Depuis que le Qatar a commencé le chantier de la Coupe du monde 2022, de nombreuses polémiques ont éclaté concernant le sort réservé aux ouvriers étrangers. En réalité, plus de 6 500 travailleurs venus d’Inde, du Pakistan, du Népal, du Bangladesh et du Sri Lanka sont morts dans le pays depuis l’annonce de l’événement, révèle le Guardian ce 23 février.

Multiples blessures contondantes dues à une chute de hauteur, asphyxie due à la pendaison, cause indéterminée de décès par décomposition… le bilan qatari est lourd et sombre. Mais parmi les causes de décès, la plus courante est de loin la « mort naturelle », souvent attribuée à une insuffisance cardiaque ou respiratoire aiguë. 69 % des décès parmi les travailleurs indiens, népalais et bangladais sont ainsi classés comme naturels.

Les chiffres obtenus par les journalistes, compilés à partir de sources gouvernementales, montrent qu’en moyenne, 12 travailleurs migrants de ces cinq pays d’Asie du Sud sont morts chaque semaine depuis décembre 2010. Il faut dire que le Qatar s’est lancé dans un programme de construction sans précédent, en grande partie en préparation du tournoi. Outre sept nouveaux stades, des dizaines de projets de construction majeurs ont été achevés ou sont en cours, dont une nouvelle ville qui accueillera la finale de la Coupe du monde.

Bien que les registres de décès ne soient pas classés par profession ou lieu de travail, il est probable que de nombreux travailleurs décédés aient été employés sur les projets de la Coupe du monde, explique Nick McGeehan, directeur de FairSquare Projects, un groupe de défense des droits du travail dans le Golfe. « Une proportion très importante des travailleurs migrants décédés depuis 2011 ne se trouvaient dans le pays que parce que le Qatar a gagné le droit d’accueillir la Coupe du monde », assure-t-il.

Seuls 37 décès ont directement été liés à la construction des stades, dont 34 sont classés comme « non liés au travail » par le comité d’organisation de l’événement. Mais les experts remettent en question l’utilisation de ce terme car, dans certains cas, il a été utilisé pour décrire des décès survenus au travail, y compris un certain nombre de travailleurs qui se sont effondrés et sont morts directement sur les chantiers. Les conditions de travail sous des chaleurs extrêmes sont notamment mises en causes par les observateurs.

Ce rapport révèle l’incapacité du Qatar à protéger ses deux millions de travailleurs étrangers, ou même à enquêter sur les causes du taux de mortalité apparemment élevé parmi les jeunes travailleurs. Malgré ces chiffres ahurissants, le nombre total de morts doit être nettement plus élevé, car ils n’incluent pas les décès d’un certain nombre de pays de pays comme les Philippines et le Kenya, qui ont envoyé un grand nombre d’ouvriers au Qatar. Les décès survenus dans les derniers mois de 2020 ne sont pas inclus non plus.

Source : The Guardian