La présence de traces d’antidépresseurs dans les rivières pose un sérieux problème pour les animaux aquatiques qui y sont exposés. Une équipe internationale de biologistes explique dans une nouvelle étude, relayée par National Geographic le 15 juin, qu’ils affectent notamment le comportement des écrevisses, qui n’ont plus peur de rien.

La journée type d’une écrevisse se divise entre quêtes prudentes de nourriture et jeu de cache-cache prolongé avec leurs prédateurs. Pour peu qu’elles soient en train de muer, elles peuvent rester tapies sous le sable pendant des jours. Mais depuis qu’elles absorbent des résidus de citalopram, un antidépresseur vendu en France sous le nom de Seropram, les écrevisses des eaux de Floride sont beaucoup moins résolues à se cacher. Et cette témérité nouvelle pourrait menacer leur existence.

« Cela nous a surpris de voir à quel point leur comportement a changé », confie la biologiste de l’université de Floride Lindsey Reisinger, coauteure de l’étude. Elle déplore que le traitement des eaux usées laisse passer ces résidus d’antidépresseurs conçus pour les humains, car à défaut de calmer leurs crises d’angoisse, ils éliminent toute peur chez les crustacés, qui ne songent même plus à se protéger de leurs prédateurs.

D’après les observations des chercheur.euse.s, les écrevisses exposées au citalopram sont presque deux fois plus promptes à quitter leur abri à la recherche de nourriture que les animaux non-exposés. À terme, ces comportements pourraient bouleverser les écosystèmes aquatiques, car la présence des écrevisses permet aux nutriments déposés au fond de l’eau de se déplacer et de favoriser la croissance de toutes sortes d’algues.

Les scientifiques craignent évidemment que l’impact du citalopram ne se fasse pas sentir uniquement chez les écrevisses. La présence accrue d’antidépresseurs dans l’eau « va constituer un véritable défi pour de nombreux organismes dont la neurochimie est affectée par ces modulateurs », prédit Trevor Hamilton, chercheur à la MacEwan University d’Edmonton, au Canada. Hélas, une modernisation globale des centres de traitement des eaux usées n’est pas près d’arriver.

Source : National Geographic