Le laser Diocles — Crédits : UNL Le laser Diocles est aussi brillant qu’un milliard de soleils. Un nombre astronomique qui aurait fait tourner la tête du mathématicien grec de l’Antiquité auquel il doit son nom, Dioclès, auteur d’un traité sur des « miroirs ardents » géants, capables de concentrer suffisamment la lumière pour enflammer les flottes ennemies. Ce n’est cependant pas là le but du laser mis au point par des chercheurs de l’université du Nebraska à Lincoln (UNL), aux États-Unis. Ils ont annoncé lundi 26 juin avoir créé la lumière la plus brillante du monde grâce à leur incroyable dispositif. « Lorsque nous avons cette lumière inimaginablement brillante, il apparaît que la dispersion des photons – cette chose fondamentale qui rend notre environnement visible – change fondamentalement de nature », a déclaré Donald Umstadter, physicien au laboratoire de lumière extrême de l’UNL, dans un communiqué. Conséquence ? Le laser Diocles pourrait ouvrir la voie à la prochaine génération de technologies à rayons X. Ou à des armes de destruction massive ? Crédits : UNL Pour mesurer l’importance du travail d’Umstadter et son équipe, il faut savoir schématiquement comment fonctionne la lumière en temps normal. Quand les photons d’une source de lumière comme le Soleil ou une ampoule touchent un objet, ils entrent en interaction avec les nuages d’électrons qui entourent les noyaux des atomes qui composent cet objet. Plus précisément, lorsque les photons rencontrent ces particules chargées négativement, ils sont dispersés selon le même angle et avec la même énergie qu’ils possédaient avant de frapper les électrons. C’est cette interaction entre photons et électrons qui nous permet de voir les objets. Mais les chercheurs de l’UNL ont découvert qu’avec une lumière à ultra-haute intensité, l’angle et la longueur d’onde des photons sont bouleversés après avoir touché les électrons, explique  Motherboard. Ce qui signifie que l’objet change aussi d’apparence, en plus de devenir plus brillant. Dans le cadre de l’expérience du laboratoire de lumière extrême, chaque électron n’est pas bombardé par un seul photon mais par mille, à chaque pulsation du laser qui dure environ 30 milliardièmes d’un millionième de seconde. Ça va un peu vite. Et lorsque le laser frappe les électrons, d’une lumière un milliard de fois plus intense que celle qui règne à la surface du Soleil, le mouvement naturel des électrons est totalement perturbé. Évidemment, cette prouesse technologique et scientifique a un but : à moyen-terme, cette technique pourrait alimenter des appareils à rayons X autrement plus puissants que ceux d’aujourd’hui. Une telle application permettrait par exemple selon Donald Umstadter de détecter des tumeurs invisibles à l’œil des technologies actuelles. Mais les recherches du laboratoire étant officiellement sponsorisées par l’US Air Force et la Defense Threat Reduction Agency, on peut craindre qu’un jour, la puissance incommensurable du laser de l’UNL ne soit mise au service d’une invention plus proche des belliqueux miroirs de Dioclès. Source : Motherboard