Le Premier ministre hongrois Viktor Orbán a annoncé mercredi 21 juillet que son gouvernement d’extrême-droite organiserait un référendum national sur la « protection de l’enfance ». Un euphémisme pour désigner certaines parties d’une loi récente largement condamnée comme discriminatoire, interdisant toute représentation des personnes LGBTQ+ dans les documents destinés aux enfants, rapporte Le Monde.

Annoncé trois jours avant la marche des fiertés de Budapest, la capitale hongroise, le référendum comportera cinq questions, dont : « Êtes-vous favorable à ce que l’on montre aux mineurs, sans aucune restriction, des contenus médiatiques à caractère sexuel susceptibles d’influencer leur développement ? » Les citoyen.ne.s hongrois.e.s devront se prononcer sur leur accord « à la promotion des traitements de changement de sexe pour les enfants » ou encore « à l’enseignement de l’orientation sexuelle aux enfants sans le consentement des parents ». Le quotidien du pouvoir, Magyar Nemzet, date à « janvier ou, au plus tard, février [2022] » la tenue du référendum, soit juste avant la tenue des élections législatives de 2022.

Ce plébiscite citoyen entre dans le cadre de la loi dite « anti-pédophile », adoptée par le parti au pouvoir, le Fidesz, le 15 juin 2021. Elle interdit notamment « de montrer l’homosexualité et le changement de genre » aux mineurs. La loi fait ainsi un amalgame grossier entre homosexualité, transidentité et pédophilie. Elle limite également l’éducation sexuelle dans les écoles aux organisations approuvées par le gouvernement.

« On va pouvoir enfin savoir qui est en faveur de la protection des enfants et qui est prêt à sacrifier leur développement sain sur l’autel de la propagande du genre », a salué le chroniqueur nationaliste Miklos Szantho. Le mois dernier, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a qualifié le projet de loi de « honte » et de discriminatoire. « J’utiliserai tous les pouvoirs juridiques de la Commission européenne pour veiller à ce que les droits de tous les citoyens européens soient garantis », a-t-elle affirmé sur Twitter.

La rhétorique anti-LGBT de Viktor Orbán fait partie d’une stratégie politique vigoureuse à l’approche, le printemps prochain, d’élections cruciales. Après des années de campagne contre les réfugiés et la migration, l’inflexible Premier ministre hongrois a trouvé une nouvelle cible. En plein marasme de l’affaire Pegasus, dans laquelle la Hongrie est accusée d’espionnage, cette annonce représente aussi pour certains une tentative de diversion.

Source : Le Monde