Avez-vous assez de vitamine D ? Il n’est pas impossible qu’un manque de soleil lié au confinement printanier ait entraîné chez certains d’entre nous une carence de cette hormone essentielle à l’être humain. D’autant plus essentielle que certains chercheurs suggèrent qu’elle pourrait aider à prévenir et combattre efficacement le Covid-19. C’est ce qu’a découvert le chercheur britannique Adrian Martineau, de l’université Queen Mary de Londres.

Il écrit dans son étude parue en août dans la revue The Lancet qu’il y a « de bonnes raisons de postuler que la vitamine D module favorablement les réponses de l’hôte au syndrome respiratoire aigu sévère coronavirus 2 (SARS-Cov-2), au stade primaire de l’infection et plus tard, dans les phases hyperinflammatoires du Covid-19 ». D’autres chercheurs, plus mesurés, estiment qu’il n’y a pas encore suffisamment de preuves qui permettent de conclure que la vitamine D aide à combattre précisément le coronavirus.

Mais tous reconnaissent qu’elle arme le corps contre les maladies, et qu’une carence en vitamine D peut entraîner fatigue, faiblesse musculaire et nous exposer davantage aux maladies respiratoires. Si le soleil ne suffit pas, sachez qu’on la trouve en abondance dans le caviar, le foie gras, les huîtres ou le fromage. Et si un bon gueuleton pouvait nous sauver la vie ?

Des hypothèses fumeuses ?

Dans la salle de presse de la Maison-Blanche, Donald Trump se penche sans cesse vers la droite. On lui a beaucoup reproché d’être irrationnel, alors le président américain prend à partie son conseiller scientifique. Ce jeudi 23 avril, s’appuyant sur une étude menée par Bill Bryan au Centre national d’analyse et de contre-mesures en matière de biodéfense, il donne les étapes d’un étrange remède au Covid-19 : « Suppo­sons qu’on soumette le corps à une énorme quan­tité d’UV ou à une lumière vive […] et suppo­sons qu’on amène la lumière à l’in­té­rieur du corps à travers la peau ou autre […] cela me semble très inté­res­sant. » Selon les résultats obtenus par Bill Bryan et ses collègues, « la chaleur et l’humidité sont des maillons faibles de la chaîne de transmission du virus ». Les rayons UV enrayent par exemple sa propagation d’un sujet à l’autre.

Au cours de la même conférence de presse, Donald Trump semble surpris par l’efficacité des désinfectants comme l’eau de javel. « Je vois que le désinfectant élimine le virus en une minute. Une minute ! » s’exclame-t-il. Il est si surpris qu’un éclair de génie lui traverse l’esprit : « Y a-t-il un moyen de faire quelque chose comme ça par injection ? » propose-t-il, en évoquant « un nettoyage » à l’intérieur même des poumons puisque le virus y fait « énormément de dégâts ».

Les médecins du monde entier ont immédiatement proscrit ce traitement, en déconseillant l’hydratation au gel hydroalcoolique ou encore les séances d’UV qui, d’après l’OMS, peuvent provoquer des irritations de la peau. Un tel traitement aux rayons UV serait susceptible de « faire frire les gens » selon Dan Arnold, employé de UV Light Technology, une entreprise qui fournit du matériel aux hôpitaux britanniques.

Si Trump pêche par extrapolation, la sensibilité du Covid-19 à la chaleur et à l’humidité n’en reste pas moins un facteur à prendre en compte. Et ce n’est pas le seul. Une étude française suggère que la nicotine pourrait réduire les risques d’infection au Covid-19. Publiée le mardi 22 avril par des neurobiologistes de l’hôpital de la Pitié Salpêtrière à Paris, elle montre que les fumeurs sont moins touchés par le virus que les autres personnes. En étudiant un groupe de 350 personnes malades d’un âge médian de 65 ans, ainsi qu’un autre groupe de 130 personnes avec une moyenne d’âge de 44 ans, le professeur de médecine Zahir Amoura a constaté qu’ « il y a à peu près 80 % de fumeurs en moins dans les populations Covid que dans la population générale, de même sexe et de même âge ».

Crédits : Maison-Blanche

Selon Jean-Pierre Chan­geux, membre de l’Académie des sciences, la nico­tine empê­che­rait le coro­na­vi­rus de péné­trer les cellules de l’or­ga­nisme, entra­vant ainsi le développement de la maladie. Cette hypothèse, encore loin d’être confirmée, fait l’objet de piste de recherches. Les scientifiques rappellent que la consommation de tabac est fortement déconseillée puisqu’elle rend vulnérable à d’autres pathologies.

Une autre étude récente lancée par des chercheurs israéliens suppose que le cannabis aiderait à guérir du Covid-19. Des essais cliniques ont été lancés dimanche 19 avril pour vérifier cette hypothèse. Cette dernière se base sur les propriétés anti-inflammatoires du cannabidiol (CBD) qui seraient susceptible d’em­pê­cher des décès chez les malades du Covid-19. Le CBD est testé en association avec d’autres traitements (à base de stéroïdes notamment) dans le but de diminuer la réponse immunitaire de l’organisme qui, par sa puissance, peut être fatale. Mais pour l’instant, les médecins recommandent principalement d’éviter la consommation de cannabis en attendant des résultats officiels de ces recherches. Et ils privilégient des médicaments qui ont déjà été utilisés pour d’autres maladies.

Chloroquine et autres

Deux hommes ont beaucoup fait pour la popularité de la chloroquine. Le médecin marseillais Didier Raoult a utilisé un dérivé de cette substance, l’hydroxychloroquine (commercialisée sous le nom de Plaquenil), pour traiter 24 malades atteints du virus. Au bout de six jours, 75 % d’entre eux avaient une charge néga­tive. Le 16 mars dernier, un autre iconoclaste, Elon Musk, relayait les recherches de deux Américains parlant de la chloroquine comme d’un « traitement efficace » contre le Covid-19.

De nombreux essais cliniques ont toutefois démontré que la chloroquine n’était pas un remède si prometteur, puisqu’elle peut entraîner des effets secondaires graves pour certains patients. Une première étude menée au Brésil sur un traitement à base de chloroquine a été interrompue après l’apparition de complications cardiovasculaires chez plusieurs patients. Certains en sont même décédés. Le but de cette étude était de tester l’efficacité de la chloroquine contre le virus en injectant des doses plus ou moins élevées à différents groupes de personnes.

Alors que Donald Trump demandait haut et fort un recours à l’usage massif de l’hydroxychloroquine aux États-Unis il y a quelques semaines, une étude récente réalisée par des chercheurs américains pourrait lui donner tort. Publiée le 21 avril, elle démontre que l’hydroxychloroquine augmente le taux de mortalité des malades du Covid-19. Différents traitements ont été administrés sur un groupe de 368 personnes mais le résultat est sans appel : les décès sont 2,5 fois plus nombreux avec un traitement à base d’hydroxychloroquine qu’avec un traitement dit standard (28 % de décès contre 11,4 % respectivement).

Didier Raoult

Affirmant avoir les preuves indiscutables de l’efficacité clinique de l’association d’hydroxychloroquine et d’azithromycine, le professeur Raoult la prescrit largement dans son hôpital et en fait la promotion. Cependant, l’étude suscitée est aussi pessimiste à l’égard de cette combinaison. L’hydroxychloroquine et l’azithromycine ont été administrées à certaines personnes parmi les 368 patients. Encore une fois, le traitement n’a pas été pas efficace puisque les chercheurs enregistrent un taux de mortalité de 22 %, soit deux fois plus qu’avec le traitement standard. Didier Raoult remet en cause cette étude américaine en la qualifiant de « fake news ».

Selon lui, « les patients traités à l’hydroxychloroquine étaient déjà dans un état critique et atteints de lymphopénie », ce qui en fait une « étude frauduleuse ». De son côté, Didier Raoult a mené plusieurs études au sein de l’IHU Marseille Infection visant à prouver l’efficacité de son traitement contre le Covid-19. Cependant, la méthodologie de ses essais cliniques, non conforme aux standards internationaux, suscite le scepticisme d’une partie de la communauté scientifique. La dernière en date, portant sur plus de 1 000 patients atteints du coronavirus, fait d’ailleurs l’objet d’une enquête de l’Agence nationale du médicament (ANSM).

Jeudi 23 avril, l’Organisation mondiale de la santé a publié les résultats de tests préliminaires voués à déterminer l’efficacité du remdesivir, un antiviral produit par la société américaine Gilead Sciences. Ils n’ont pas été concluants. Au Burkina Faso et au Bénin, des essais sont en cours avec l’avipirine, un médicament employé dans le traitement du VIH. Mais la preuve de son efficacité n’a pas encore été faite. En attendant, les premiers essais cliniques de vaccin contre le Covid-19 ont commencé au Royaume-Uni. Mais comme il leur faudra des mois pour pouvoir le mettre au point, la quête du remède est plus importante que jamais. Même Donald Trump en est conscient.


Couverture : Dimitri Houtteman