La compagnie pétrolière française Total connaît depuis 40 ans le danger des énergies fossiles, révèle Libération ce 20 octobre. Total aurait sciemment minimisé l’impact de ces énergies sur le climat.

Un article scientifique paru le 20 octobre dans la revue Global Environmental Change met à mal le groupe Total. L’article explique que le groupe pétrolier français avait entièrement conscience des conséquences désastreuses de ses activités pour le climat depuis 1971, mais a entretenu le doute à la fin des années 1980, à l’instar de firmes comme Exxon. Ils auraient, par la suite, tenté de freiner les efforts faits pour limiter l’utilisation d’énergies polluantes. C’est la conclusion qu’ont tiré Christophe Bonneuil, directeur de recherche au CNRS, Pierre-Louis Choquet, sociologue à Sciences po, et Benjamin Franta, chercheur en histoire à l’université Stanford, après avoir étudié des documents internes de la compagnie.

En 1971, une publication dans la revue de Total expliquait le risque que présente la combustion d’énergies fossiles, qui entraîne « la libération de quantités énormes de gaz carbonique » et donc son augmentation dramatique dans l’air. Mais le groupe ne s’est pourtant jamais exprimé publiquement sur ce sujet, alors qu’il qualifiait l’augmentation d’ « assez préoccupante » dès 1971. « La nouveauté est qu’on pensait que seul Exxon et les groupes américains étaient dans la duplicité. On s’aperçoit que nos champions pétroliers français ont participé à ce phénomène au moins entre 1987 et 1994 », explique Christophe Bonneuil à l’AFP.

Total aurait donc joué à un double jeu pendant de longues années. Dans une réponse donnée à l’AFP avant que l’article ne soit publiée, le groupe a déclaré que « les dirigeants de Total reconnaissent l’existence du changement climatique et le lien avec les activités de l’industrie pétrolière » et que depuis 2015, la société a pour objectif « d’être un acteur majeur de la transition énergétique ». Après plus de cinq décennies de nuisance consciente, il serait temps.

Source : Libération