Crédit : Erik Frank « À l’aide ! » crie une fourmi blessée, gisant sur le champ de bataille. On ne l’entend pas de vive voix bien sûr, mais l’insecte estropié produit une phéromone qui a l’effet d’une fusée de détresse pour ses camarades alentours, qui cavalent en rangs serrés vers le front. Quelques instants plus tard, une fourmi soldat répond à l’appel désespéré, transportant le blessé en sûreté à la base, loin des combats qui font rage au dehors. Cette scène est bien réelle. Elle a été observée à de multiples reprises lors de 54 assauts d’une colonie de fourmis sur des termitières, par des scientifiques de l’université allemande de Würzburg, au parc national de Comoé en Côte d’Ivoire. Leurs conclusions ont été publiées le 12 avril dans la revue Science Advances. Pas d’emballement, ce comportement n’a rien à voir avec le courage exceptionnel dépeint dans le dernier film de Mel Gibson ; les fourmis n’agissent pas par bonté d’âme. L’équipe de scientifiques a en effet observé que les insectes blessés retournaient presto au combat, une fois leurs blessures « pansées ». Même amputée de plusieurs membres, une fourmi secourue est capable de remarcher aussi vite qu’avant ses blessures quelques heures après avoir été mise à l’abri. L’espèce observée, Megaponera analis, vit dans toute l’Afrique sub-saharienne et se nourrit exclusivement de termites. Plusieurs centaines d’individus partent ainsi à l’assaut des termitières pour les exterminer. La fourmilière a besoin de sa chair à canon pour conduire ses raids terrifiants. Les scientifiques ont conclu que 95 % des fourmis sauvées retournaient en pleine forme au combat quelques heures après, parfois moins. « C’est un comportement inédit et totalement inattendu », a confié le directeur de la recherche Erik Frank au magazine New Scientist. Sources : New Scientist/Science Advance