Une fuite sans précédent de millions de documents révèle les transactions secrètes et les actifs cachés de certaines des personnes les plus riches et les plus puissantes du monde parmi lesquelles plus de 100 milliardaires, 30 dirigeants mondiaux et quelque 300 fonctionnaires, révélait une enquête de l’ICIJ le 3 octobre.

Baptisée « Pandora Papers », cette fuite représentant 2,94 To de données comprend 11,9 millions de fichiers provenant de sociétés engagées par des clients fortunés pour créer des structures offshore et des trusts dans des paradis fiscaux tels que le Panama, Dubaï, Monaco, la Suisse et les îles Caïmans. Elle expose les affaires secrètes de 35 dirigeants mondiaux, dont des présidents, des premiers ministres et des chefs d’État actuels et anciens. Ils mettent également en lumière les finances secrètes de plus de 300 autres responsables publics, tels que des ministres, des juges, des maires et des généraux de l’armée, dans plus de 90 pays.

Créer ou bénéficier d’entités offshore n’est pas en soi illégal, mais le secret offert par les paradis fiscaux se montre attrayant pour les évadés fiscaux, fraudeurs et blanchisseurs d’argent de tous bords, dont certains sont exposés dans ces dossiers. Parmi ces noms, on retrouve par exemple le souverain de Jordanie, le roi Abdallah II, qui, selon les documents divulgués, a amassé un empire immobilier secret de 100 millions de dollars s’étendant de Malibu à Washington et Londres. Le roi de Jordanie a refusé de répondre à des questions spécifiques mais il a déclaré qu’il n’y avait rien d’inapproprié à ce qu’il possède des propriétés via des sociétés offshore. La Jordanie semble avoir bloqué le site Internet de l’ICIJ dimanche, quelques heures avant le lancement des Pandora Papers.

Également inquiété par les fuites, le Premier ministre de la République tchèque, Andrej Babiš, qui doit être élu cette semaine, va devoir répondre à des questions sur les raisons pour lesquelles il a utilisé une société d’investissement offshore pour acquérir un château de 22 millions de dollars dans le sud de la France. Lui aussi s’est refusé à tout commentaire. L’ancien Premier ministre anglais Tony Blair, ainsi que l’ancien ministre Dominique Strauss-Kahn, apparaissent eux aussi dans les révélation de l’ICIJ, qui pourraient bouleverser le paysage politique mondial dans les semaines à venir.

Source : ICIJ