Bons vœux de Sébastopol

Le président du club de motards le plus réputé de Russie émerge des eaux calmes d’un ancien marécage, après une brasse purifiante. Son apparence est éloquente : grand, tatoué, tout en muscles. Sa crinière de lion lui agrippe le dos de ses boucles sombres. Un crucifix d’argent pend à son cou. « Il nage dans ce lac pendant une heure environ, pour maintenir son état mental », explique un de ses lieutenants enchaînant les cigarettes, un Kazakh baraqué du nom d’Arman. Le chef se fait appeler le Chirurgien, et il est le président du club de bikers comptant le plus de membres en Russie : les Loups de la Nuit. C’est un homme très occupé. La semaine dernière, il a rédigé le script de la soirée de marque des Loups de la Nuit : un show annuel de motos qui se tient ici, à Sébastopol. Cette ville se situe en Crimée, récemment annexée par la Russie. Le show combine cascades de motos, manœuvres militaires et représentations nationalistes assourdissantes. On m’a même dit qu’un soir, il a rencontré le vice-président argentin. Quelques semaines plus tôt, il défiait un législateur local en duel. Le fonctionnaire s’était opposé au prêt du terrain d’une usine de gravier désaffectée pour la tenue du show des Loups de la Nuit, car l’arrangement lui paraissait douteux : les motards bénéficiaient d’une ristourne de 99,9 % sur le prix d’origine. Il a par ailleurs décliné la provocation en duel…

ulyces-putinbikers-01

Alexander Zaldostanov, dit le Chirurgien
Crédits : DR

Après sa baignade, le Chirurgien s’avance à grands pas vers la réplique d’un avion de combat datant de la Seconde Guerre mondiale. Non loin de là, un char tout droit importé d’un studio de cinéma du Kazakhstan se repose dans les herbes folles. Tous deux seront intégrés au show de motos des Loups de la Nuit, dans quelques semaines. Ce spectacle fantasmagorique célèbre la victoire de l’Armée rouge sur Hitler, tout en alimentant la nostalgie de l’ère soviétique pour la Russie. « J’aime beaucoup le sujet de la guerre en ce moment », argue le Chirurgien. « Le show pour le show, j’en ai rien à foutre. Je suis un guerrier. Je me bats pour mon pays, pour mon histoire. Avec tout ce que la Russie doit affronter ces derniers temps… Surtout l’Amérique. Ils nous foutent tout sur le dos. » Une paire de mains métalliques surdimensionnées pend au-dessus de la tête du Chirurgien. Elles émergent d’une cuve rouillée. On pouvait déjà les apercevoir, bien en évidence, dans le show de l’année dernière, agitées au-dessus de la scène avec malveillance, comme si elles orchestraient une foule de manifestants « pro-Occident ». On les voit gigoter au « pas de l’oie », réinterprétation à la sauce du Chirurgien de la révolution de la place Maïdan de 2014 en Ukraine, qui a mené à la destitution du président pro-russe Viktor Ianoukovytch. Le discours du Chirurgien fait écho à la version officielle du Kremlin : des fascistes ukrainiens ont renversé un gouvernement légitime avec l’appui secret de l’Occident, et ont mis en place un gouvernement militaire aux projets ignobles à l’encontre de l’ethnie russe. L’une des mains artificielles arborait une bague, absente aujourd’hui, sur laquelle était imprimé le logo d’un aigle ressemblant étrangement au sceau du président des États-Unis. « Ça ne représente pas les Américains », m’assure Arman. « C’est le mal mondial, le mal international. » « Tout ceci a un sens », dit le chef des Loups de la Nuit.

Cet ancien chirurgien-dentiste de 52 ans, dont le vrai nom est Alexander Zaldostanov, contemple autour de lui ses accessoires de guerre. « Tout ce qu’entreprennent les Loups de la Nuit. Mon projet entier, tout ce que j’ai dans la tête, sera représenté ici. » J’avais fait le voyage en juillet vers la Russie pour en apprendre plus sur les intentions du Chirurgien et de son camarade Nochniye Volki. Showman charismatique avec un sérieux penchant pour la grandiloquence provocatrice, le président du club de motards est probablement la star nationaliste la plus reconnaissable de Russie. Durant la dernière décennie, il est parvenu à transformer un gang de bikers underground en une armée sacrée et avant-gardiste de guerriers aux techniques très personnelles, dont les liens avec le Kremlin sont plus qu’étroits. On dit que cette armée compte jusqu’à 5 000 hommes. Dans les médias russes, le Chirurgien vante régulièrement la grandeur du pays, tout en clamant que ses ennemis ont l’intention de déstabiliser la Russie. Il organise régulièrement des rallies en compagnie des autres Loups de la Nuit pour promouvoir le patriotisme russe et le christianisme orthodoxe, à coups de pèlerinages ronflants vers les grandes églises et les sites sacrés. Il a fait le vœu de défendre le Kremlin des manifestants inspirés par Maïdan, et a juré de mourir pour Vladimir Poutine, le président du pays. L’une de ses citations est restée célèbre : « Chaque lieu où se trouvent les Loups de la Nuit doit être considéré comme russe. »

Récemment, le club a organisé un rally anti-OTAN de trois jours en Slovaquie. Ces derniers temps, il a également pris goût à l’apologie de Staline. Les journalistes occidentaux ont affublé les Loups de la Nuit du surnom de « Hells Angels de Russie », ou encore de « pivot crucial du soft power russe », en raison de leur patriotisme musclé. Fin février 2014, alors que la Russie tentait de récupérer la péninsule de Crimée à l’Ukraine, le Chirurgien s’est rendu sur les lieux du conflit par avion. Le jour de son arrivée, les Loups de la Nuit s’affairaient déjà aux côtés des milices pro-Russes, mettant en place des barrages routiers à Sébastopol. En mars, le gouvernement des États-Unis affirme qu’ils ont pris d’assaut un complexe naval. Le Chirurgien aurait personnellement supervisé la coordination de la confiscation d’armes ukrainiennes par les forces russes.

ulyces-putinbikers-02

Le Chirurgien et Vladimir Poutine à un rassemblant des Loups de la Nuit
Crédits : Ronald Chopper/Facebook

Le 18 mars 2014, la Russie a officiellement annexé la péninsule. Que le Chirurgien ait agi de sa propre initiative ou sur ordre d’officiels russes reste indéterminé. Mais il semble hautement improbable que le Kremlin n’autoriserait pas, du moins tacitement, une opération de telle importance (le Chirurgien a reçu, peu de temps après, une médaille pour la « libération de la Crimée et Sébastopol » à Moscou, d’après les médias russes). Après l’étendue du conflit dans l’est de l’Ukraine quelques semaines plus tard, les Loups de la Nuit ont envoyé un de leurs chapitres rejoindre les milices pro-Russes pour combattre l’armée ukrainienne – un conflit écrasant qui se poursuit encore aujourd’hui, ayant déjà fait près de 8 000 morts. Les Loups de la Nuit ont mis en place des convois humanitaires dans la région et, pour ce que j’ai pu constater par moi-même, servent de police à Louhansk, l’une des deux républiques séparatistes autoproclamées. « Pour la première fois, nous avons fait montre de résistance face au satanisme mondial, à la sauvagerie grandissante de l’Europe occidentale, à la course au consumérisme reniant toute spiritualité, à la destruction des valeurs traditionnelles, à cette démocratie américaine », a fièrement déclaré le Chirurgien au mois de mars. La rhétorique utilisée par le gang fait écho à la fois à une vague montante de nationalisme en Russie et à un virage serré vers la droite dans la politique du pays. Sous le règne de Poutine, le Kremlin a fait emprisonner des journalistes et des représentants de l’opposition, banni la « propagande homosexuelle » et mis en place un système d’ersatz de partis politiques qui permet l’illusion d’une autonomie gouvernementale. Il a déployé tout l’attirail de sa propagande – des radios et journaux, mais surtout la télévision, contrôlés par l’État – pour attiser une ferveur patriotique. « La Russie est comme le Royaume des miroirs déformants », m’a un jour expliqué un Moscovite libéral, faisant référence à un conte de fée datant de l’ère soviétique, dans lequel un roi utilise des miroirs déformants pour laver le cerveau de son peuple. Le Chirurgien et ses Loups de la Nuit ont proliféré dans cet écosystème nationaliste. Le club a affirmé avoir reçu plus d’un million de dollars en subventions de la part du Kremlin en soutien aux actions patriotiques du groupe, telles que le show de motos à Sébastopol. En plusieurs occasions, Poutine a lui-même enfourché une Harley à trois roues et roulé aux côtés du Chirurgien.

En 2013, il a récompensé le chef des Loups de la Nuit par l’ordre de l’Honneur pour « son éducation patriotique de la jeunesse ». En juin, la presse russe a annoncé qu’un cosmonaute emmènerait l’emblème du club dans l’espace. D’après Mark Galeotti, un expert de la Russie et professeur à l’université de New York, Poutine a fait des membres du club des « auxiliaires de l’État » dans l’optique d’une tentative plus large de transformer ses adversaires potentiels en alliés dociles. Bien qu’exactes, ces assertions ne permettent que très peu de comprendre comment un gang de motards autrefois à contre-courant en est venu à exercer un travail de telle puissance et de telle envergure dans la Russie actuelle et, à présent lâché dans la nature, ce qu’il espère accomplir.

ulyces-putinbikers-03

Au Bikeshow de Sebastopol
Crédits : Ronald Chopper/Facebook

« Nous sommes l’armée de Russie », me dit le Chirurgien. Mais il poursuit : « Je ne veux pas rencontrer d’étrangers, étant donné qu’ils n’écrivent rien de bon. » (Il avait accepté d’être interviewé à contrecœur, après qu’un membre moscovite du groupe lui a fourni une recommandation.) « Je serai toujours mauvais à leurs yeux. Je suis mauvais, je suis de la bande à Poutine… Qu’ils aillent se faire foutre. En attendant, cette bande est accueillie avec des fleurs. Vous verrez comme nous serons acclamés à Sébastopol. » Le Chirurgien conduit doucement une voiturette de golf vers un immeuble en béton de quatre étages, abandonné – le quartier général du chapitre local – et disparaît à l’intérieur. Il est attendu sur un vol vers Moscou en première classe dans deux heures. Très vite, le chef des Loups de la Nuit réapparaît, tout vêtu de la panoplie complète du motard : bottines noires, pantalon noir, blouson noir portant l’emblème du club – une tête de loup enflammée. Dmitry Simichein, le chef de ce chapitre de Sébastopol, fait entrer le Chirurgien dans un pick-up « personnalisé » et nous filons vers l’aéroport. À dix minutes de l’endroit, le moteur du pick-up se noie. Simichein continue à l’épaule.

En Occident, le Chirurgien a atteint le statut de paria hors-la-loi – les États-Unis l’ont récemment placé sur la liste des sanctions internationales, mentionnant les liens étroits entre le club et les services spéciaux russes, ainsi que son implication dans le conflit ukrainien – mais certains Criméens le considèrent apparemment comme un héros. Une femme, accompagnée d’une jeune fille, reconnait immédiatement notre célèbre passager. « Regarde qui est là ! » s’exclame-t-elle en russe, se pressant à la fenêtre de la voiture. « Les Loups de la Nuit ! Le Chirurgien ! » En totale admiration, la femme demande de garder un souvenir. « C’est pas tous les jours que j’aurai la chance de pouvoir faire une photo avec une telle personne », s’extasie-t-elle. Souriant vaillamment, le Chirurgien prend la pose avec les deux femmes. « Tous nos vœux de santé à votre patriotisme ! » dit la femme avant notre départ. « De la part de tout Sébastopol, de la Crimée ! »

Le Chirurgien

Nés de la scène anarchique moscovite underground des années 1980, les Loups de la Nuit étaient à l’origine un rassemblement informel de métalleux et de motards, se réunissant dans la chaufferie d’un immeuble à appartements à Moscou. La politique de la perestroïka de Mikhail Gorbatchev avait commencé à relâcher les rênes soviétiques : de la musique occidentale, des drogues et une philosophie de rébellion à contre-courant s’insinuaient dans la capitale. Les membres du groupe savouraient cette liberté nouvelle. Ils cuvaient leur alcool dans les rues de Moscou, sur des Dieprs soviétiques et des Jawas tchèques décrépites. Ils harcelaient la police et se bagarraient avec les « Lyubers », des bodybuildeurs issus de la classe ouvrière d’un quartier proche. Ils ont pris part à des groupes de rock locaux. « On se rassemblait toutes les nuits, entre 50 et 100 motos », m’a raconté Ed Ratnikov, un ami proche du Chirurgien à cette époque. « T’imagines ? La police routière se faisait dessus. »

ulyces-putinbikers-04

Zaldostanov à la fin des années 1980
Crédits : Andreï Orlov

Le clan des Loups de la Nuit comptait parmi ses premiers membres un musicien, un mécanicien et un kinésithérapeute. Zaldostanov effectuait sa résidence en tant que chirurgien-dentiste dans une clinique de Moscou, et développait sa double vie : il sortait toute la nuit, puis rentrait par la fenêtre de derrière pour passer du cuir à la blouse blanche. (Roos Turin, l’un des autres pères fondateurs de la scène motarde moscovite de l’époque, affirme que Zaldostanov voulait, à la base, se faire appeler « Le Dentiste », mais qu’il a ensuite estimé que ce n’était pas assez menaçant.)

Dès le début, le club s’occupait de la sécurité de groupes locaux et gérait la protection de petits boulots au marché noir, en espérant éviter les fouilles de la police et des gangsters – une tâche que le Chirurgien entreprenait bénévolement. « Nous étions des Robin des Bois », dit-il aujourd’hui. « Plusieurs activités commerciales émergeaient – des petites boutiques, des magasins… – et nous les protégions comme des amis, mais c’est vite devenu un business. Ils ne voulaient plus que les Loups de la Nuit, puisque nous étions les meilleurs. » Au début des années 1990, le Chirurgien, charismatique et ambitieux, s’est intronisé chef des Loups de la Nuit. Il était considéré comme le « Roi de la scène moscovite » d’après Hilary Pilkington, une sociologue britannique spécialiste de la contre-culture de cette ville. Le Chirurgien a voyagé de Moscou à Berlin-Ouest, où il avait trouvé du travail en tant que videur au Sexton, une célèbre boîte rock en ville. Il vivait dans un squat et s’est rapidement marié avec une Allemande (ils se sont ensuite séparés). Il se délectait de l’underground bruyant et sans limites de Berlin, et s’est initié au monde des motards auprès de membres du chapitre local des Hells Angels. « Il adorait la sensation de liberté ici », a récemment raconté le précédent patron du Sexton à un journaliste. « C’était un punk dans l’âme. » Par chance, Vladimir Poutine, futur président de Russie et véritable patron des Loups de la Nuit, travaillait comme agent intermédiaire du KGB de l’autre côté du Mur, à Dresde.

Vers 1991, les Loups de la Nuit ont commencé à se débarrasser de leurs origines hors-la-loi. Au mois d’août, des membres ont aidé au maintien de barricades contre des tanks encerclant le Parlement russe – un coup d’État raté, fomenté par des tenants de la ligne « dure » au sein du Parti communiste contre les réformes de Gorbatchev. Son successeur, Boris Eltsine, récompensa le Chirurgien d’une médaille pour ses efforts (un honneur qu’il abhorre aujourd’hui). Peu de temps après, les Loups de la Nuit ont engagé un manager, et on leur a proposé d’apparaître dans des campagnes publicitaires. « Dès 1991, Khirurg (le Chirurgien) lui-même était plus susceptible d’être vu dans des programmes télévisés pour les jeunes, dans des clips vidéos et dans les journaux qu’à ses anciens lieux de sortie privilégiés », écrit Pilkington. La transition de la Russie vers une économie de marché occidentale dans les années 1990 a provoqué un chômage généralisé et permis l’avènement du crime organisé pour une bonne partie de la décennie suivante. Les Loups de la Nuit, en revanche, sont parvenus à s’étendre. En 1992, le Chirurgien a ouvert le Sexton à Moscou, une boîte rock ayant pour modèle son ancien repaire de Berlin-Ouest. Trois ans plus tard, les Loups de la Nuit possédaient un salon de tatouage, un magasin de motos et une ligne de vêtements à l’effigie du club. Leur premier show de motos annuel a attiré plusieurs milliers de fans. « Parfois, je revois la table chirurgicale dans mes rêves », me confie le Chirurgien. « Mais je sais aujourd’hui que je fais exactement ce que Dieu m’a réservé. D’une certaine façon, je paie ma dette. Je n’ai jamais été aussi heureux que lorsque j’avais ma première moto, une Jawa. »

ulyces-putinbikers-05

Devant l’entrée du Sexton
Crédits : YouTube

Les clubs de motos sont souvent un curieux mélange de défiance antisociale et de gouvernance démocratique, avec des membres prenant les décisions sur la base d’un système de vote. Vers la moitié des années 1990, le Sexton de Moscou a brûlé, et le Chirurgien, par le biais de deux compagnies qu’il possédait, a pu acquérir deux bâtiments en périphérie de la ville, pouvant servir de nouveaux quartiers généraux au club. D’après la journaliste russe Nataliya Telegina, qui a fait de nombreuses recherches sur la question, beaucoup de membres pensaient que les nouveaux locaux seraient des biens collectifs. Mais le Chirurgien s’en est octroyé la propriété exclusive, m’explique-t-elle. Un ancien membre affirme que le Chirurgien a également réécrit la charte du club, créant ainsi une structure centralisée lui octroyant plus de pouvoirs. « C’était comme la période d’Hitler en Allemagne : Hitler a accédé au pouvoir démocratiquement », décrit Ivan, un membre du chapitre moscovite des Hells Angels. « La même histoire s’est déroulée chez les Loups de la Nuit. Ce que Khirurg attendait du club, c’était un statut spécial pour avoir non pas un vote, non pas deux votes, mais d’avoir LE vote pour prendre n’importe quelle décision. » (Un porte-parole du club rejette ces déclarations, affirmant que le Chirurgien est « très démocratique ».) Ivan, un Ange plutôt râblé qui se fait appeler Hippo, ainsi qu’un autre membre du nom de Sascha, ont accepté une rencontre dans un restaurant au centre de Moscou. Tous deux étaient membres des Loups de la Nuit, et tous deux les ont quittés en 2001, outrés par ce qu’ils ont observé de la mégalomanie croissante du Chirurgien. Aux côtés de huit autres membres des Loups, les deux hommes ont formé le chapitre des Hells Angels à Moscou. Le Chirurgien semble s’être largement inspiré du modèle du club occidental pour fonder les Loups de la Nuit : très tôt, ils étaient régis par une traduction russe mot pour mot de la charte des Hells Angels. Mais il est désormais devenu un fervent détracteur de ces clubs dits hors-la-loi. Dans la presse russe, il les appelle « dealers d’armes », « démons » et « cartels de la drogue sur roues ».

En juin, le Chirurgien a demandé au Parlement d’inclure les Bandidos et les Hells Angels à la liste des organisations étrangères indésirables du gouvernement. ulyces-putinbikers-06Depuis le départ d’Ivan et de Sascha, les Loups de la Nuit ont complètement abandonné leur passé underground. Il y a eu les apparitions du Chirurgien avec Poutine et les subventions du Kremlin, mais aussi des rallies réguliers sur des sites religieux orthodoxes. Il y a eu une compagnie de holding, « Loup », fournissant sécurité et projet d’une compétition pour les jeunes. Ce dernier combine des motos et des éléments de « combat dans des immeubles en ruines, des arts martiaux, avec possession d’armes à feu et d’objets tranchants ». En janvier, le Chirurgien a aidé à la création d’Anti-Maïdan, un groupe patriotique visant à contrer tout mouvement pro-démocratique susceptible de s’installer en Russie. « On ne les considère pas comme un club de bikers », s’énerve Ivan. « Nous ne sommes pas des organisations politiques. Il existe une phrase bien connue en Russie : “Si tu entends le mot patriotisme, cela signifie que quelqu’un vole quelque chose.” » « Quelqu’un de perspicace a déclaré qu’un esprit tordu est un terreau fertile à la création de monstres », poursuit Ivan. « Le Chirurgien voulait être numéro un. Dans sa tête, il se voit comme le mec qui a plus d’opportunités, plus d’argent, plus d’influence ou plus de pouvoir. Il a donc commencé à construire son propre monde, et il y est parvenu. Il est devenu le ministre du culte de la moto. »

LISEZ LA SUITE DE L’HISTOIRE ICI


Traduit de l’anglais par Nathalie Delhove d’après l’article « Putin’s Angels: Inside Russia’s Most Infamous Motorcycle Club », paru dans Rolling Stone. Couverture : Le Chirurgien et ses hommes (ITAR-TASS/Scanpix). Création graphique par Ulyces.


CES BIKERS RUSSES FONT LA GUERRE DANS LE DONBASS

ulyces-putinbikers-couv2