Dans un article publié sur le site de l’université Cornell le 4 août dernier, le physicien américain Vitaly Vanchurin tente de recadrer la réalité en suggérant que nous vivons à l’intérieur d’un énorme réseau neuronal qui régit tout ce qui nous entoure.

Depuis des décennies, les physiciens tentent de concilier mécanique quantique et relativité générale pour saisir la nature de la réalité. La première postule que le temps est universel et absolu, tandis que la seconde soutient que le temps est relatif, lié au continuum espace-temps.

Dans son article, Vanchurin soutient que les réseaux neuronaux artificiels « présentent des comportements approximatifs » de ces deux théories universelles. La mécanique quantique étant « un paradigme remarquable pour modéliser des phénomènes physiques à toutes les échelles », écrit-il, « on a tendance à penser qu’au niveau le plus fondamental, l’univers entier est régi par les règles de la mécanique quantique. Même la gravité doit probablement en émaner, d’une façon qui nous échappe. »

Le physicien ne dit pas simplement que les réseaux neuronaux artificiels peuvent être utiles pour analyser les systèmes physiques ou percer les secrets des lois physiques, il affirme « que le monde qui nous entoure fonctionne comme un réseau de neurones artificiel », dit-il. Une affirmation si audacieuse qu’elle fait hausser les sourcils de ses pairs, mais qui mérite qu’on s’y attarde.

« L’idée est clairement dingue », admet-il volontiers. « Mais est-elle assez folle pour être vraie ? Ce n’est pas impossible. » C’est en étudiant les modèles de deep learning que le scientifique a été frappé par leur ressemblance structurelle avec ce que nous savons – ou devinons – du fonctionnement de l’univers. Ainsi, l’hypothèse que nous vivons au sein d’un réseau de neurones artificiels n’exclue pas les théories universelles comme celles de la relativité, de la mécanique quantique ou de l’évolution.

« Il y a des structures (ou sous-réseaux) du réseau neuronal microscopique qui sont plus stables, et d’autres structures qui sont moins stables », explique Vanchurin. « Les structures les plus stables survivent à l’évolution, et les structures les moins stables sont exterminées. Aux échelles les plus petites, la sélection naturelle produit des structures très peu complexes comme les chaînes de neurones, mais plus l’échelle est grande et plus les structures sont complexes. Je ne vois aucune raison pour que ce processus soit confiné à une échelle particulière, j’affirme donc que tout ce que nous voyons autour de nous est le produit de la sélection naturelle. » Et voilà le travail.

Quant à savoir si nous vivons dans une simulation, le physicien a un avis bien tranché : « Non. Nous vivons dans un réseau de neurones artificiels, mais nous ne comprendrons peut-être jamais la différence. » Comme nous ne comprendrons peut-être jamais Vitaly Vanchurin.

Source : Université de Cornell