Crédits : Terry Richardson L’eau a-t-elle une saveur ou est-elle dépourvue de goût, se demandait Aristote ? Depuis des millénaires, nous nous demandons si la langue des mammifères est en mesure de goûter l’eau ou si notre cerveau répond aux effets d’un aliment qu’on a goûté plus tôt. Dans une étude publiée le 29 mai dans Nature, des chercheurs de Caltech disent avoir trouvé ce qui semble être un sixième sens sur la langue ayant évolué pour percevoir l’eau. Les cartes sont rebattues. « La langue peut détecter différents facteurs nutritifs clés, appelés “savoureux”, tels que le sodium, le sucre et les acides aminés, grâce au goût », explique le chercheur principal Yuki Oka, de l’Institut de technologie de Californie. Lui et et son équipe ont trouvé des signes de récepteurs de goût sur la langue des mammifères qui semblent répondre spécifiquement à l’eau potable ordinaire. Ils ont mesuré les réponses électriques des récepteurs gustatifs sur la langue à l’eau pure ainsi qu’à un certain nombre de saveurs communes. Comme prévu, les nerfs ont répondu aux cinq goûts basiques – à savoir sucré, salé, amer, acide et umami –, mais ils ont également détecté un signal spécifiquement produit en réponse à l’eau. Les scientifiques ont ensuite décidé de désactiver les différents récepteurs gustatifs afin de voir si les souris réagissaient toujours aux arômes, même si leurs nerfs correspondant étaient bloqués. Lorsqu’ils ont essayé de bloquer chacun des cinq types de récepteurs gustatifs en réponse à l’eau, ils ont observé que la perception de l’eau et les cellules acides étaient inséparables. Afin de confirmer ces résultats, ils ont mis en place des signaux lumineux stimulant les cellules au goût acide au lieu de l’eau. Les souris ayant soif ont « bu » la lumière, trompées en pensant qu’il s’agissait d’eau. « Certaines des souris ont léché l’objet lumineux jusqu’à 2 000 fois en dix minutes afin d’assouvir leur soif. Bien que les récepteurs gustatifs dans la langue peuvent encourager le fait de boire, ils ne disent pas au cerveau quand il faut s’arrêter », signale Emily Underwood de l’université Johns-Hopkins. Il est difficile de dire avec certitude que les mêmes effets peuvent se produire sur la langue des êtres humains, mais la recherche suggère que nous avons été bien trop simplistes en ce qui concerne notre compréhension des goûts des mammifères. https://www.youtube.com/watch?v=AbOz860gRbw Crédits : Science Magazine/Youtube Source : Nature Neuroscience