En l’espace de huit jours, le Pérou a changé trois fois de président. L’ancien président élu, Martín Vizcarra, était le leader populaire de la lutte contre la corruption, mais il a été démis de ses fonctions par le parlement, qui a choisi Manuel Merino pour le remplacer. Accusé de prise de pouvoir anticonstitutionnelle par le peuple dont il a violemment réprimé la colère, Merino a finalement démissionné après cinq jours. 24 heures après, le Congrès a finalement accepté de nommer à la tête de l’État Francisco Sagasti, un législateur progressiste qui s’était opposé à l’éviction de Vizcarra, rapportait Vice le 17 novembre.

La semaine dernière, après que le Congrès a destitué Vizcarra pour mettre fin à ses allégations de corruption au sommet de l’État, les citoyens péruviens sont descendus dans la rue pour manifester leur colère, depuis les quartiers chics de Lima jusqu’aux communautés isolées des Andes et de l’Amazonie.

L’éviction de Vizcarra a eu lieu malgré le soutien massif de l’opinion publique, les sondages montrant que quatre Péruviens sur cinq y étaient opposés. Les réformes anti-corruption qu’il a fait voter à un Congrès récalcitrant comprenaient notamment l’interdiction des candidats politiques ayant été condamnés par le passé, l’obligation pour les partis d’avoir un nombre égal de candidats masculins et féminins, et la fin des réélections consécutives.

Mais alors que Merino venait d’être choisi comme son successeur, d’immenses manifestations ont eu lieu dans le tout le pays. Des manifestations plutôt pacifistes jusqu’à ce que la police prenne pour cible les protestataires avec des armes à feu. Cette nuit-là, Inti Sotelo, 24 ans, et Jack Pintado, 24 ans, ont été tués dans le centre-ville de Lima. On dénombrait également une centaine de blessés et une dizaine de disparus, qui n’ont pas encore refait surface.

Si bien que cinq jours après sa prise de poste, dimanche dernier, Merino a annoncé sa démission, après que plus de la moitié de son cabinet a démissionné dans la nuit et que les chefs des forces armées ont refusé de participer à une réunion d’urgence qu’il avait convoquée dans le palais présidentiel.

Dès lundi, le même Congrès, qui avait voté une semaine plus tôt la destitution de Vizcarra, a cédé à la vague d’indignation publique et finalement accepté de remplacer Merino par Francisco Sagasti jusqu’aux élections générales de l’année prochaine. Considéré comme distingué, transparent et intellectuel, Sagasti, ancien ingénieur de 76 ans, apparaît comme l’antithèse de Merino. Il a prêté serment hier, le 17 novembre, en appelant à la justice et à la réconciliation nationale.

Source : Vice