Crédits : RIAA/Ulyces.co Tous les amateurs de musique sont au courant, Jay-Z a sorti son 13e album studio le 30 juin dernier en streaming, exclusivement sur sa plateforme Tidal. Il n’est disponible que depuis ce vendredi 7 juillet sur les autres services de streaming musical (à l’exception de Spotify) et chez tous les vendeurs de disques des deux côtés de l’Atlantique. Pourtant, au matin du 5 juillet, la RIAA (pour Recording Industry Association of America) a annoncé en fanfare sur son compte Twitter que l’album de Shawn Carter était officiellement disque de platine, faisant de Jay-Z l’artiste hip-hop le plus décoré du titre au monde – en un temps record, il faut bien l’avouer. La nouvelle a été reprise telle quelle dans de très nombreux médias. Mais comment un disque peut-il recevoir une certification correspondant à un million de copies vendues aux USA deux jours avant sa mise en rayon ? Comme le révèle le magazine Billboard, il a reçu un petit coup de main de son sponsor, pas de son public. Le jour de sa sortie, 4:44 n’était disponible aux États-Unis que sur une seule plateforme de streaming musical : Tidal. Mais il était également disponible pour les clients de Sprint, le quatrième opérateur téléphonique américain. Et dès le 2 juillet, l’album était offert en téléchargement gratuit à tous les Américains à l’adresse 444.tidal.com, via un lien sponsorisé par Sprint. « Les clients qui voulaient télécharger l’album devaient donner une adresse mail et utiliser le code promotionnel “SPRINT” pour le recevoir », écrit Billboard. Bien évidemment, de très nombreuses personnes se sont jetées sur l’occasion d’obtenir gratuitement le précieux opus, se moquant pas mal de gonfler au passage la base de données utilisateurs de l’opérateur. Mais pourquoi Jay-Z, si attentif au juste paiement des artistes et au bon fonctionnement de l’industrie musicale, a-t-il pu accepter que son album soit donné gratuitement à tant d’utilisateurs ? La réponse est simple : c’est Sprint qui a acheté les copies réelles de l’album pour combler le manque à gagner. Billboard révèle que tous ces téléchargements – qui étaient gratuits pour les consommateurs mais achetés par le sponsor – ont été pris en compte dans la certification, car une entreprise privée est tout à fait autorisée à acheter autant de copies d’un album qu’elle le souhaite, comme un particulier le ferait. Il y aurait eu ainsi plus d’un million de téléchargements, d’après Roc Nation, et aucun des streams sur Tidal n’a été pris en compte dans le processus de certification. Alors bien sûr, il fait assez peu de doute que l’album de Jay-Z serait tôt ou tard devenu disque de platine, car Hov peut compter sur son public. Mais qu’un artiste de son envergure ait recours à une telle manipulation pour impressionner son audience peut décevoir. Disque d’or, de platine ou de diamant, les certifications sont censées représenter le plébiscite sincère d’un artiste par son public, qui a sciemment acheté son album pour écouter sa musique. C’est un hommage de l’industrie musicale et de ses consommateurs à ses acteurs les plus précieux. Jay-Z l’aurait oublié en chemin. https://twitter.com/TIDALHiFi/status/882602278754111489 Sources : Billboard/YouTube