Pendant la guerre froide, tous les coups étaient permis, jusqu’au lobbying musical. Pour vaincre la montée du communisme dans le monde et promouvoir ses idéaux sociétaux, les États-Unis ont envoyé aux quatre coins du globe leurs meilleurs artistes Jazz. Louis Armstrong, Dizzy Gillespie, et Duke Ellington furent à une époque les ambassadeurs de la « démocratie à l’américaine ». Au milieu des années 1950, alors que les deux grandes puissances s’affrontent par armées interposées, les États-Unis organisent officiellement la tournée européenne du trompettiste afro-américain Dizzie Gillespie. Ils espèrent que son talent va redorer l’image d’une nation qui patauge dans ses travers ségrégationnistes et racistes. Ce premier « ambassadeur du jazz » se produit dès 1956 en Grèce puis en Croatie, deux États alors susceptibles du point de vue des Américains de devenir communistes. Dizzie Gillespie et le compositeur yougoslave Nikica Kaogjera à Zagreb — Crédit : Rutgers University Partout où ils passent, les artistes sponsorisés par l’administration américaine font sensation. Le jazz se révèle être un produit culturel efficace pour charmer les populations. Fort de son succès commercial, Louis Armstrong devient alors le chef de file du mouvement. Prenant soin d’annuler ses tournées nationales sans son consentement pour le pousser vers une promotion internationale, le gouvernement force son record : 160 jours de concerts à l’étranger. Louis Armstrong en Égypte — Crédits : Bettmann, AP Mais parfois, l’arme musicale se retourne contre les États-Unis. Pour apporter leur soutien aux divers mouvements antiségrégationnistes des années 1960, Armstrong et le pianiste Dave Brubeck se moquent de leur propre engagement en l’honorant d’un album satirique appelé « Les vrais ambassadeurs ». Pochette de l’album Les vrais ambassadeurs — Crédit : Columbia Legacy Si le soft power cuivré du Jazz a réussi à planer sur la planète pendant plus de vingt ans, les tournées ont pris fins vers la fin des années 1970, achevées par les mouvements opposés à la guerre du Vietnam. https://youtu.be/HxAweiF5vk4 Louis Armstrong en concert au Ghana en 1956 — Crédit : Edward R. Murrow Source : NPR