont tiré dessus. » Love ajoute que Preme avait engagé Son pour se débarrasser de 50, et il affirme que Son avait de la poudre à canon sur les mains quand il l’a vu. Aux yeux de Supreme et de Murder Inc., 50 avait eu ce qu’il méritait : la justice de la rue.

Preme réglait ses problèmes en les éliminant. C’était un gangster. Au sein Murder Inc., où se brouillait la frontière entre l’entertainment et la réalité, ce qui s’était passé semblait justifié à tout le monde. Quand Chaz avait tourné le dos à 50, il l’avait condamné à mort. Sans un authentique gangster pour le protéger, le tuer était acceptable. « Après m’être fait tirer dessus, j’ai appelé la maison de ma grand-mère », dit 50. « Je lui ai demandé : “Quelqu’un a cherché à me joindre ici ?” Elle m’a dit que non. “Tu es bien sûre que personne n’a cherché à me joindre chez toi ? Le vieux n’a pas appelé ?” Ces types avaient 50 et 47 ans. J’ai insisté : “Tu n’as pas reçu de coup de fil d’un vieux monsieur qui demandait à me parler ?” Elle m’a assuré que non. Alors dans ma tête, je me suis dit que même si Chaz ne savait pas exactement ce qui allait se passer avant, maintenant il était au courant. C’est pour ça qu’il n’avait pas appelé. Et ils se demandent pourquoi je n’ai pas voulu aller à la réunion avec lui… » Pour 50, il était clair que Chaz l’avait trahi. Mais il avait des choses plus pressantes à régler. « Il fallait que je mette mon fils à l’abri, loin d’ici, pour que je puisse revenir sur place quand je serais guéri. » 50 a inventé l’histoire de Hommo pour prouver à Supreme qu’il n’était pas une balance. À présent, il restait à lui prouver qu’il était un gangster.

Après la tentative d’assassinat dont il avait été victime, Columbia Records a lâché 50 Cent.

« Je pionçais devant la cité Baisley, en face de la maison de la grand-mère de Supreme, dans un Dodge Caravan de 1993 avec trois jantes sur quatre, en attendant de le tuer », raconte 50. « Ils ne se seraient jamais attendus à ça. Quand je m’étais embrouillé avec Supreme la première fois, je ne me sentais pas à l’aise sans un gilet pare-balles et un flingue, et quelqu’un pour m’accompagner qui portait lui aussi un gilet et un flingue. Ces types ne rigolent pas. Mais là vous savez ce que je me suis dit ? Je me suis dit : “Va te faire foutre. Si je te vois, je t’explose la tête en plein jour.” Les mecs du quartier se demandaient comment ça allait finir, parce qu’ils se disaient qu’après m’être fait tirer dessus neuf fois, je n’avais plus rien à perdre. »

Après la tentative d’assassinat dont il avait été victime, Columbia Records a lâché 50 Cent. « Ils ont eu peur », dit-il. « Pour moi, se faire tirer dessus n’était pas aussi grave que de se faire lourder. Après 13 jours passés à l’hôpital, on pense que tout va bien, qu’on va pouvoir reprendre du service. Et voilà qu’ils me disaient au revoir. » Supreme et Murder Inc. étaient extatiques. Apparemment, un message reçu sur l’un des pagers du crew après qu’il se soit fait tirer dessus disait : « Nique demi-dollar, moi et mes soss on tue pour s’amuser. » Irv Gotti aurait aussi envoyé une série de messages dans les 30 minutes suivant l’embuscade en demandant combien de fois 50 avait été touché et s’il avait été tué. Même s’il n’était pas mort – ce qu’ils avaient du mal à croire compte tenu du nombre de balles qu’on lui avait tiré dessus –, Murder Inc. s’est dit qu’il était fini après que Columbia l’a laissé tomber. Mission accomplie. Mais 50 Cent n’en est pas resté là. « Le premier morceau que j’ai sorti s’appelait “Fuck You”. Dedans, je disais aux types qui m’avaient tiré dessus d’aller se faire foutre », dit 50. « Ce qui m’était arrivé était public, les gens savaient qu’on m’avait tiré dessus. Avant qu’ils n’aillent en prison [Supreme a été condamné à perpétuité pour ses activités criminelles en 2007], je leur ai dit sur ce morceau que si on se recroisait, je leur ferais la peau. » 50 montait en pression, et Murder Inc. et Supreme ont été pris dans un tourbillon médiatique. C’est devenu plus qu’un simple beef. Quand Preme et Murder Inc. avaient tenté de descendre 50, il était à deux doigts de se retrouver sur la paille. Il voulait donc littéralement devenir riche ou mourir en essayant, et 50 a fait du drame qu’il avait vécu un véritable show pour les fans. Il n’a pas réglé l’histoire dans la rue, il l’a réglée en musique. « Si c’était resté au niveau de la rue, on avait gagné. Mais il en a fait un morceau », dit Ja Rule. https://www.youtube.com/watch?v=P-Y9J8H931s&nohtml5=False

Tout le monde dans la rue savait que les actes importaient plus que les mots, et les actes de 50 ne valaient rien. Mais il était décidément fort avec les mots. En représailles à ce qu’il avait subi, 50 a détruit les carrières de tout le monde. En dénonçant sèchement ses bourreaux dans ses morceaux et ses interviews, il était à lui seul un escadron de la mort. Il était en croisade contre ceux qui avaient voulu attenter à sa vie. « Je n’ai jamais dit que c’était une balance », dit Supreme. « J’ai dit que son comportement pouvait être interprété comme de la dénonciation pure et simple. Je veux parler du fait qu’il a été en contact avec des agents fédéraux et qu’il leur a dit d’écouter ses paroles. » Parce qu’en vérité, il y racontait tout ce que les fédéraux avaient envie d’entendre. « Je suis un gangster depuis le début », dit 50. « Je suis un produit de mon environnement. Quand j’ai fait mon retour, la seule chose que je voulais c’était assassiner ces mecs au micro. Je voulais leur montrer qu’ils avaient eu tort de s’en prendre à moi. Ils savent ce qu’il se passe quand on rate son coup. J’ai sorti “Fuck You”. Je ne l’ai même pas écrit, je me suis juste enfermé dans la cabine et j’ai balancé tout ce que j’avais dans la tête. » 50 avait finalement réussi à retourner la situation pour devenir le maître du jeu. Murder Inc. et Supreme se montraient moins réalistes que lui et ils ont probablement été pris par surprise. Tandis que 50 s’élevait vers la gloire, Murder Inc. dégringolait complètement. « J’aurais dû signer Ja Rule après ça », plaisante 50. « Après l’avoir détruit, je l’aurais reconstruit. Parce qu’il n’a jamais été assez fort pour se mesurer à moi individuellement. Ils auraient dû être plus malins et lui dire d’éviter de me chercher. » Quand 50 a signé avec Eminem et Dr. Dre, son avenir était tout tracé et il est devenu évident que Get Rich or Die Tryin’ n’était pas juste un titre d’album, mais une mission que s’était donnée 50. Il a laissé derrière lui Murder Inc. et Supreme face à une enquête fédérale sévère. L’avenir ne serait pas aussi radieux pour eux.

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Get Rich or Die Tryin’

Depuis la prison où il est incarcéré à vie, Preme fulmine : « Il se la joue, mais ce n’est pas un gangster. À ce train-là, on le verra bientôt dans des pubs pour vendre des macaronis au fromage. » Quand il sera plus vieux, cela pourrait arriver. Il ira certainement là où est l’argent. 50 a fait retirer tous ses tatouages et il joue plus qu’il ne rappe depuis longtemps déjà. « Il faut que les gens réalisent que les vrais gangsters ne rappent pas, et que les rappeurs ne sont pas des gangsters », explique T. « Les rappeurs se fabriquent une image, c’est tout. Tout comme Al Pacino n’était pas Scarface, Curtis Jackson n’est pas 50 Cent. »


Traduit de l’anglais par Nicolas Prouillac et Arthur Scheuer d’après un extrait du livre de Seth Ferranti, Supreme Team. Couverture : Ja Rule


LES ORIGINES DU LABEL DE DRAKE,  NICKI MINAJ ET YOUNG THUG

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Aux origines du succès planétaire de Drake, Lil Wayne et Nicki Minaj, il y a deux frères partis de rien pour monter un label aujourd’hui richissime.

Bryan « Birdman » Williams, « Baby » pour les intimes, revient régulièrement dans les classements de Forbes des artistes de hip-hop les plus fortunés. Ses exploits en tant que cofondateur de Cash Money Records et en tant que rappeur – en solo ou avec Big Tymers, son duo avec Mannie Fresh – sont bien connus. Sa fortune a légèrement baissé cette année en raison de l’incertitude qui plane autour de Cash Money Records, son actif le plus important. Ses conflits avec Lil Wayne en sont évidemment la cause et ils pourraient avoir un impact dramatique sur la compagnie si ce dernier venait à partir, entraînant Nicki Minaj et Drake avec lui.

Bryan "Birdman" WilliamsCrédits

Bryan « Birdman » Williams
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Mais la situation n’est pas inédite et découle de méthodes éprouvées, qui remontent au début des années 1990. Les premières années de Cash Money révèlent un certain nombre d’aspects positifs et négatifs de son éthique d’entreprise, qui est restée inchangée depuis l’origine. Avant d’avoir conduit Drake et Nicki au succès, avant les compagnies pétrolières et les voitures à huit millions de dollars, avant même le fameux contrat de trente millions de dollars signé avec Universal Records, William et son frère Ronald (plus connu sous le nom de « Slim ») ont passé les premières heures des années 1990 à transformer Cash Money en acteur dynamique de la Nouvelle-Orléans. Johnny, le père des frères Williams, était propriétaire de plusieurs affaires. « Il avait quelques bars », m’a raconté Baby. « Ainsi que des supérettes, une laverie automatique… c’était un touche-à-tout. » Enfants, les deux frères venaient y passer du temps avec leur père, très occupé, prenant ainsi leurs premières leçons dans les affaires. « En nous montrant à l’époque comment il gérait son business, il nous a appris à nous montrer entreprenants, à faire les choses par nous-mêmes et à être nos propres patrons », se souvient Baby. Une leçon qui sera prise très à cœur. En grandissant dans les bars de leur père, les deux garçons sont devenus amateurs de musique. Un genre de hip-hop originaire de la Nouvelle-Orléans, la bounce, a gagné en popularité au début des années 1990 ; et en 1991, Baby et Slim étaient ainsi bien décidés à « lancer un label et faire quelque chose de différent », ne manque pas de souligner Baby.

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