Quand Thomas Piketty a sorti Le Capital au XXIe siècle, son étude incontournable sur l’inégalité de la répartition des richesses mondiales, il a dû se baser sur les revenus auto déclarés par les super-riches pour déterminer la façon dont les richesses étaient distribuées. Il ne pouvait pas, par définition, mesurer directement les revenus non déclarés, cachés dans les paradis fiscaux (bien que ses estimations soient pour le moins précises). Mais les leaks des Panama Papers et les HSBC files  en Suisse ont donné aux chercheurs une source de données directe pour mesurer l’ampleur exacte de l’évasion fiscale. Dans le Guardian, des chercheurs disent avoir découvert que les personnes les plus riches de Norvège étaient 30 % plus riches que ce qu’on avait estimé jusqu’ici. Et comme la Norvège est un des pays les moins inéquitables d’Europe, les chercheurs supposent que ce nombre est potentiellement plus élevé dans d’autres pays, comme le Royaume-Uni ou la France. « Étant donné que les Scandinaves paient généralement leurs impôts et dissimulent peu de richesses au total, nos résultats seraient probablement plus élevés en Grande-Bretagne et ailleurs », écrivent Annette Alstadsæter (université norvégienne des sciences de la vie), Niels Johannesen (université de Copenhague) et Gabriel Zucman (université de Californie à Berkeley). « Des mesures plus précises de l’évasion fiscale accroîtraient probablement les niveaux d’inégalité davantage qu’en Scandinavie. » Dans un monde où la richesse est mondialisée et où une grande industrie (le système bancaire) aide les ultra-riches à contourner la fiscalité et parfois à s’y soustraire, les trois chercheurs soulignent la difficulté qu’il y a à suivre la piste des grandes fortunes et les imposer comme il se doit. Mais ils ne pensent pas pour autant qu’il soit impossible d’y parvenir. D’après eux, la façon la plus efficace de lutter contre l’évasion fiscale est de renforcer les sanctions prises à l’encontre des banquiers qui se rendent complices de la fraude. Il suffirait de courage et de bon sens, donc. Source : The Guardian