Nusrat Jahan Rafi

n’a pas survécu à la terrible agression dont elle a été victime le 6 avril 2019. À 19 ans, cette étudiante bangladaise a été brûlée vive sur le toit de son école islamiste, pour avoir dénoncé le directeur de l’établissement, rapporte Dhaka Tribune.

La tragédie a débuté le 27 mars 2019, quand Nusrat Jahan Rafi s’est rendue au commissariat pour expliquer que l’homme l’avait faite venir dans son bureau le jour-même, et qu’il l’avait touchée de manière inappropriée, avant qu’elle ne s’enfuie. Soutenue par sa famille, la jeune femme a été confrontée au comportement dégradant et irrespectueux des policiers, l’un d’entre eux la filmant avec son téléphone en affirmant que les attouchements dont elle avait été victime « n’étaient pas grand-chose ».

Le directeur de l’école a finalement été arrêté, mais des manifestations organisées par des étudiants ont rapidement eu lieu pour réclamer sa libération. Le 6 avril, malgré les menaces et le harcèlement, Nusrat est retournée à l’école pour passer ses examens. Une étudiante l’aurait alors attirée vers le toit, lui assurant qu’une personne était en train de s’y faire battre. Arrivée en haut, la jeune femme s’est retrouvée face à quatre ou cinq personnes en burqas, qui l’ont aspergée de kérosène avant de mettre le feu à ses vêtements. Ses meurtriers, qui voulaient faire croire à un suicide, ont ensuite pris la fuite et Nusrat a été secourue et emmenée aux urgences. Le 10 avril, elle est morte de ses blessures, son corps ayant été brûlé à 80 %.

Dans l’ambulance, l’étudiante a eu la force d’enregistrer un message sur le portable de son frère. « Le directeur m’a touchée, je me battrai contre ce crime jusqu’à mon dernier souffle », déclare-t-elle, avant d’identifier ses agresseurs comme des élèves de son école. Des milliers de personnes se sont réunies pour ses funérailles, et de nombreuses manifestations ont eu lieu pour dénoncer le traitement des femmes au Bangladesh. La police a depuis la mort de Nusrat arrêté 15 personnes, dont au moins 7 seraient liées à sa mort. Le directeur de l’école est quant à lui toujours en garde-à-vue et le policier qui a filmé le dépôt de plainte de Nusrat a été relevé de ses fonctions.

« Lorsqu’une femme essaie d’obtenir justice pour des faits de harcèlement sexuel, elle doit de nouveau faire face au harcèlement. C’est le cas depuis des années, nous vivons dans une société qui intimide et humilie, et la police n’a pas la volonté d’enquêter correctement sur ces allégations », dénonce Salma Ali, avocate et ancienne directrice de la Women Lawyers’ Association, auprès de la BBC.

Sources : Dhaka Tribune / BBC