On en sait un peu plus sur la force des « corps noirs », des objets opaques qui absorbent la lumière visible sans la refléter ni la transmettre. Si nous n’en avons encore jamais découvert dans la nature, cela n’empêche pas les physiciens d’explorer ces corps noirs et leurs caractéristiques déboussolantes. D’après une étude  datant du 12 mai dernier, des recherches portant sur le rayonnement du corps noir montrent que l’effet de radiation sur les particules qui entourent des objets massifs peut être amplifié par l’espace qui se déforme autour d’eux. Une découverte qui pourrait affecter la manière dont nous modélisons la formation des étoiles et des planètes, et même nous aider à détecter une forme théorique de radiation qui permet aux trous noirs de s’évaporer (un phénomène théorisé par Stephen Hawking). En 2013, des physiciens ont annoncé que le rayonnement émis par les corps noirs – ces modèles physiques idéals capables d’absorber complètement toutes les radiations électromagnétiques incidentes sur leur surface – pouvait non seulement pousser les petites particules, mais aussi les rapprocher davantage. Dans le cas d’objets assez chauds mais dotés d’une petite masse, cette force de poussée pourrait excéder leur attraction gravitationnelle. Les chercheurs se sont récemment penchés sur la forme du corps noir et son effet sur la courbure de l’espace-temps environnant, à partir des principes d’attraction et de répulsion. Les scientifiques ont donc étudié la déformation de l’espace autour d’un modèle de corps noir sphérique et un autre cylindrique, pour observer de quelle façon la forme d’un corps noir pouvait affecter son rayonnement. Ils ont découvert que la courbure du corps noir sphérique et la topologie de l’espace qui l’entourait avaient un effet amplificateur sur sa force d’attraction. À l’inverse, cela n’a pas été le cas pour le cylindre, à cause de sa surface plane et de son espace environnant où l’effet du corps noir n’était pas amplifié. « Nous pensons que l’intensification de rayonnement du corps noir due à des sources ultra-denses peut influencer les phénomènes qui leur sont associés, tels que l’émission de particules hautement énergétiques ainsi que la formation de disques d’accrétion autour des trous noirs », explique Celio Muniz, l’auteur principal de cette étude issu de l’université d’État de Cearà, au Brésil. Des conclusions particulièrement intéressantes pour l’étude des objets les plus massifs de l’univers (étoiles à neutrons, trous noirs…), dont les comportements jusqu’ici nébuleux pourraient révéler certains de leurs secrets. Source : Europhysics Letters