En septembre 2019, la scientifique Anna Kapinska, de l’Observatoire national de radioastronomie de Socorro, au Mexique, a découvert l’étrange image d’un cercle fantomatique suspendu dans l’espace, comme un anneau de fumée cosmique. À l’heure qu’il est, les scientifiques n’ont toujours pas réussi à expliquer l’existence de ce qu’ils appellent des « ORC fantomatiques », pour odd radio circles (« cercles radio étranges »), apprenait-on dans The Conversation le 2 décembre.

C’est en parcourant les données radioastronomiques réalisées avec le télescope ASKAP dans le cadre du projet EMU (pour Evolutionary Map of the Universe, ou « carte évolutive de l’univers ») que l’astrophysicienne a remarqué ces formes très bizarres, plus grandes que des galaxies. Quelques jours plus tard, son collègue Emil Lenc en a trouvé une deuxième, encore plus effrayante que celle d’Anna.

La mission EMU a pour objectif de sonder des parties de l’univers qu’aucun télescope n’avait observées auparavant. Notamment grâce à ASKAP, qui peut étudier très rapidement de grandes étendues célestes, qu’il sonde à une profondeur auparavant atteinte uniquement dans de minuscules zones du ciel. Il est aussi particulièrement sensible aux objets diffus et faibles comme ces ORC fantomatiques.

En voyant ces mystérieuses taches rondes, les scientifiques ont d’abord soupçonné un artefact d’imagerie, peut-être généré par une erreur du logiciel. Mais ils ont rapidement confirmé qu’ils étaient réels au moyen d’autres radiotélescopes. Ils n’ont cependant toujours aucune idée de leur taille ou de leur distance.

Il pourrait s’agir d’objets présents dans notre galaxie, peut-être à seulement quelques années-lumière de distance, ou bien d’objets très éloignés dans l’univers, peut-être même à des millions d’années-lumière de distance. Les chercheurs sont incapables de le dire car lorsqu’ils regardent les images prises, ils ne perçoivent rien aucune émanation radio alors que les cercles se trouvent dans les longueurs d’onde visibles de la lumière. Et ils n’ont aucune idée de la raison de ce phénomène.

Pour le moment, ils concluent que ces nuages fantomatiques ne ressemblent à rien de connu. Deux scientifiques russes suggèrent que les ORC pourraient être les « gorges » de trous de ver, des tunnels reliant deux points de l’espace-temps. Et d’après leur fréquence de détection actuelle, ils estiment qu’il y en aurait environ un millier dans le ciel. Ils continuent actuellement leurs recherches, avec des télescopes du monde entier, pour découvrir plus d’ORC et enfin comprendre ce qu’ils sont.

Source : The Conversation