Hunter S. Thompson s’était promis d’en finir avec la vie avant qu’elle ne devienne trop lourde à porter. À 67 ans, fidèle à son style sans concession, le journaliste américain s’est tiré une balle dans le crâne. Ce 20 février 2005, il a fait parler la poudre une dernière fois. Amateur de drogues et d’alcool, l’auteur du livre qui a inspiré le film culte Las Vegas Parano aimait aussi les armes. Sur les photos où il apparaît, elles l’accompagnent avec presque autant de constance que les cigarettes. Pour faire le deuil du rêve américain, Thompson avait choisi de traverser le pays comme une balle. Son style cursif et subjectif, le gonzo, a depuis fait école. Portrait en dix images d’un écrivain « sauvage ». Après son service militaire au sein de l’US Air Force, Thompson commence une carrière de journaliste à la fin des années 1950. Il effectue quelques piges pour le Time puis part à Porto Rico et au Brésil. À son retour au pays, en Californie, il collabore avec le National Observer. Envoyé couvrir le mouvement Hell’s Angel’s pour The Nation, il en tire un livre (Hell’s Angels: The Strange and Terrible Saga of the Outlaw Motorcycle Gangs) acclamé par la critique. Au cours d’une enquête sur le meurtre d’un américano-mexicain à Los Angeles, pendant une manifestation contre la guerre du Vietnam, Thompson fait la rencontre fortuite d’un avocat originaire du Mexique, Oscar Zeta Acosta. Pourchassé par la police, les deux hommes prennent la route de Las Vegas, sous l’empire de diverses drogues. D’où le livre Fear and Loathing in Las Vegas.  Thompson ne se contente pas de jouir sans entrave. Militant pour les droits civiques des Afro-Américains, le journaliste s’engage également en faveur de la légalisation de la marijuana et du port des armes. L’abus de drogue ne paraît pas nuire au travail de l’auteur. Écrivain à l’œuvre foisonnante, il publiera 16 livres et une pléiade d’articles de presse. Dans le prolongement de ses combat militants, Thompson se soumet à l’épreuve des urnes. Il fait campagne pour devenir shérif du comté de Pitkin, dans le Colorado. Hélas, Démocrates et Républicains se liguent contre ce candidat du « Freak power ». En décembre 1971, l’ex-candidat se fait chroniqueur. Une année durant, il suit la campagne à l’élection présidentielle de 1972. Il apparaît ici avec le candidat démocrate George McGoverne, finalement défait par Richard Nixon. En adaptant certains de ses livres au cinéma, Thompson se lie d’amitié avec des acteurs comme Bill Murray, Benicio Del Torro ou Johnny Depp. L’un de ses anniversaires, célébré avec ce dernier, se termine au poste de police. Thompson fonde la Fourth Amendment Foundation, une organisation vouée à lutter contre les arrestations et emprisonnements injustifiés. À sa tête, il mène une campagne nationale pour la libération de Lisl Auman, une femme arrêtée pour le meurtre d’un gardien de la paix alors que, comble de l’injustice, elle se trouvait à l’arrière d’une voiture de police durant la fusillade. Quatre mois après sa mort, le 20 février 2005, ses cendres sont dispersées par un canon situé sur une tour haute de 50 mètres. Thompson voulait être canonisé, littéralement. Source : Michael Ochs Archives/Getty Images