Crédits : Hermes Rivera

Des chercheurs nord-américains de la Northwestern University ont découvert qu’en plus d’avoir une incidence sur la santé et l’équilibre mental, la pauvreté peut modifier durablement le patrimoine génétique des individus affectés. Près de 10 % de l’ADN d’une personne peut être affecté par des modifications chimiques qui pourraient durer à vie, assure l’étude rapportée le 4 avril 2019 par Eurekalert.

Aux Philippines, l’équipe de chercheurs américains et canadiens a ainsi trouvé des éléments prouvant que la pauvreté peut s’enraciner dans de larges pans du génome humain, avec un impact sur l’expression des gènes durant la croissance d’un individu. « Nous savons depuis longtemps que le statut socio-économique est un déterminant puissant pour la santé, mais les mécanismes sous-jacents par lesquels notre corps se souvient des expériences de la pauvreté ne sont pas connus », explique Thomas McDade, professeur d’anthropologie et auteur principal de l’étude.

« Nos résultats suggèrent que la méthylation de l’ADN [le processus par lequel des groupes méthyle sont ajoutés à la molécule d’ADN, ndlr] pourrait jouer un rôle important », assure le chercheur. Cette méthylation différentielle pourrait avoir un impact à long terme sur la santé, de nombreux gènes touchés étant associés aux réponses immunitaires face à une infection, au développement du squelette, ou encore au système nerveux.

D’après le scientifique, les expériences acquises au cours du développement sont petit à petit incarnées dans le génome, pour en façonner la structure et la fonction. « Cette tendance met en évidence un mécanisme potentiel par lequel la pauvreté peut avoir un impact durable sur un large éventail de systèmes et de processus physiologiques », estime Thomas McDade.

« Il reste maintenant déterminer si la méthylation de l’ADN est effectivement un mécanisme important par lequel le statut socio-économique peut laisser une empreinte moléculaire durable sur le corps, avec des implications sur la santé plus tard dans la vie », conclut le scientifique.

Source : Eurekalert