Crédit : Nicolas Rigg / Getty Image « Si tu veux la paix, prépare la guerre. » Dans le petit monde du renseignement, l’adage s’applique même entre compatriotes. En France, les différentes agences chargées de veiller à la sécurité nationale jouent chacune leur partition. Il n’est ainsi pas rare que la Direction générale des services extérieurs (DGSE) et la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) se livrent une « guerre des services ». Au point que l’expression est aujourd’hui consacrée. Alors, quand vous avez 16 agences de renseignement à gérer, comme aux États-Unis, il vaut mieux tenter de faire collaborer tout le monde. C’est le rôle que s’est vu décerner Dale Mayerrose en étant nommé directeur de la communauté du renseignement en 2005. Pour améliorer la transmission d’information sensible, ce haut-gradé de l’armée américaine s’est inspiré d’un modèle grand public : Wikipedia. Intellipedia fonctionne de la même manière que l’encyclopédie numérique libre, si ce n’est que les contributeurs n’ont aucun moyen de rester anonymes. Le contenu est classé en fonction de son caractère sensible dans des catégories allant de « déclassifié » à « top secret ». Mais il ne faut pas se leurrer : seuls les documents « top secret » les moins importants s’y trouvent. Tous les membres de la branche exécutive du renseignement peuvent accéder à Intellipedia. « C’est un super endroit pour voir ce qui se passe dans la communauté dans sa globalité », a confié un officiel sous couvert d’anonymat à Wired. Cela dit, l’outil a ses limites : il n’a pas permis de produire des rapports à plusieurs mains pour le gouvernement. Chaque agence conserve ses méthodes. Évoquée en 2005 dans un essai de D. Calvin Andrus, l’idée n’a pas tardé à séduire Dale Mayerrose. Elle permettait de faire face aux nouvelles donnes géopolitique et technologique : l’ « ennemi » des Etats-Unis est bien plus dispersé qu’au temps de l’URSS et les information plus foisonnantes. Même les sceptiques ont dû admettre le succès d’Intellipedia. Mais déjà, une autre plate-forme vient concurrencer l’encyclopédie. En 2011, un analyste de l’agence géospatiale du renseignement, Chris Rasmussen,a lancé le projet Living intelligence system, une version qui se veut plus officielle. Cette année, il compte même créer une application mobile. Les espions français vont-ils s’en inspirer ? Source : Wired