Vladimir Poutine a reconnu l’indépendance des territoires séparatistes prorusses de Louhansk et de Donetsk en Ukraine. Il a ordonné à son armée de pénétrer sur ces territoires afin d’y « maintenir la paix », dans un discours diffusé à la télévision russe ce lundi soir. Cela laisse craindre une occupation de la région, et l’éclatement d’un conflit militaire ouvert avec l’Ukraine, relate le Guardian le 21 février.

Alors que les tensions entre la Russie et l’Ukraine se multipliaient à mesure que les deux camps ne parvenaient pas à trouver de solution diplomatique, le président russe est passé à l’étape supérieure ce lundi soir. Il s’est mis en scène à la télévision d’État en train de signer un décret présidentiel visant à reconnaître les territoires séparatistes prorusses de Louhansk et de Donetsk comme « indépendants ». Problème : l’Ukraine se considère souveraine sur ces territoires de l’est du pays, sur lesquels l’armée russe a désormais reçu l’ordre de « maintenir la paix ». Derrière cette formulation, l’Ukraine craint plutôt une invasion, que les 190 000 soldats russes massés près de leurs frontières seraient en mesure de mener. Certains considèrent même cette invasion déjà amorcée, et des Ukrainiens ont déclaré avoir vu des véhicules blindés russes en mouvement à 15 km à l’ouest de Donetsk.

Dans son allocution d’un peu moins d’une heure, Vladimir Poutine s’est ainsi montré très clair : « Ceux qui ont pris le chemin de la violence, du bain de sang et de l’anarchie n’ont pas reconnu et ne reconnaissent pas d’autre solution au problème du Donbass que la voie militaire », a-t-il déclaré. « Je pense donc qu’il est nécessaire de prendre une décision attendue depuis longtemps pour reconnaître immédiatement l’indépendance et la souveraineté de la République populaire de Donetsk, et de la République populaire de Louhansk. » L’Ukraine à quant à elle répondu en affirmant logiquement qu’elle contesterait toute décision russe de revendiquer ces territoires.

Face à ce qui ressemble à une déclaration de guerre, le bloc occidental a immédiatement condamné les propos du président russe. Alors qu’un sommet diplomatique entre Biden et Poutine était envisagé il y a quelques jours encore, la porte-parole de la Maison-Blanche Jen Psaki a finalement déclaré que les États-Unis annonceront des sanctions « liées à la violation flagrante des engagements internationaux de la Russie, proportionnelles aux propos tenus par la Russie ». De telles dénonciations ont été reprises par les dirigeants de l’Union européenne, de l’OTAN ou encore du Royaume-Uni. Tous dénoncent une violation du droit international par la Russie.

L’heure est donc à l’inquiétude en Ukraine, où la crainte d’une invasion n’a jamais été aussi forte. Andriy Zahorodniuk, ancien ministre de la Défense ukrainien, souligne effectivement que toute tentative russe d’aller plus loin que les territoires déjà contrôlés aujourd’hui par les séparatistes prorusses entraînerait une guerre totale avec l’Ukraine. « Ce serait une agression violente directe de la Russie contre l’Ukraine. Il y aurait une guerre », a-t-il déclaré. Incapable d’apaiser les tensions jusqu’à présent, reste à voir si finalement la diplomatie internationale saura éviter le pire. Un conseil de sécurité de l’ONU, demandé par la France, devrait se réunir en urgence.

Source : The Guardian