Trois mois après la publication des China Cables, une nouvelle fuite de documents expose le sort arbitraire réservé aux musulmans de Chine. Au Xinjiang, une région du nord-ouest, les Ouïghours sont enfermés dans des camps de rééducation au motif qu’ils portent la barbe, le voile ou ont fait des recherches sur des sites internet étrangers, résumait la BBC le 17 février.

Ce jour-là, 12 médias internationaux ont publié la « Karakax List », une compilation de fichiers issus de l’administration du Karakash, un district situé dans le sud du Xinjiang. On y trouve les noms de personnes internées et les raisons de leur mise au ban. Il est souvent question de comportements religieux, de liens avec l’étranger ou d’enfants trop nombreux au regard de la politique de contrôle des naissances, qui limite les accouchements à deux en ville et à trois à la campagne par foyer.

Récipiendaire de la liste de 311 noms, le chercheur allemand Adrian Zenz a passé plusieurs semaines à l’étudier avant de la partager avec 12 médias. « C’est la première fois qu’un document nous dit pourquoi les gens sont internés et pourquoi ils sont relâchés ou non », remarque-t-il. Il suffit par exemple d’avoir demandé un passeport pour la première fois, d’être en contact avec des personnes vivant à l’étranger ou de ne pas inspirer confiance aux autorités pour être mis sous les verrous. Et le simple fait d’avoir porté la barbe ou le voile peut avoir les mêmes effets, peu importe si c’était il y a des années.

Une fois dans le camp, les contrevenants doivent étudier la doctrine du parti communiste, sans jamais échapper à la surveillance. Leur libération dépend du bon vouloir des autorités. En janvier 2019, l’as­­­­so­­­­cia­­­­tion Human Rights Watch évaluait à 800 000 le nombre de personnes emprisonnées dans des camps d’en­­­­doc­­­­tri­­­­ne­­­­ment.

Source : BBC