Durant la guerre froide, chaque camp tentait de rompre les liaisons téléphoniques de son adversaire, pour des raisons stratégiques évidentes. Pour se prémunir d’un éventuel sabotage soviétique et assurer leurs transmissions militaires, l’armée américaine a fait appel au MIT avec une requête un peu particulière : leur mission, s’ils l’acceptaient, serait de créer un anneau de cuivre autour de la Terre et d’investir l’espace pour y installer le système de communication prévu par le « Projet West Ford ». En clair, envoyer en orbite des centaines de millions d’aiguilles de la taille d’un cheveu pour assurer la continuité des communications américaines en toute circonstance. Figurez-vous qu’ils ont réussi. Contrairement aux moyens de communication sous-marins, les transmissions radio longues distances restent peu fiables. Leurs signaux sont constamment perturbés en altitude par les rayons émis par les éruptions solaires. Mais dès 1965, les États-Unis parviennent à protéger leurs précieux échanges téléphoniques en créant un bouclier artificiel autour de la Terre. Pour y parvenir, ils éparpillent plus de 480 millions d’aiguilles de cuivre dans l’espace. En quelques jours, celles-ci se dispersent, réfléchissent les rayons perturbateurs et consolident avec succès le dispositif de communication de l’armée américaine. Bien que fonctionnel, ce projet ingénieux est cependant rapidement devenu inutile. Au même moment, la mise en orbite des premiers satellites de télécommunication rend obsolètes les systèmes radio. Abandonné, le projet West Ford laisse néanmoins des traces derrière lui. Aujourd’hui encore, une partie des aiguilles tourbillonnent toujours dans l’espace, l’autre est retombée sur Terre, cachée sous la neige des pôles. Source : The Harvard Crimson