Oubliez les calculateurs quantiques. Ces super-ordinateurs du futur n’existent pas encore qu’ils ont été oldés par un groupe de chercheurs de l’université de Manchester, après la publication de leur étude le 1er mars dernier. D’après eux, il est possible de mettre au point un calculateur « autoréplicatif » (capable de fabriquer seul une copie de lui-même) dont les puces de silicium seront remplacées par des processeurs à base de molécules d’ADN. Ce type de super-calculateur, appelé machine de Turing non déterministe, serait théoriquement plus rapide que n’importe quelle autre machine inventée jusqu’ici. Nos ordinateurs actuels sont basés sur un nombre fini de puces de silicium, et viendra bientôt le jour où nous ne pourrons plus en mettre davantage à l’intérieur des machines. C’est cette limite que se propose d’annihiler l’ordinateur pensé par les scientifiques mancuniens. À l’instar des calculateurs quantiques – sur lesquels les plus grands chercheurs du monde travaillent activement –, les machines de Turing non déterministes seraient capables d’exécuter un nombre faramineux d’opérations en même temps. Mais au contraire de leurs cousins quantiques, elles seraient capables de le faire sans avoir à résoudre le casse-tête posé par la nature quantique de la machine. Basée sur l’ADN, elle tirerait un maximum partie de ce que l’ADN sait faire de mieux : se reproduire. « L’ADN est un support incroyable pour le traitement et le stockage de l’information », écrit l’équipe dans son étude. « C’est très stable, comme le montre le séquençage d’ADN ancien. Il peut également être copié fidèlement, et de nombreux gènes restent virtuellement inchangés pendant des milliards d’années. » Pour avoir une idée de ce que cela peut donner concrètement, imaginez qu’un programme informatique doivent trouver la sortie d’un labyrinthe. Lorsqu’il arrive à une fourche, un ordinateur traditionnel devra décider de la direction dans laquelle se diriger. Mais la machine imaginée par les Mancuniens n’aura pas à décider : en s’autorépliquant, elle emprunte toutes les directions en même temps et détermine ainsi beaucoup plus vite quel est le plus court chemin vers la sortie. C’est l’image qu’utilise Ross D. King pour vulgariser les possibilités de leur trouvaille. « La faculté qu’a notre ordinateur de croître à mesure qu’il calcule le rend plus rapide que n’importe quelle autre forme de calculateur, et donne la solution à de nombreux problèmes de calculs tenus pour être insolubles jusqu’ici. » L’invention ne verra pas le jour avant des années, mais si les théories des chercheurs se vérifient, nous allons voir apparaître des systèmes informatiques aussi incroyables qu’intimidants. Source : Journal of the Royal Society