La Chine construit un immense mur le long des 5 000 km de sa frontière sud, dans le but supposé de garder le Covid-19 hors de son territoire, relatait le Wall Street Journal le 2 février.

Alors que certains médias locaux l’appellent déjà « la grande muraille anti-covid », les experts pensent que le projet ne trouve pas son unique source dans le besoin de se protéger contre le virus. La construction du mur, dans l’esprit de ce que Donald Trump avait fait à la frontière mexicaine, pourrait bien être un moyen pour la Chine de sécuriser « totalement » ses frontières en empêchant les réfugiés de pénétrer sur son territoire et en facilitant les projets d’infrastructures, comme le suggère Karin Dean, experte des relations frontalières entre la Chine et le Myanmar à l’université de Tallinn.

Quoi qu’il en soit, l’érection de ce mur isole davantage la superpuissance chinoise de ses voisins moins florissants. La vie a d’ailleurs déjà beaucoup changé dans les régions limitrophes du mur : les fermiers des villages ruraux de la province vietnamienne du Quảng Ninh, par exemple, ne peuvent plus acheminer de nourriture vers leurs pâturages ; d’autres ont dû mettre fin au commerce local qu’ils avaient développé avec les villages chinois frontaliers. Outre l’impact environnemental d’un tel projet, on peut s’inquiéter d’apprendre que la Chine oblige ses citoyens à surveiller et monter la garde près du mur, 24 h sur 24 et pour un maigre salaire.

D’après les observateurs, Pékin a toujours voulu sécuriser ses frontières au maximum pour limiter les entrées sur son territoire, et la pandémie lui fournit un excellent prétexte pour la construction de davantage de murs. « Cette intention a commencé bien avant et motivera les actions bien après que la pandémie ne soit terminée », résume David Brenner, chercheur et auteur d’un livre sur les frontières du Myanmar.

Source : Wall Street Journal