Crédits : FIDH

Depuis la province de Mondol Kiri, à l’est du Cambodge, neuf agriculteurs ont parcouru près de 10 000 km pour se présenter devant de tribunal de grande instance de Nanterre. En ces premiers jours d’octobre 2019, ils accusent le géant français Bolloré de leur avoir pris leurs terres, rapporte Le Monde.

La procédure a été lancée à l’été 2015 par 51 membres de la minorité Bunong. Ils sont aujourd’hui 80 à attaquer en justice la Socfin-KCD, une filiale de la Socfinasia dont le groupe Bolloré est actionnaire à près de 39 %, et la Khao Chuly, une entreprise de construction proche du pouvoir cambodgien. Selon eux, ces deux groupes ont mis la main illégalement sur 7 000 hectares de forêts en 2008, avec l’aide du gouvernement. De nombreuses associations dénoncent l’opération.

Les plantations d’hévéas ont entraîné leur déplacement, la destruction de leur habitat naturel, de leurs moyens de subsistance, de leurs lieux de culte et celle d’arbres centenaires considérés comme des divinités. « J’ai perdu ma terre à cause de l’investissement de Socfin », déplore la plaignante Sorng Prou. « La compagnie n’a pas respecté nos droits ni obtenu le consensus des villageois. Je veux récupérer ma terre et qu’on répare ce qui a été détruit. Avant, je vivais heureuse, mais depuis, on a perdu nos occupations traditionnelles, et on a peur quand on va dans la forêt. »

Les avocats des sociétés mises en causes disent réclamer « depuis deux ans et demi » des documents établissant « l’identité et les titres de propriété » des plaignants. Ces derniers assurent disposer des documents juridiques associés à leurs terres. Le jugement a été mis en délibéré au 8 novembre prochain.

Source : Le Monde