L’étrangeté du monde quantique semble s’intensifier à mesure que les physiciens en dévoilent les pans. Et dans cet univers où tout semble possible, la communication contre-factuelle est un phénomène particulièrement désarçonnant. Il s’agit d’une communication quantique dans laquelle l’information est transmise sans qu’aucune particule ne se déplace entre les deux « interlocuteurs ». Théorisée depuis longtemps par les chercheurs, elle n’avait jamais été expérimentée jusqu’à aujourd’hui. Dans une étude publiée en mars dernier, une équipe de chercheurs chinois a démontré pour la toute première fois que ce type de communication était possible. Fascinant. D’autant plus lorsqu’on sait que cette communication contre-factuelle ne s’apparente pas à la communication quantique dite « régulière », aussi appelée téléportation quantique. « La téléportation quantique régulière est basée sur le principe de l’enchevêtrement : deux particules qui sont indissociablement liées, de sorte que tout ce qui arrive à l’une affectera automatiquement l’autre, peu importe à quel point elles sont séparées », explique SciencePost. Sa version contre-factuelle se passant de particules, elle s’apparente donc à une sorte de téléportation. Lors de leurs expérimentations, les scientifiques chinois ont été capables de transférer une image bitmap monochrome d’un lieu vers un autre sans utiliser de particule physique pour réussir le transfert. Pour ce faire, ils ont appliqué l’effet Zénon quantique, qui peut se produire lorsqu’un système quantique instable est mesuré de façon répétée. L’effet Zénon quantique crée un système figé ou « gelé ». Les chercheurs chinois ont élaboré un système complexe dans lequel ils ont placé deux détecteurs à photon unique dans les ports de sortie d’un ensemble de diviseurs de faisceaux. Après la communication de tous les bits de l’image, les chercheurs ont pu la ré-assembler pixel après pixel. Grâce à l’effet Zénon quantique, le système est gelé, ce qui rend possible la prédiction par l’autre détecteur de ce qu’affiche le premier. Ainsi, « c’est la phase de la lumière elle-même qui a transporté l’information » d’un détecteur à l’autre, expliquent les chercheurs. Les résultats de l’expérience sont actuellement passés au crible par leurs pairs, mais elle représente un pas en avant dans l’univers étrange de la physique quantique. Et la promesse d’un futur fait d’altérations de la réalité façon Doctor Strange, le jour où la science aura compris comment maîtriser tout ça. Bon d’accord, c’est pas pour demain. Source : PNAS