Le réchauffement climatique a des effets qu’on ne soupçonnerait pas sans la vigilance de nos satellites, même dans les contrées les plus froides du monde. Des observations satellites révèlent ainsi qu’un gigantesque lac de l’Antarctique s’est tout bonnement volatilisé durant l’hiver 2019. Et nous parlons d’une masse d’eau comprise entre 600 et 750 millions de mètres cubes d’eau, révèlent les géologues de l’Australian Antarctic Program Partnership dans une étude publiée le 23 juin.

Naturellement, une telle quantité d’eau ne s’est pas simplement évaporée dans l’air. Les scientifiques estiment ici que l’énorme réservoir est probablement devenu trop important pour la couche de glace sous-jacente qui le supportait. « Nous pensons que le poids de l’eau accumulée dans ce lac profond a ouvert une fissure dans la plateforme de glace le supportant, un processus connu sous le nom d’hydrofracture qui provoque l’évacuation de l’eau vers l’océan en-dessous », explique Roland Warner, glaciologue de l’université de Tasmanie.

Ce déluge, que le scientifique compare volontiers à la puissance des chutes du Niagara, a eu lieu durant environ trois jours en l’espace desquels le lac a été entièrement drainé. Heureusement, il n’a pas échappé à l’œil du satellite ICESat–2 de la NASA, qui a permis aux chercheurs de réaliser ces observations précieuses. Les scientifiques ont par exemple découvert que la zone s’était élevée de 36 mètres en raison de la poussée provoquée par l’évacuation du lac.

Une représentation à New York du volume d’eau contenu dans le lac

« Selon nos prévisions, la fonte de la surface de l’Antarctique devrait doubler d’ici à 2050, ce qui suscite des inquiétudes quant à la stabilité des plateformes de glace », écrivent les chercheurs dans leur étude, notant que « des processus tels que l’hydrofracture et la flexion restent sous-étudiés et que les modèles de plateformes de glace n’incluent pas encore un traitement réaliste de ces processus. »

Source : Australian Antarctic Program Partnership