Sa découverte a été acclamée par la communauté scientifique, qui la considère comme une des inventions les plus potentiellement transformatrices de la médecine moderne. Et pour cause, Cas9 (pour « Clustered Regular Interspaced Short Palindromic Repeats associated protein 9 », ou CRISPR) est une protéine capable d’apporter des modifications chirurgicales à l’ADN des êtres humains, des animaux et des plantes, comme on découperait des plans dans le montage d’un film. Mais peut-être ses créateurs sont-ils allés trop loin. Dans une étude parue le 29 mai dernier, des scientifiques démontre que cette technologie d’édition génomique a causé des centaines de mutations inattendues dans le génome des sujets. « Il est essentiel que la communauté scientifique considère les dangers potentiels de toutes les mutations hors-cible engendrées par CRISPR. Y compris les mutations de nucléotides et celles qui se produisent dans des régions non-codantes du génome », explique Stephen Tsang, du centre médical de l’université de Columbia. Lui et son équipe ont mené le premier dépistage entier du génome d’un organisme vivant – deux souris – ayant subi l’édition des gènes CRISPR. Ils ont découvert des mutations indésirables dans des zones totalement indépendantes des gènes ciblés. Initialement, les scientifiques recherchaient des mutations inhérentes à cette technologie, en incluant celles qui ne modifiaient qu’un seul nucléotide – particulièrement des molécules qui servent de blocs de construction à l’ADN et l’ARN. Ils se sont ensuite aperçus que la technique avait réussi à corriger un gène qui provoque l’aveuglement chez les souris mais que néanmoins, les deux animaux ayant subi une telle modification avaient enduré plus de 1 500 mutations et plus de 100 effacements et insertions. « Aucune de ces mutations de l’ADN n’a été prédite par les algorithmes informatiques utilisés par les scientifiques pour détecter les effets hors-cible », rapporte l’équipe. Cette nouvelle étude tient à mettre en garde la communauté scientifique : l’édition de gènes est encore loin, très loin d’être au point, et il se pourrait qu’une telle pratique ne soit pas compatible avec le genre humain. Source : EurekAlert !