Crédits : The Guardian

En Sicile, le capitaine Carlo Giarratano et son père risquent d’être condamnés à payer une lourde amende, voire à plusieurs mois d’emprisonnement, pour avoir porté secours à des migrants, raconte le Guardian. À la fin du mois de juillet 2019, Carlo Giarratano pêchait au large des côtes libyennes quand, à 3 heures du matin, l’homme de 36 ans a entendu des cris de détresse. Il a alors découvert une cinquantaine de personnes entassées à bord d’un canot qui prenait l’eau, et à cours de carburant.

Avec l’aide de son père, toujours à terre, l’homme de 36 ans est venu au secours des migrants, leur offrant à manger et à boire, ainsi qu’un seau pour vider l’eau du canot. Il leur a fallu attendre 24 heures en haute mer avant de voir arriver un bateau des garde-côtes italiens venir les aider, et transférer les migrants vers la Sicile.

Ce n’est pas la première fois que le capitaine sauve des migrants de la noyade. Il se souvient ainsi d’avoir secouru, en novembre 2018, 189 personnes, dans la même zone qu’en juillet dernier. Ce sauvetage a cependant été moins médiatisé, puisque le projet de loi rédigé par le ministre de l’Intérieur Matteo Salvini n’a été adopté qu’en juin 2019. Les ONG et particuliers qui ramènent des migrants en Italie sur leurs navires, ou leur viennent en aide sans autorisation, risquent désormais une amende pouvant aller jusqu’à 50 000 euros, et une peine d’emprisonnement pour chaque membre de l’équipage.

Les deux Siciliens savaient donc bien ce qu’ils risquaient en aidant ce groupe perdu en mer, mais ils n’ont pas hésité une seconde. « Aucun marin ne serait rentré au port sans avoir la certitude d’avoir sauvé ces vies. Si j’avais ignoré ces appels au secours, je n’aurais jamais eu le courage de reprendre la mer », affirme Carlo Giarratano, loin de regretter son acte. « Je mentirais si je disais que je n’ai pas pensé au fait que j’allais peut-être finir en prison, quand j’ai vu ce canot à la dérive. Mais je savais au plus profond de mon être que ma mauvaise conscience serait pire que la prison. J’aurais été hanté jusqu’à ma mort par ces cris désespérés », affirme aujourd’hui Carlo Giarratano.

Depuis l’arrivée au gouvernement de Matteo Salvini, en juin 2018, les ports italiens ont été totalement fermés, de manière à ne laisser passer aucun navire ayant secouru des migrants. Toujours dans l’attente de savoir quel sort va lui être réservé, le capitaine déplore la politique mise en place dans son pays. « Je me demande si un seul de nos politiciens a déjà entendu des appels à l’aide désespérés en haute mer, dans la nuit noire. »

Source : The Guardian