alc-759x500

Le lobby américain de l’alcool et du tabac est un des plus influents d’Amérique. Crédits : DR

À la fin du mois de juillet, Wikileaks divulguait une série d’emails ayant circulé au sein du parti démocrate américain. Ces messages révélaient que des élus avaient essayé de favoriser Hillary Clinton au détriment de Bernie Sanders lors de la primaire, en utilisant l’argument de sa religion. Mais Wikileaks a levé le voile sur une affaire autrement plus vaste.

En effet, après la publication des fuites par le site américain, Julian Assange, fondateur de Wikileaks, a fait remarquer que journalistes et lecteurs confondus étaient passés à côté de l’information essentielle. Ces mails montrent en filigrane que les élus démocrates entretiennent des liens étroits avec le WSWA (Wine and Spirits Wholesalers of America), le lobby américain de l’alcool et du tabac. Un pot-de-vin versé par le lobby à ces derniers aurait ainsi servi à alimenter la peur liée aux conséquences d’une possible légalisation généralisée du cannabis, afin que les politiciens s’y opposent.

Dans ces mails, le WSWA demande explicitement aux congressmen démocrates « d’adopter des mesures de régulation afin de protéger les citoyens des abus et des mauvais usages du cannabis ». En substance, le but de ce courriel est de protéger l’industrie américaine du tabac et de l’alcool contre l’essor rapide de celle du cannabis. Le WSWA voit d’un assez mauvais œil la marche vers la légalisation de la marijuana sur l’ensemble du territoire. Une augmentation de la consommation de cannabis entraîne selon eux une baisse des ventes d’alcool et de tabac.

Ils ont raison d’avoir peur. 23 États américains ont déjà légalisé l’usage médical du cannabis. D’autres tels que l’Alaska, le Colorado, l’Oregon et Washington autorisent la possession et son usage récréatif.

L’influence dont le WSWA jouit sur la scène politique américaine est un secret de polichinelle. En mai dernier, le lobby a été à l’origine d’une polémique sur les dangers du cannabis au volant. Il avançait que depuis la légalisation, dans certains États, le nombre d’accidents mortels impliquant des conducteurs ayant consommé du cannabis avait explosé. La Washington Traffic Safety Commission a alors démontré que les chiffres sur lesquels s’appuyaient le WSWA étaient biaisés.

Tandis que le lobby avançait que 3 000 conducteurs impliqués dans des accidents mortels avaient été contrôlés positifs au THC entre 2010 et 2014, les véritables chiffres indiquent que seuls 56 conducteurs avaient consommé du cannabis sur un total de 3 000 accidents mortels. Une donnée diamétralement différente. Cela n’a pas empêché certaines autorités, de grands médias nationaux ainsi que le lobby d’exploiter ces statistiques mensongères pour instiguer une peur du cannabis chez les électeurs.

Enfin, soutenir Hillary Clinton plutôt que Bernie Sanders leur aurait permis d’écarter efficacement la perspective d’une légalisation globale du cannabis, le sénateur du Vermont ayant été le seul candidat à la primaire démocrate à se prononcer en faveur d’une telle mesure.

Source : Wikileaks

Le marché est en plein boom aux États-Unis. ↓ dabb