Le vers C Elegans. Credit: Adam Klosin, CRG L’information génétique dont un individu hérite ne se transmet peut-être pas telle quelle à sa descendance. Chez des vers appelés C Elegans, les affections que l’ADN subit au contact de l’environnement se retrouvent 14 générations plus loin, a montré une étude de l’Organisation européenne de biologie moléculaire publiée dans la revue Science vendredi 21 avril 2017. Ce genre d’atavisme épigénétique « est délicat à mesurer en ce qui concerne les hommes, étant donné les difficultés à conserver des données pour des vies aussi longues », d’après les résultats de chercheurs sino-américains. Autrement dit, preuve n’a pas été faite que les événements qui nous touchent au plus profond modifient le développement de nos enfants. Mais voici un indice supplémentaire de taille. Pour leur recherche, les scientifiques ont génétiquement modifié les vers de sorte qu’ils deviennent fluorescents au contact de la chaleur. À une température de 20°C, leur aspect ne changeait pas alors qu’il devenait brillant au-delà de 25°C. Une fois remis dans un milieu froid, l’effet ne s’est étonnamment pas estompé, suggérant qu’ils avaient une mémoire des changements environnementaux – ou mémoire épigénétique. D’autant que leur progéniture présentait un même éclat, l’activité du gène se manifestant jusqu’à la 14e génération. « Nous ne savons pas exactement pourquoi cela se produit, mais il pourrait s’agir d’une planification biologique », indique un chercheur, Adam Klosin. « Ces vers ont une faible longévité », ajoute sa collègue Tanya Vavouri. « Peut-être qu’ils transmettent la mémoire de leurs conditions passées pour aider leur descendants à prédire ce que pourrait être l’environnement dans le futur. » Des études ont déjà montré que les petits-fils d’une femme ayant survécu à la grande famine néerlandaise de 1944-1945 avaient une intolérance au glucose accrue à l’âge adulte. De même, des survivants de l’Holocauste présentent un faible taux de l’hormone cortisol, qui aide le corps à se remettre de traumatismes. Dans ces deux cas, le C Elegans pourrait aider à mettre en évidence la relation de cause à effet. L’avenir pourrait bien donner raison à Frank Herbert, qui a fait de la mémoire génétique un thème central de Dune. Source : Science