En Iran, la censure reste la plaie des médias du pays, qui tombent très régulièrement sous son couperet et ce pour n’importe quel sujet. Internet est massivement censuré et des plateformes telles que Facebook et Twitter sont tout simplement bloquées. La BBC Persian, antenne du média britannique en Iran, semble avoir trouvé une manière de contourner le problème. La chaîne a décidé d’informer les iraniens non plus à la télévision ou sur Internet, mais par le biais de Telegram, l’application de messagerie cryptée qui, contrairement à bon nombre de ses concurrents, refuse toujours de faire commerce des données personnelles de ses utilisateurs. 713 000 utilisateurs iraniens se sont déjà abonnés à la chaîne par le biais de cette application. Un profil leur permet également de discuter directement avec des journalistes de la chaîne. Une vingtaine de messages sont envoyés chaque jour aux abonnés. « C’est la source principale d’information en ce moment pour nous », dit Leyla Khodabakhshi, directrice multimédia du groupe, à la BBC. « La seule façon pour nous de comprendre ce qu’il se passe en ce moment dans le pays et d’avoir accès à des images était de mettre en action ces différentes plateformes. » Elle explique également que de nombreuses agences de presse basées en Iran possèdent des liens très étroits avec différents groupes politiques du pays, ce qui rend les informations diffusées totalement erronées. Ce sont donc souvent des informations provenant directement du public qui, une fois recoupées et vérifiés, servent de matière aux journalistes. La BBC Persian s’est également lancée sur Instagram, plateforme sur laquelle la chaîne peut diffuser des vidéos sans qu’elles soient automatiquement supprimées. Récemment, le profil de la chaîne a dépassé le million d’abonnés. L’audience y est plus féminine que sur les autres plateformes. La chaîne iranienne l’a bien compris et tente de libérer la parole féminine en incitant au débat et à l’échange d’idées. Malheureusement, la configuration de la plateforme n’est pas vraiment adaptée à ce genre de démarches. Contrairement à Facebook, sur Instagram, impossible de créer des groupes ou des discussions privées. Il est par ailleurs possible que le gouvernement iranien ait volontairement laissé Instagram accessible dans le pays, conscient que ces limitations permettaient d’écarter tout risque d’organisation d’une rébellion populaire. Leyla Khodabakhsh dit aussi que la BBC est consciente que le gouvernement iranien va rapidement réagir à ce contournement effronté de la censure. Mais elle ajoute que le média iranien ne renoncera pas et continuera à s’adapter à de nouvelles plateformes et à chercher de nouveaux points d’accès, pour parvenir à atteindre son public. « Nous avons l’habitude d’élaborer de nouvelles stratégies et de penser à des plans B », dit-elle. Source : BBC