Le monde est en émoi après la découverte de l’horreur de Boutcha, petite ville de la banlieue nord-ouest de Kiev. Mais en réponse aux images de ses rues désolées jonchées de cadavres – que les Ukrainiens disent constituer les preuves d’un massacre de civils –, le ministre des Affaires étrangères russe Sergueï Lavrov est catégorique : il s’agit pour lui d’une « fausse attaque », rapporte The Independent ce 5 avril.

Les journalistes étrangers entrés à Boutcha ont photographié plus d’une vingtaine de corps, victimes selon le maire d’exécutions sommaires perpétrées par les soldats russes alors qu’ils occupaient la ville, au mois de mars. Les autorités ukrainiennes affirment également qu’au moins 350 civils auraient été massacrés ici par l’armée russe. Il faudra attendre les conclusions d’enquêtes indépendantes pour confirmer ou non leurs dires, puisque les journalistes n’ont pas pu voir les charniers contenant les centaines de corps dont parlent les Ukrainiens.

Les morts des rues de Boutcha ont été révélés par un reportage ukrainien, que Sergueï Lavrov accuse de contenir de fausses images. On a effectivement pu voir sur Internet se répandre des rumeurs de « faux cadavres » se relevant après le passage de véhicules. Des accusations sans fondement après un visionnage attentif des images. Les photographies des journalistes de l’AFP ont achevé de prouver que les rues de Boutcha étaient bien bordées de cadavres. Enfin, une analyse d’images satellites réalisée par le New York Times prouve qu’au moins sept corps gisent dans une rue de Boutcha depuis le 11 mars, date à laquelle l’armée russe occupait encore la ville.

Mais Sergueï Lavrov invoque aussi des images datant du 31 mars, dans lesquelles Anatoli Fedorouk, le maire de Boutcha, annonce avec enthousiasme que les Russes ont quitté la ville sans faire mention des exactions. « Le 31 mars entrera dans l’histoire de notre ville comme le jour de sa libération des occupants russes par nos forces armées », clame-t-il avec un sourire, il est vrai troublant compte tenu de la tragédie. Les Russes confirment avoir quitté la ville le 30 mars, non sous la pression des forces armées ukrainiennes mais pour honorer la promesse de repli faite il y a quelques jours par Moscou lors des pourparlers d’Istanbul.

Sources : The Independent/AFP/New York Times/Mission russe à Genève/Twitter