Uma Thurman dans Bienvenue à Gattaca, d’Andrew Niccol La conquête de l’espace fait débat concernant ses contraintes technologiques, financières mais aussi humaines. Gagner la planète Mars est un nouveau défi que bon nombres de scientifiques souhaitent relever. Mais à quel prix ? Combien d’hommes pourrait-on y envoyer et comment survivraient-ils dans cette plaine de radiations ? Beaucoup pensent que si nous envoyions des gens sur place, ce ne sera pour eux qu’un aller simple. Mais une poignée d’autres scientifiques songent  qu’il est nécessaire de relancer le débat sur la modification génétique de l’être humain si l’on veut un jour espérer mettre un pied sur Mars et s’y installer. Dès lors, à quoi ressemblerait l’astronaute parfait, répondant à tous les critères de survie pour un voyage sans retour ? Créer un astronaute façonné pour les longs voyages spatiaux, peut-être même intergalactiques… Une idée quelque peu effrayante. Reléguée au second plan de la fiction il y a quelques années (on se rappelle de Bienvenue à Gattaca), elle resurgit en force dans le champ de la science. Car voyager dans l’espace, en l’occurrence sur Mars, aurait des conséquences potentiellement irréparables et dramatiques sur le métabolisme des voyageurs. L’air martien est rempli de particules qui endommagent l’ADN humaine. Christopher Mason, membre du département de physiologie et biophysique de l’université de médecine Weill Cornell, est l’un de ses scientifiques qui défend l’idée de modifier génétiquement l’être humain pour qu’il puisse résister un jour aux radiations martiennes. Pour lui, envoyer quelqu’un sur une autre planète sans protection génétique alors que nous sommes capable de le faire, serait un acte contraire à l’éthique. Un positionnement subversif que peu soutiennent. Malgré tout, il n’est pas seul et certains de ses pairs ont déjà préparé une liste de gènes qui pourraient aider à créer ce surhomme doté par exemple du gène PAS1, permettant de vivre avec moins d’oxygène que la normale (les Tibétains l’ont), couplé à d’autres gènes permettant d’avoir une capacité intellectuelle plus développée (résoudre aisément les problèmes et être le moins possible sujet à l’anxiété). Posséder ces « traits parfaits » est impossible naturellement, et pour les rassembler chez un homme, il faudrait les combiner dès la naissance. Vous voyez vers quel scénario glaçant va cet eugénisme effréné ? Pour d’autres scientifiques comme Harris Wang de l’université de Columbia, il faudrait que l’homme soit autosuffisant et capable de produire lui-même assez d’énergie dans son corps, qu’il réalise sa propre photosynthèse et qu’il puisse transformer la lumière en nourriture. En d’autres termes, que l’homme soit « prototrophe ». « Il ne serait plus vraiment humain », reconnaît-il. Car pour produire autant d’énergie, la personne devrait être aussi fine qu’une feuille et grande comme une cour de récré. Il est rassurant de se dire que ce n’est pas près d’arriver… Mais l’idée persiste chez davantage de chercheurs qu’on ne le pense. Source : MIT Technology Review