Pourriez-vous résumer la ligne éditoriale de SEPT ? SEPT est un site d’information payant qui privilégie l’enquête, le reportage et l’image (photo, vidéo, dessins, infog…). Nous voulons pratiquer un journalisme d’intérêt public dans l’intérêt du public. Un journalisme indépendant et constructif. Nous parions également sur les longs formats en nous disant tous les matins qu’il faut privilégier l’info à l’actu. Pour SEPT, c’est la qualité qui prime sur la quantité. Une stratégie qui nous a valu un premier prix prestigieux de journalisme. Est-ce que SEPT est né dans une dynamique plus générale de modernisation de la presse suisse ? Pas vraiment. La presse suisse peine encore à se moderniser. Et pour être direct avec vous, elle est très en retard parce qu’elle n’a pas encore traversé réellement les orages de la crise. Mais ça vient. Malheureusement. Pourquoi ce retard ? La presse est encore trop tenue par les grands éditeurs qui sont des hommes de presse – au sens propre du terme – et non de médias. Pour eux, le net n’a jamais été qu’un faire-valoir du papier. Surtout, la Confédération n’a pas pris encore conscience des bouleversements actuels en matière d’information. On en est encore aux temps de l’ORTF avec une subvention énorme pour la SSR (Société suisse de radiodiffusion et télévision), les chaînes publiques donc, et des miettes pour les privées. Entredeux, les start-ups comme SEPT ne reçoivent rien et doivent se débrouiller avec les moyens du bord. Donc pour répondre à votre question, SEPT est né de l’envie d’un noyau de quelques journalistes, photographes… et surtout d’un investisseur qui a été d’accord de prendre le risque financier d’une telle opération durant cinq ans. SEPT se veut aussi un laboratoire de l’info. Nous testons des nouveaux formats, des nouvelles manières de raconter des histoires. Pourquoi avoir choisi de diffuser SEPT aussi bien au format numérique qu’au format papier ? SEPT est un site d’information avant tout. Un site qui produit effectivement chaque vendredi un best of de sa production hebdomadaire. C’est un magazine petit format d’une quarantaine de pages. Pour nous, c’est l’occasion de présenter autrement notre travail, d’être lu par d’autres publics. Le papier renvoie également au site. Dans ce sens, il nous sert de produit d’appel. – Patrick Vallélian, directeur des publications de SEPT Entrevue réalisée par Arthur Scheuer. Capture d’écran 2014-09-20 à 13.50.22