S’il est un mystère qui fascine durablement les scientifiques étudiant la Rome ancienne, c’est l’extraordinaire longévité de certaines de ses structures en béton. Battues par les vagues depuis 2 000 ans, elles n’ont pas simplement résisté à l’érosion : le béton romain est non seulement plus résistant que n’importe quelle version contemporaine, mais le temps semble aussi le renforcer. Une équipe de chercheurs de l’université de l’Utah menée par la géologue Marie Jackson vient enfin de percer ses secrets, comme le révèle une étude publiée le 3 juillet et relayée par Berkeley Lab. Ne reste plus qu’à en retrouver la recette exacte – un travail de longue haleine. Récolte d’échantillons de béton en Toscane — Crédits : J.P. Oleson Ce qui le rend unique, c’est que le béton des Romains était apparemment confectionné à base de cendres volcaniques, de chaux et d’eau de mer. C’est probablement le résultat de l’observation par leurs scientifiques de l’effet de l’eau de mer sur les cendres volcaniques – la création de roche volcanique pareille à du ciment. Ils réduisaient d’ailleurs ces roches en granulat, pour l’ajouter à leur premier mortier. Au final, le béton romain était ainsi plus dur que tout ce qu’il est possible d’imaginer, et sans besoin de renforcements d’acier. Nos ciments sont principalement composés de silicates de calcium hydraulique qui, ajoutés à du sable et du gravier, donnent de quoi bâtir des grands ensembles tristes. « Ce qu’on a découvert est fantastique », témoigne Marie Jackson après des années de recherche sur ces échantillons aux rayons X. « Les Romains ont créé un béton pareil à de la roche » que le contact de l’eau de mer renforce plutôt que de l’éroder, contrairement au béton moderne. Malheureusement, la recette exacte de ce béton s’est perdue et la majeure partie du monde ne dispose pas des roches qu’avaient les Romains sous la main pour entreprendre leurs fantastiques travaux de construction. L’industrie du bâtiment moderne ne profitera donc probablement pas de leur recette ancestrale. Source : Berkeley Lab