Une nouvelle étude canadienne citée par le Guardian le 4 janvier montre que le risque de décès est plus élevé pour les femmes lorsque le chirurgien est un homme. Des « préjugés sexuels implicites » seraient responsables de ces résultats.

Le sexisme est omniprésent, même sur les tables d’opération. Une nouvelle étude réalisée par des scientifiques de l’université de Toronto sur 1,3 million de patient.e.s entre 2007 et 2019 révèle que les femmes sont 15 % plus susceptibles de subir un mauvais résultat, et 32 % plus susceptibles de mourir lorsque le chirurgien est un homme plutôt qu’une femme. Les résultats de l’étude font également écho au manque de parité au sein du métier de chirurgien : d’après l’INSEE, deux chirurgiens sur trois sont des hommes en France. Des « préjugés sexuels implicites » pourraient alors expliquer les résultats de l’étude publiée dans la revue médicale JAMA Surgery.

« Nous avons constaté que les patientes traitées par des chirurgiens hommes avaient 15 % de risques supplémentaires d’obtenir de moins bons résultats que les patientes traitées par des chirurgiens femmes », a expliqué au Guardian la Dr Angela Jerath, épidémiologiste clinique à l’université de Toronto au Canada et coauteure de l’étude. « Ces résultats sont préoccupants, car il ne devrait pas y avoir de différence entre les sexes dans les résultats des patient.e.s, quel que soit le sexe du chirurgien », fait-elle remarquer. Pour obtenir des résultats concluants, l’équipe responsable de l’étude a analysé les dossiers d’1 320 108 patients de l’Ontario qui ont subi 21 interventions chirurgicales pratiquées par 2 937 chirurgiens entre 2007 et 2019.

L’étude canadienne indique également que les patientes présentaient un risque de complications 16 % plus élevé, un risque de réadmission 11 % plus élevé et une probabilité de rester à l’hôpital 20 % supérieure. 20,2 % des femmes ayant subi une chirurgie cardiothoracique effectuée par un chirurgien homme ont ainsi été victimes d’effets indésirables contre 18 % lorsque le chirurgien était une femme. L’observation est partagée pour les autres opérations chirurgicales. « Même s’il existe d’excellents chirurgiens hommes qui obtiennent constamment de bons résultats », la différence entre les deux sexes est inquiétante selon la Dr Angela Jerath.

Les résultats de l’étude tendraient à prouver l’existence de « préjugés sexuels » ancrés dans les mentalités masculines, même lors d’une opération chirurgicale, puisque cet écart entre les deux sexes ne peut pas s’expliquer par des différences techniques. L’étude est par ailleurs une des premières à examiner le lien entre le sexe du patient, le sexe de son chirurgien et les résultats de la chirurgie. Des travaux complémentaires seront nécessaires pour mieux comprendre le problème et trouver des solutions.

Source : The Guardian